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Monsieur le Président de la République,
Si je me réjouis de sa libération, après une détention illégale, je reste préoccupé·e par le harcèlement et les manœuvres d’intimidation dont continue à faire l’objet Job Sikhala, député de l’opposition, par le biais du système judiciaire.
Job Sikhala a été arrêté avec Godfrey Sithole, un autre dirigeant de l’opposition, et 14 autres hommes (ensemble ils sont connus sous le nom des « 16 de Nyatsime ») le 14 juin 2022. Ils ont été inculpés d’« entrave à la justice », d’« incitation à la violence » et de « troubles à l’ordre public ».
Le 3 mai 2023, Job Sikhala a été condamné à une amende pour « obstruction à la justice ». Bien qu’un arrêt de la Haute Cour ait annulé cette condamnation en novembre 2023, Job Sikhala a été maintenu en détention pendant cette période, en attendant son procès pour incitation à la violence et trouble à l’ordre public. Le 30 janvier, il a été condamné à deux ans de prison avec sursis pour incitation à la violence et a été libéré après 595 jours de détention provisoire. Le 15 février, Job Sikhala a été condamné à neuf mois de prison avec sursis pour « fausses déclarations préjudiciables à l’État » - en vertu d’une loi qui n’existe plus et qui a été déclarée nulle par la Cour constitutionnelle en 2014 - après avoir été accusé d’avoir diffusé sur Facebook une vidéo affirmant qu’un policier avait tué un bébé. Godfrey Sithole et les 14 autres hommes de l’affaire des « 16 de Nyatsime » ont quant à eux été libérés sous caution en novembre 2023, mais les 14 hommes devront être jugés pour « incitation à la violence et de trouble à l’ordre public », accusations à caractère politique. Godfrey Sithole a également été reconnu coupable d’incitation à la violence et condamné à deux ans de prison avec sursis.
J’ai noté la répression croissante des droits humains et la multiplication des attaques contre les militant·e·s et les figures politiques de l’opposition, ainsi que la répression contre les opinions contestataires, et j’estime que les accusations portées contre Job Sikhala sont motivées par des considérations politiques, puisqu’elles visent à le réduire au silence.
Je vous demande de veiller à ce que les condamnations de Job Sikhala et de Godfrey Sithole soient immédiatement annulées, et de mettre fin à l’intimidation et au harcèlement dont ils font l’objet, ainsi que d’autres membres et responsables de l’opposition. Je vous exhorte également à respecter la Constitution et les obligations internationales du Zimbabwe en matière de droits humains, notamment en garantissant le respect des droits fondamentaux de chacun·e. Je vous demande par ailleurs instamment d’abandonner les charges retenues contre les 14 autres hommes arrêtés avec Job Sikhala et dont le procès est en cours.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma haute considération.
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