Rendons justice aux 43 étudiants disparus d’Ayotzinapa

SANS NOUVELLE DES ÉTUDIANTS DEPUIS QUATRE ANS Il y a quatre ans, le 26 septembre 2014, environ 80 étudiants de l’École normale rurale Raúl Isidro Burgos ont été arrêtés par la police alors qu’ils voyageaient en autobus. Des agents de police locaux ont ouvert le feu sur les trois véhicules, tuant trois étudiants et trois passants. Plusieurs étudiants ont été grièvement blessés. 43 étudiants ont ensuite été arrêtés et embarqués dans des véhicules de police. On ne les a pas revus depuis. UNE ENQUÊTE DÉFAILLANTE De graves défaillances ont été relevées dans l’enquête en cours menée par le gouvernement. Opacité, manque d’impartialité et accusations de corruption entre des fonctionnaires locaux et des gangs, contribuant à un climat d’impunité généralisé dans le pays, entachent le bon déroulement de l’enquête. Des 170 personnes détenues jusqu’à présent, aucune n’a été inculpée pour disparition forcée et certaines ont déclaré avoir été torturées pour qu’elles confessent leur participation aux faits. Le gouvernement mexicain a été pointé du doigt pour son inaction par le Groupe interdisciplinaire d’experts indépendants (GIEI) mandaté par la Commission interaméricaine des droits de l’homme pour enquêter sur place. Leur premier rapport, rendu en 2015, remettait en question la théorie officielle selon laquelle les étudiants auraient été assassinés puis incinérés dans une décharge près d’Iguala. Le 1e avril 2016, la Procureure générale de la République a annoncé la (…)

La disparition des étudiants d’Ayotzinapa n’est pas un cas isolé au Mexique. Elle témoigne de l’une des plus graves crises des droits humains dans ce pays au cours des dernières décennies. Les autorités estiment à plus de 25 000 le nombre de personnes portées disparues depuis 2006 dans un contexte de lutte contre la criminalité, alimentant la perpétuation des violations des droits humains dans tout le pays.

Dans le cadre de cette enquête, 170 personnes ont été arrêtées dont des fonctionnaires de police et des membres présumés de gangs. Ils ont été inculpés pour les crimes d’enlèvement et de meurtre mais pas de disparitions forcées. Cependant, les dossiers juridiques ne sont pas accessibles et les avocats des victimes n’ont pas pu confirmer cette information.

Le 7 décembre 2014, les restes humains d’un des étudiants ont été identifiés par le groupe d’experts indépendants, mais on ignore toujours ce qu’il est advenu des 42 autres étudiants. Le 16 septembre 2015, les autorités ont informé les médias d’une nouvelle identification des restes humains d’un étudiant, Jhosivani Guerrero de la Cruz, information contredite le jour suivant par l’équipe argentine d’anthropologie médico-légale mandatée par la Commission interaméricaine des droits humains. Cette parade manquée souligne la cruelle tentative des autorités de montrer qu’ils agissent sur cette affaire en amont des un an de la disparition.

La Commission nationale des droits de l’homme a annoncé, le 15 avril 2015, qu’un témoin oculaire lui avait confirmé que des agents de la police fédérale et des agents de la police locale de la municipalité de Huitzuco (près d’Iguala, État de Guerrero) avaient été impliqués dans la disparition des étudiants d’Ayotzinapa. C’est l’une des pistes de l’enquête que le GIEI avait demandé au gouvernement d’examiner dès septembre 2015.

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