Écrire Une journaliste qui a couvert l’épidémie de covid-19 risque de mourir en prison

La vie de la journaliste citoyenne Zhang Zhan, qui observe une grève de la faim partielle pour protester contre son incarcération, est en grave danger et sa famille s’attend à ce qu’elle ne passe pas l’hiver si elle n’est pas libérée pour raisons médicales. Sa famille a appris le 14 octobre, lors d’un appel visio que les autorités ont écourté, que Zhang Zhan avait de nouveau été entravée pendant 11 jours pour l’empêcher d’enlever sa sonde d’alimentation.

Une intervention qui viole l’interdiction absolue de la torture et des mauvais traitements en détention. Le gouvernement chinois doit libérer Zhang Zhan immédiatement afin qu’elle mette fin à sa grève de la faim partielle et reçoive les soins médicaux appropriés dont elle a désespérément besoin pour rester en vie.

Ancienne avocate, Zhang Zhan est une journaliste citoyenne qui s’est exprimée activement sur la politique et les questions liées aux droits humains en Chine. En février 2020, elle s’est rendue à Wuhan, alors l’épicentre de l’épidémie de COVID-19 en Chine. Elle a utilisé des plateformes en ligne (notamment WeChat, Twitter et YouTube) pour rendre compte de l’arrestation d’autres journalistes indépendants et du harcèlement infligé à des familles de victimes. Zhang Zhan a été portée disparue le 14 mai 2020 à Wuhan. Il est apparu par la suite qu’elle était détenue par la police à Shanghai, à plus de 640 km de là.

Zhang Zhan a pu parler à sa famille en visio le 14 octobre pendant quatre minutes et neuf secondes. La durée de ce type d’appel est fixée à 5 minutes. Elle est apparue terriblement mince et déterminée à poursuivre sa grève de la faim partielle, et sa famille s’attend à ce qu’elle ne passe pas l’hiver si elle n’est pas libérée pour raisons médicales. Elle a pu de nouveau parler à ses proches en visio le 29 octobre. Ils ont indiqué que son état s’était encore affaibli et qu’elle n’a pas la force de marcher ni de lever la tête. En outre, la coloration jaune de sa peau est le signe d’une affection potentiellement mortelle.

Zhang Zhan a entamé une grève de la faim en juin 2020 pour protester contre sa détention et clamer son innocence. Malgré sa volonté de poursuivre cette action de protestation, les autorités pénitentiaires auraient commencé à la nourrir contre son gré au moyen d’une sonde, et ses compagnes de cellule auraient également participé à son alimentation forcée. L’avocat de Zhang Zhan a indiqué qu’elle était très faible physiquement et souffrait de douleurs à l’estomac, de vertiges et de faiblesse quand elle marche. En outre, elle a été forcée de porter des entraves aux pieds et a eu les mains attachées 24 heures sur 24 pendant plus de trois mois, pour la punir de sa grève de la faim.

Le 28 décembre 2020, le tribunal populaire du nouveau district de Pudong a condamné Zhang Zhan à quatre ans de prison. Elle était accusée d’avoir « cherché à provoquer des conflits et troublé l’ordre public », accusation découlant de ses reportages sur le COVID-19. En avril 2021, sa famille a été informée qu’elle avait été transférée à la prison pour femmes de Shanghai. Zhang Zhan poursuit une grève de la faim partielle depuis son transfert en prison et ne mange que des aliments légers comme des biscuits ou du mantou (petits pains cuits à la vapeur).

Il est inquiétant de constater le nombre de décès parmi les militant·e·s chinois incarcérés, soit en détention, soit après qu’ils aient bénéficié tardivement d’une libération conditionnelle pour raisons médicales.

En juillet 2017, le militant des droits humains et lauréat du prix Nobel Liu Xiaobo est mort en détention. Les autorités avaient refusé ses demandes et celles de sa famille s’agissant de recevoir des traitements à l’étranger pour son cancer. La même année, l’écrivain chinois et détracteur du gouvernement Yang Tongyan (de son nom de plume Yang Tianshui) est décédé trois mois après sa libération conditionnelle pour raisons médicales et son opération d’une tumeur au cerveau. Cao Shunli, militante et chargée de campagne à Pékin, est morte d’une défaillance organique après des mois passés en détention en mars 2014. Elle s’est vu refuser des soins médicaux adaptés pendant son séjour en prison.

Les journalistes citoyens ont été la principale, sinon la seule, source d’informations directes, non censurées, sur l’épidémie de COVID-19 en Chine. Ils ne sont guère nombreux dans le pays, car ils ne peuvent pas obtenir d’accréditation officielle pour couvrir l’actualité. Les journalistes citoyens en Chine sont constamment harcelés et réprimés parce qu’ils publient des articles et diffusent des informations censurées par le gouvernement.

Selon de nombreuses sources, des journalistes indépendants et des militant·e·s ont été harcelés pour avoir partagé des informations relatives à l’épidémie de COVID-19 sur les réseaux sociaux. On peut notamment citer Chen Qiushi, avocat et journaliste citoyen connu pour son franc-parler, qui a affirmé avoir été harcelé par les autorités après avoir mis en ligne des séquences vidéo filmées dans des hôpitaux de Wuhan, ainsi que Fang Bin, habitant de Wuhan, brièvement détenu après avoir diffusé une vidéo montrant, semble-t-il, les corps sans vie de personnes ayant succombé au COVID-19.

L’infraction « chercher à provoquer des conflits et troubler l’ordre public » (寻衅滋事罪) est définie de manière floue et générale à l’article 293 du Code pénal chinois et est largement utilisée contre les militant·e·s et les défenseur·e·s des droits humains. Elle se limitait initialement aux actes ayant perturbé l’ordre dans des lieux publics, mais son champ d’application a été élargi en 2013, de sorte qu’Internet est aussi concerné désormais. Toute personne déclarée coupable de cette infraction encourt jusqu’à cinq ans d’emprisonnement.

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