Écrire Un défenseur des droits humains enlevé dont on est sans nouvelles

Seengar Noonari, secrétaire au Travail du Parti awami des travailleurs et militant de longue date, a été enlevé à son domicile le 26 juin 2021 à trois heures du matin, sous les yeux de sa femme et de ses trois jeunes enfants.

Quinze hommes en civil ont saccagé sa maison, puis lui ont bandé les yeux et l’ont l’emmené avec eux. L’enlèvement a eu lieu la veille d’une Journée nationale d’action organisée par le Parti awami des travailleurs pour dénoncer l’accaparement illégal de terres par des promoteurs immobiliers privés.

L’épouse de Seengar Noonari a déposé une requête auprès de la haute cour du Sind pour demander aux autorités de révéler où il se trouve et de le déférer à un tribunal civil, si elles ne le libèrent pas immédiatement.

Seengar Noonari est un militant qui se consacre au travail social et s’emploie à améliorer la situation de la population locale. Il a notamment œuvré en faveur de l’éducation des filles, appelant à la construction d’écoles publiques dans son district de Nasirabad, dans la province du Sind. Il fait également partie de groupes qui encouragent la cohésion sociale et l’harmonie entre les religions. En 2009, il a adhéré au Parti awami des travailleurs, une organisation politique qui promeut les droits des travailleurs et travailleuses, des paysan·ne·s, des étudiant·e·s, des femmes et des minorités ethniques et religieuses. Par l’intermédiaire de ce mouvement, il a fait campagne en faveur de l’amélioration des conditions de travail et, dernièrement, a mobilisé la population locale pour lutter contre l’accaparement illégal de terres par un promoteur immobilier privé. Nombre des personnes qui soutiennent Seengar Noonari pensent que c’est pour cette raison qu’il a été enlevé.

Fouzia, l’épouse de Seengar Noonari, a dit à Amnesty International qu’à trois heures du matin le 26 juin 2021, alors qu’ils dormaient, une quinzaine d’hommes armés avaient fait irruption dans leur petite maison. Ses enfants, âgés de 15 mois à 10 ans, étaient avec eux lorsque les hommes ont saccagé leur maison. Les hommes se sont emparés de deux téléphones portables, d’un dispositif d’accès à Internet, d’une clé USB et de quelques livres avant de bander les yeux de Seengar Noonari et de l’emmener avec eux.
L’épouse de Seengar Noonari a déposé une requête auprès de la haute cour du Sind le 2 juillet, demandant que son mari soit déféré à un tribunal. Des ordonnances, assorties d’un délai fixé au 13 juillet, ont alors été envoyées à la police du Sind, au chef des Rangers (une force paramilitaire sous le commandement de l’armée pakistanaise) et au responsable du poste de police de Nasirabad, ainsi qu’aux vice-procureurs généraux et aux procureurs généraux adjoints. Dans des affaires précédentes, cependant, les ordonnances de cette nature n’avaient pas été suivies d’effet. Dans tout le pays, les décisions de justice au sujet du sort des personnes disparues sont bafouées ou se heurtent à des retards de traitement inouïs.

Au Pakistan, la disparition forcée est utilisée pour museler la dissidence. Les personnes visées collectivement ou individuellement par les disparitions forcées sont notamment des membres des groupes ethniques sindhi, baloutche et pachtoune et de la communauté chiite, des militant·e·s politiques, des défenseur·e·s des droits humains, des membres et sympathisant·e·s de groupes religieux et nationalistes, ainsi que des membres présumés de groupes armés ou encore d’organisations religieuses ou politiques interdites au Pakistan.

Le gouvernement actuel, dirigé par Imran Khan, a promis d’ériger en infraction les disparitions forcées. Après que des familles de victimes ont organisé un sit-in en février 2021 pendant plusieurs jours, Imran Khan les a rencontrées et s’est engagé à mettre fin à cette pratique. Selon les groupes de victimes, un certain nombre de personnes sont réapparues ces derniers mois.

Cependant, ces réapparitions ont manifestement un caractère ponctuel ; de plus, les victimes sont réticentes à parler de ce qu’elles ont vécu et ne portent jamais plainte. Shireen Mazari, la ministre fédérale des droits humains, a déposé en juin 2021 à l’Assemblée nationale un projet de loi érigeant en infraction les disparitions forcées, mais la pratique des disparitions forcées se poursuit dans le pays en toute impunité.

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