Libérez les militants anti-esclavagistes en Mauritanie

Le 15 janvier 2015, trois militants anti-esclavagistes et défenseurs des droits humains ont été condamnés à deux ans de prison par le tribunal de la ville de Rosso, au sud de la Mauritanie, pour appartenance et administration d’une organisation non reconnue, pour participation à un rassemblement non autorisé et pour infractions commises à l’encontre des forces de l’ordre.
MM. Brahim Bilal Ramdane, Djiby Sow et Biram Dah Abeid, un ancien candidat à la présidence de la République et le président de l’organisation anti-esclavagiste Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste en Mauritanie (IRA), ont été arrêtés le 11 novembre 2014 alors qu’ils menaient une campagne pacifique contre la pratique de l’esclavage et sensibilisaient la population sur la question du droit foncier des descendants d’esclaves.

La pratique de l’esclavage se perpétue en Mauritanie. Des organisations, parmi lesquelles SOS Esclaves et l’IRA, dénoncent régulièrement des cas d’esclavage. De plus, beaucoup de descendants d’esclaves continuent de travailler sur des terres sans aucun droit et sont contraints de donner une partie de leurs récoltes à leurs maîtres traditionnels potentiels. Au lieu de les soutenir, les autorités mauritaniennes restreignent fréquemment la liberté d’expression des défenseurs des droits humains et des organisations de défense de droits humains qui mènent campagne contre l’esclavage.

Amnesty International estime que MM. Brahim Bilal Ramdane, Djiby Sow et Biram Dah Abeid sont des prisonniers d’opinion, détenus uniquement en raison de leurs activités pacifiques visant à lutter contre l’esclavage. Passez à l’action en signant notre pétition demandant aux autorités mauritaniennes la libération des trois militants et le respect des libertés d’expression et d’association.

L’esclavage a été officiellement aboli en Mauritanie en 1981, et depuis 2007, sa pratique est reconnue comme un crime conformément au droit national. Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), auquel la Mauritanie est un État partie, proscrit l’esclavage également. Cependant, depuis 2010, au moins 32 cas d’esclavage ont été présentés au procureur, mais la plupart de ces affaires sont soumises à de longs délais. En 2011, le seul propriétaire d’esclave qui a été poursuivi en justice pour des « pratiques analogues à l’esclavage sur un mineur » a été condamné à deux ans de prison. Après seulement quelques mois de détention, l’inculpé a bénéficié de la liberté provisoire en attendant le procès en appel, mais cet appel n’a jamais eu lieu et il reste en liberté à ce jour.

Les autorités mauritaniennes restreignent fréquemment la liberté d’expression des défenseurs des droits humains et des organisations de défense de droits humains qui mènent campagne contre l’esclavage. M. Biram Dah Abeid, président de l’IRA-Mauritanie, a déjà été arrêté en 2010 et en 2012. En 2013, il a reçu le Prix des droits de l’homme des Nations unies et le Prix Front Line Defenders.

En février 2015, Amnesty International ainsi que 20 organisations ont exhorté les autorités mauritaniennes à libérer immédiatement et sans condition MM. Brahim Bilal Ramdane, Djiby Sow et Biram Dah Abeid , lesquels sont détenus arbitrairement en violation des lois nationales mauritaniennes et des instruments juridiques internationaux ratifiés par la Mauritanie.

Les trois militants anti-esclavagistes sont détenus à Aleg qui est une ville très éloignée (à plus de 261 km) de la capitale, qui était leur lieu de résidence. Ils ont entamé une grève de la faim le lundi 23 février 2015 pour dénoncer les « conditions sordides » et les mauvais traitements que leur inflige l’administration pénitentiaire.

Le 26 juin 2015, les médias mauritaniens ont annoncé la libération provisoire pour des raisons de santé de M. Djiby Sow, militant anti-esclavagiste et président de l’ONG Kawtal.

En août 2015, une délégation d’Amnesty International s’est rendue en Mauritanie pour une mission. La délégation a obtenu l’autorisation de rendre visite aux prisonniers d’opinion, dont les deux militants anti-esclavagistes et défenseurs des droits humains MM. Brahim Bilal et Biram Ould Dah Ould Abeid.
Lors de la mission, la délégation d’Amnesty International a pu aussi rencontrer les autorités mauritaniennes, dont le ministre de la Justice, le président de l’Assemblée nationale et un groupe de députés, ainsi que la Commissaire aux droits de l’homme pour parler de la libération des prisonniers d’opinion MM. Brahim Bilal Ramdane, Djiby Sow et Biram Dah Abeid.

Le 20 août 2015, une cour d’appel d’Aleg, ville située dans le sud-ouest de la Mauritanie, a confirmé la peine d’emprisonnement de deux ans.
Amnesty International est préoccupée par les violations de la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique perpétrées par le gouvernement mauritanien.

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