Une Marche des fiertés organisée par des étudiants doit avoir lieu le 12 mai sur le campus de l’Université technique du Moyen-Orient (ODTÜ), à Ankara, mais elle risque d’être bloquée par la préfecture d’Ankara et le recteur de l’université, en violation du droit à la liberté de réunion. Les autorités doivent permettre la tenue de cette marche et lever l’interdiction générale qui s’applique à tous les événements LGBTI à Ankara.
La Marche des fiertés, organisée chaque année par des étudiants, doit avoir lieu le 12 mai sur le campus de l’Université technique du Moyen-Orient (ODTÜ), à Ankara, mais elle risque d’être bloquée par la préfecture d’Ankara et l’administration de l’université. Selon l’organisation étudiante de défense des droits des lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et intersexués (LGBTI) qui organise l’événement, ODTÜ LGBTI Dayanışması, début avril, l’administration de l’université a informé la préfecture d’Ankara de la tenue du Festival annuel du printemps, qui se déroule cette année du 9 au 11 mai, et de la Marche des fiertés, prévue le 12 mai. La préfecture a répondu que le festival et la marche ne pourraient pas avoir lieu en raison du risque de « provocation ».
Le Festival du printemps est organisé par des groupes étudiants à l’ODTÜ chaque année depuis 31 ans. Il célèbre les différentes cultures. Depuis sept ans, la Marche des fiertés est programmée le lendemain de la clôture du festival, avec le soutien de nombreuses organisations étudiantes. Cette année, les étudiants LGBTI de l’ODTÜ prévoient une semaine d’événements, notamment une « danse salsa homo » et une peinture collective d’arc-en-ciel, qui débute le 7 mai.
Ils ont déclaré à Amnesty International que le recteur de l’université leur avait assuré le 26 avril qu’il interviendrait auprès de la préfecture en faveur de la tenue du festival, mais ne négocierait pas en faveur de la Marche des fiertés. Le même jour, un article paru dans un journal progouvernemental parlait en ces termes de la marche et de ses organisateurs : « Des déviants [qui] prévoient d’afficher leur manque de moralité sous le slogan " Nous sommes partout, nous sommes le pays ", sans considération pour les sensibilités religieuses, peu avant le début du Ramadan. »
La préfecture d’Ankara a interdit tous les événements LGBTI à Ankara pour une durée indéterminée, depuis novembre 2017. Le droit turc et le droit international garantissent pourtant le droit de se réunir pacifiquement. Pour entrer dans le cadre de la loi, toute restriction imposée à ce droit doit être nécessaire et proportionnée, ce qui signifie qu’elle doit répondre à une nécessité sociale pressante, afin de protéger un objectif légitime.
L’interdiction totale pour une durée indéterminée qui s’applique à tous les événements LGBTI à Ankara est par conséquent illégale, tout comme une éventuelle interdiction de la Marche des fiertés organisée par les étudiants de l’ODTÜ.