Interview de Victoria engagée aux côtés d’Amnesty

Victoria est une jeune étudiante belge et créatrice de contenu de 21 ans. C’est elle qui a pris la suite d’Anne-Sarah pour animer de nouvelles vidéos dans le cadre de la série Freally ? (une contraction de Freedom et Really ?) destinée aux jeunes de 15 à 25 ans.
Sa première vidéo, consacrée à la question des persécutions des personnes ouïghoures, est à retrouver sur la chaîne YouTube d’Amnesty @AmnestyBe.
On a profité de son premier tournage dans les bureaux d’Amnesty pour lui poser quelques questions sur son parcours et ses engagements.

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

En quelques mots … Je m’appelle Victoria, j’ai 21 ans, je suis étudiante à l’ULB en bio ingénieur et ça fait quelques mois que j’ai décidé de poster du contenu informatif sur Instagram au sujet des personnes trans et plus particulièrement concernant mon vécu quotidien et les épreuves auxquelles je faisais face.

Quand as-tu commencé ton activisme ?

En fait, avant, je ne parlais pas du tout de ma transidentité, c’était un peu un sujet tabou. Mais petit à petit, j’ai commencé à m’émanciper par rapport à ça et à vouloir en parler. Je me suis dit que j’en avais marre de juste publier des photos sur Instagram qui me semblaient un peu inutiles. Bon à l’époque, je n’avais pas énormément d’abonnés, mais je me suis demandée pourquoi je n’utiliserais pas ces abonnés pour transmettre de l’information autour de moi.

C’est parti, à la base, d’une collaboration avec un cercle de l’ULB, donc au départ, mes communications touchaient uniquement un cercle restreint de personnes de l’ULB. Puis petit à petit, mes abonnés ont commencé à augmenter et je m’aperçois que j’arrive à sensibiliser aujourd’hui beaucoup plus de monde. Ça me permet de m’épanouir et ça me fait énormément de bien de partager tout ça sur Instagram. C’est pour ça que je continue, et aussi parce que j’ai de chouettes retours. Même si j’ai parfois des messages de haine, rien de grave, ça ne prend pas le pas sur le positif que ça m’apporte.

Par quels canaux t’es-tu intéressée aux droits humains ?

J’ai l’impression que j’ai toujours été très sensible à toutes les causes qu’elles touchent les humains ou les animaux mais je n’ai pas été éduquée dans une famille où l’on me disait : « on va à une manif et on stand up pour nos droits ». Mon envie de m’engager est un peu venue de moi-même et du coup, ça a forcément mis du temps à venir. C’était d’abord uniquement la cause animale qui m’a touchée, et petit à petit c’est l’intersectionnalité qui m’a intéressée. Je me suis beaucoup informée, que ce soit sur le racisme, ou toutes les formes de discriminations, la grossophobie, etc.

Au final, en voulant partager du contenu sur les personnes trans, j’essaye toujours d’être intersectionnelle et de voir à plus grande échelle. Je veille à faire des liens entre toutes les discriminations et toutes les oppressions, car y’a clairement des liens qui sont là. Pour moi, c’est un peu inutile de mener une lutte sans inclure toutes les autres luttes. Que ce soit dans le domaine de la lutte contre le racisme, contre le sexisme, ou pour un autre combat, tout se rejoint et on tend juste vers un truc où tout le monde a accès à tous les droits humains. Les droits, c’est pas une tarte, on ne doit pas les partager. Tout le monde a droit à tous les droits.

Peux-tu nous en dire plus sur la manière dont tu te sers de ton compte Instagram pour sensibiliser et échanger avec le public qui te suit ? Commences-tu à développer une communauté ? As-tu des retours ?

Je n’aime pas trop le concept de communauté. Je ne me sens pas influenceuse et je ne suis pas dans une optique où je crée des liens avec les personnes qui me suivent. Même si ça se fait un peu malgré moi, je pense.

Je n’ai même pas 2000 abonnés, alors la plupart des gens qui me suivent au final je les côtoie tous les jours, généralement à l’ULB. Je n’ai pas vraiment un esprit de communauté, je partage juste des infos et j’ai plein de retours hyper positifs. Beaucoup de personnes m’ont dit que ça les avait aidées à ouvrir les yeux sur des comportements transphobes qu’elles pouvaient avoir. Beaucoup de personnes se sont rendu compte qu’en fait, elles étaient potes avec moi mais qu’elles ne s’y connaissaient pas du tout sur le sujet de la transidentité, qu’elles avaient même pu avoir des propos ou des comportements transphobes envers moi à certains moments et qu’elles l’ont réalisé à travers mes posts.

Je perçois vraiment les impacts de ce que je poste et ça, c’est chouette, ça fait plaisir. J’ai vraiment l’impression que les posts que j’ai pu faire ont délié le sujet des transidentités à l’ULB. Tout le monde en parle beaucoup plus et tout le monde veut être beaucoup plus inclusif.

Quelle est la cause qui te tient le plus à cœur ?

Dire que la transidentité me tient à cœur, ça serait faux, car c’est plus que ça. C’est dans mes tripes, c’est moi ! La cause animale me tient à coeur, mais je n’ai jamais été une véritable activiste sur le sujet même si j’en parle autour de moi parce que je suis végétarienne. J’ai donc planté des petites graines partout sur cette question mais je pense que la cause qui me tient le plus à cœur, c’est assez bateau, mais ce sont les personnes en général et leurs droits fondamentaux.

