Écrire 12 hongkongais·es détenus au secret en Chine

Douze Hongkongais·es, dont des militants en faveur de la démocratie, ont été arrêtés le 23 août 2020 par des gardes-côtes chinois parce qu’ils auraient franchi la frontière entre Hong Kong et la Chine secrètement à bord d’une vedette rapide.

Ils sont détenus au secret, et ne peuvent donc pas communiquer avec leur famille et avec un avocat de leur choix, et risquent à tout moment de subir des actes de torture et d’autres mauvais traitements.

Quatre avocats de Chine continentale engagés par les familles ont abandonné ces affaires après avoir été menacés par les autorités.

CHENG Tsz-ho (鄭子豪), CHEUNG Chun-fu (張俊富), LIU Tsz-man (廖子文), QUINN Moon (喬映瑜), TANG Kai-yin (鄧棨然), LI Tsz-yin (李子賢), LI Yu-hin (李宇軒), WONG Wai-yin (黃偉然) et quatre autres personnes ont été interceptés par les gardes-côte de Chine continentale après avoir quitté Hong Kong à bord d’une vedette rapide le 23 août 2020. Ils ont ensuite été placés en détention, car soupçonnés d’avoir « franchi secrètement la frontière », ce qui constitue une infraction pénale.

Un proche d’une des personnes détenues a dit qu’immédiatement après l’arrestation de ces 12 personnes, il a essayé de contacter plusieurs ministères du gouvernement de Hong Kong pour obtenir des informations au sujet de leur arrestation. Les services contactés ont tous répondu qu’ils n’avaient guère la possibilité d’intervenir. Ce proche a dit avoir eu l’impression que le gouvernement de Hong Kong repoussait ses demandes et il n’a reçu aucune aide. Selon un article du ministre de la Sécurité de Hong Kong, John Lee, et la réponse apportée par le gouvernement à une enquête d’un média portant sur la violation présumée des droits des 12 personnes, le gouvernement de Hong Kong n’a aucunement l’intention d’interférer dans les opérations de « maintien de l’ordre d’autres instances ».

Amnesty International a rassemblé des informations sur de nombreuses affaires où des personnes détenues en Chine continentale, dont un grand nombre de défenseur·e·s des droits humains, ont été régulièrement privées de leur droit de voir les avocats qu’elles-mêmes ou leurs familles avaient engagés pour les représenter. Dans certains cas, les autorités ont désigné des avocats sans l’accord des détenus concernés ou de leur famille. Dans d’autres cas, les autorités ont menacé des avocats pour qu’ils abandonnent l’affaire, affirmé que des détenus avaient rejeté les avocats engagés par leur famille sans apporter aucune preuve, ou empêché les familles d’engager des avocats, toutes ces pratiques aboutissant dans les faits à priver les détenus de leur droit à une représentation juridique. Les personnes privées de la représentation juridique de leur choix ne peuvent souvent pas obtenir d’informations sur leurs droits en matière juridique, ce qui les expose tout particulièrement au risque d’être soumises à une procédure inique.

L’un des 12 détenus, LI Yu-hin, aurait quitté Hong Kong pour demander l’asile après avoir été arrêté pour « détention de munitions sans autorisation » et « collusion avec des éléments étrangers ou extérieurs en vue de porter atteinte à la sécurité nationale ». LI Yu-hin fait partie des 22 militant·e·s et protestataires qui ont jusqu’à présent été arrêtés pour avoir violé la loi relative à la sécurité nationale de Hong Kong, depuis son adoption, le 30 juin 2020.

Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme et des organes d’experts des Nations unies ont déjà fait part à plusieurs reprises de leurs préoccupations au sujet de la loi relative à la sécurité nationale, indiquant que la formulation vague de son contenu pouvait conduire à « une interprétation et une application discriminatoires ou arbitraires de la loi pouvant nuire à la protection des droits humains ».

Certaines des 22 personnes arrêtées ont été accusées d’avoir porté atteinte à la sécurité nationale uniquement pour avoir pacifiquement exprimé des opinions, notamment pour possession de banderoles avec des slogans politiques ou pour avoir publié des messages sur des plateformes des réseaux sociaux. Le droit international relatif aux droits humains prévoit que la « sécurité nationale » ne peut pas être invoquée pour priver des personnes de leur droit d’exprimer des opinions politiques différentes et d’exercer d’autres droits humains protégés par les normes juridiques internationales.

Avant d’être arrêtées et incarcérées en Chine continentale pour avoir « franchi secrètement la frontière », 11 de ces 12 personnes avaient été arrêtées à Hong Kong pour plusieurs infractions présumées, notamment pour conspiration afin d’infliger des blessures intentionnellement, émeute, agression d’un policier, conspiration en vue d’allumer un incendie, possession d’une substance dans l’intention de détruire ou d’endommager des biens.

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