C’est aussi ça qui me pousse à toujours être intersectionnelle dans ma manière de penser, ma manière d’agir, etc. Je pense toujours à toutes les personnes qui sont opprimées, peu importe de quelle manière. Que ce soit des personnes qui sont neuroatypiques ou sourdes, muettes, qui subissent du racisme, de la grossophobie, etc. J’essaie toujours de penser à tout et de voir tous les problèmes. C’est ce qui me semble le plus important.

As-tu des modèles dans le monde de l’activisme ? Des personnes que tu admires ou qui t’ont donné envie de te lancer ?

Comme je le disais auparavant, je n’ai pas été éduquée dans l’activisme. J’ai toujours aimé le parti écolo, plus en grandissant et encore plus depuis que j’ai l’âge de voter. Mais sinon je n’avais pas de figures que j’admirais particulièrement quand j’étais plus jeune. Je me suis un peu créé mon propre chemin.

C’est clair que maintenant, j’ai beaucoup plus de figures et de modèles qui m’inspirent et des gens qui me poussent à agir. Je pense surtout à un mec trans qui partage du contenu sur Instagram qui s’appelle Louis, son Insta c’est @loulouparfois. C’est un peu lui qui m’a donné la ligne directrice de mon Insta. Ses posts sont vraiment super chouettes et super vrais.

Quelle est ton histoire avec Amnesty International ?

Ma grand-mère m’a toujours parlé d’Amnesty International. J’ai toujours baigné dans Amnesty International et même dans d’autres ONG à travers ma grand-mère qui est une supportrice de Greenpeace, de l’UNICEF et d’Amnesty. Donc j’ai toujours grandi avec Amnesty, mais un peu de loin.

En grandissant, j’ai un peu plus été en contact avec Amnesty à travers le groupe de mon école secondaire. Surtout parce que les profs qui étaient en charge du groupe étaient des profs que j’aimais beaucoup. Ça m’a aidée à tisser des liens avec Amnesty.

Et puis j’ai eu un premier vrai contact avec le mouvement via le groupe Amnesty de Saint Louis qui m’avait contactée sur Instagram pour réaliser une interview parce qu’il voulait diffuser du contenu et partager de l’information sur les personnes trans. Une représentante du groupe m’a donc interviewée et j’ai trouvé que les posts qui ont suivi l’interview étaient vraiment chouettes. La façon dont la vidéo a été tournée et la façon dont l’interview a été menée étaient aussi super chouettes.

Qu’est-ce qui t’a motivée pour participer au projet Freally ?

C’est tellement un beau projet de diffuser de l’information sur les droits humains pour les jeunes et de remanier une information qui peut être un peu compliquée en la vulgarisant que cela ne pouvait que me motiver. Essayer de transmettre de l’information sur des sujets parfois complexes ou durs, de la meilleure des manières et d’une manière facilement compréhensible, et appréhendable, c’est un challenge, mais j’avais envie de le relever. Et surtout de donner envie de s’engager à des jeunes, je trouve ça tellement important.

La manière de faire de Freally ? est pour moi une des meilleures façons de sensibiliser et faire agir les jeunes. Surtout avec les confinements qu’on a vécus, les réseaux sociaux ont pris une énorme place dans la diffusion de l’information. Donc ces vidéos ont tout leur sens et toute leur place. Elles ne demandent maintenant qu’à prendre encore plus de place.

Qu’est-ce que tu as envie de répondre à ceux et celles qui disent que les jeunes ne sont pas ou plus engagés aujourd’hui ?

Je pense que c’est complètement faux. J’ai l’impression, en tout cas dans mon environnement et parmi les gens que je côtoie, que justement notre génération est hyper engagée parce qu’on est conscientisé à la cause environnementale, les langues se délient de plus en plus au sujet de toutes les oppressions et discriminations que tout le monde peut vivre. Tout autour de nous, nous avons des personnes qui subissent des oppressions et discriminations diverses et variées. On s’informe les uns les autres, et on se donne envie de s’engager les uns les autres.

Je pense par exemple à une de mes meilleures potes qui subit assez souvent du racisme, cette forme de racisme, que moi en tant que personne blanche, je ne peux pas comprendre. C’est la même chose pour la transphobie que je vis. Elle ne peut pas la comprendre non plus. C’est en partageant ces informations là qu’on se donne envie mutuellement de s’engager et de se battre pour que ça s’arrête et que nos droits humains soient respectés.

On est une génération qui a presque même un devoir de s’engager. Il y a tellement de choses qui doivent changer et on s’en rend de plus en plus compte et on en parle de plus en plus. Tout ça est moteur d’activisme.

As-tu quelque chose que tu aimerais dire aux jeunes qui te regardent ?

Du haut de ma petite personne, je trouve que parler, discuter des sujets dont on ne parle pas assez est un premier pas pour changer les mentalités, les esprits. Et planter des petites graines dans la tête de chacun et chacune pour faire en sorte que tout le monde se rende compte des problèmes qui peuvent nous entourer tous les jours, qui ne nous concernent pas forcément nous, mais qui concernent les gens qu’on côtoie, c’est essentiel selon moi. Parler de tous ces problèmes, ça permet d’éveiller les esprits et de se dire qu’en fait ce que vit cette personne, ce n’est pas normal. Maintenant on parle tellement plus du consentement, de Black Lives Matter qui a pris une énorme ampleur. On se rend bien compte que tout le monde a envie de changer les choses. En tout cas, les gens de notre âge ont envie que tout le monde se sente mieux et que les droits humains s’appliquent pour tout le monde. Tout ça pour dire que c’est en parlant qu’on va stimuler cet engagement. Plus on en parle, plus on y arrivera !

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