Écrire Il faut mettre fin à la campagne de diffamation contre l’évêque Luis Fernando Lisboa

L’évêque Luis Fernando Lisboa, de la ville de Pemba, dans le nord du Mozambique, est la cible d’une campagne de diffamation destinée à entraver et délégitimer son travail essentiel de défense des droits humains dans la province de Cabo Delgado.

Le président Filipe Jacinto Nyusi et des partisans du gouvernement ont pris l’évêque Luis Fernando Lisboa pour cible directement et indirectement dans leur critique de la dissidence.

Les autorités doivent créer un environnement sûr et favorable permettant à Luis Fernando Lisboa de continuer de mener son travail de défense des droits humains sans craindre d’être intimidé ou harcelé ou d’être la cible de représailles.

La situation est très préoccupante dans la province de Cabo Delgado, dans le nord du Mozambique. Les districts nord de la province font l’objet d’attaques armées depuis octobre 2017. Ces attaques seraient le fait de membres d’un groupe extrémiste connu localement sous le nom d’Al Shabab, qui envahissent les villages, détruisent les infrastructures, incendient les maisons, tuent des villageois à coups de machette et pillent la nourriture.

Cette province est importante pour le gouvernement central en raison de ses ressources minières, notamment en gaz et en rubis. Le gouvernement a donc renforcé la présence militaire dans la région après le début des attaques. Depuis lors, les autorités intimident et harcèlent les journalistes, les chercheurs et les dissidents et les empêchent de rendre compte de la situation.

On ignore combien d’entre eux ont ainsi été enlevés et ont « disparu ». Certains ont été retrouvés morts après avoir été enlevés par les forces de sécurité gouvernementales. Celles-ci ont également lancé une offensive contre le droit à la liberté d’expression et la liberté de la presse. Les journalistes et les chercheurs qui tentent de dénoncer les violences sont harcelés, intimidés, arrêtés, détenus et torturés.

Le 23 janvier 2019, Andre Hanekom, un homme d’affaires sud-africain, est mort dans des circonstances mystérieuses alors qu’il se trouvait aux mains de la police, après avoir été blessé par balle au bras et à l’abdomen. Enlevé le 1er août 2018 par quatre individus masqués, armés de fusils AK-47, dans le district de Palma, dans la province de Cabo Delgado, il est décédé après une suite d’événements impliquant les forces de sécurité, la justice et les services de santé. Pendant sa détention aux mains de l’armée, Andre Hanekom aurait été victime d’actes de torture et d’autres mauvais traitements destinés à le faire « avouer » des liens présumés avec les insurgés. Les autorités du Mozambique n’ont pas enquêté sur les actes de torture que cet homme aurait subis, ni sur sa mort.

Dans la soirée du 11 mars 2020, les forces de sécurité ont arrêté Roberto Mussa Ambasse et Muemede Suleimane Jumbe, deux militants et dirigeants locaux, à leur domicile, dans le district de Palma, dans la province de Cabo Delgado.

Le 23 avril, le principal parti d’opposition, la Résistance nationale mozambicaine (RENAMO), a accusé les Forces de défense du Mozambique (FADM) de l’homicide de Roberto Mussa et Muemede Suleimane et de 12 autres civils.

Le 7 avril 2020, Ibraimo Abú Mbaruco, un jeune journaliste d’une radio locale, Palma Community Radio, a été porté disparu. Il a été soumis à une disparition forcée peu après avoir quitté le travail vers 18 heures. Il a envoyé un message à son collègue indiquant qu’il était « encerclé par des militaires ». On est sans nouvelles de lui depuis. Sa disparition fait écho au cas du journaliste Amade Abubacar, qui avait été arrêté en janvier 2019 par des militaires et détenu au secret arbitrairement pendant trois mois.

Le 17 décembre 2018, le journaliste d’investigation Estacio Valoi et le chercheur d’Amnesty International David Matsinhe, ainsi que leur chauffeur, avaient été arrêtés de manière arbitraire par des militaires, alors qu’ils menaient des recherches sur les populations attaquées par le groupe extrémiste.

Au Mozambique, des campagnes de diffamation similaires ont par le passé mené à la mort de défenseur·e·s des droits humains, de journalistes, de personnes critiquant le gouvernement et d’enseignants. Tous ces crimes restent impunis. Le cas le plus récent est l’exécution extrajudiciaire d’Anastácio Matavel, défenseur des droits humains et dirigeant du forum de la société civile chargé de l’observation des élections dans la province de Gaza, par cinq agents de l’État à Xai-Xai, dans cette même province.

Le 2 mars 2015, Gilles Cistac, un professeur, avait été abattu par des hommes non identifiés. Avant son homicide, Gilles Cistac avait fait des déclarations en faveur d’une autonomie accrue des provinces au Mozambique. Cinq ans plus tard, aucune avancée n’a été constatée dans les enquêtes sur ce crime.

Gustavo Mavie, récemment chargé par le président de constituer le Comité central d’éthique du Mozambique, fait partie des personnes ayant tenu des propos diffamatoires sur Luis Fernando Lisboa. Le 16 août, il a accusé l’évêque d’être l’une des personnes critiquant injustement le gouvernement du président Filipe Jacinto Nyusi et les forces de sécurité.

D’après l’ONG Armed Conflict Location and Event Data Project, au 1er août 2020, le conflit armé dans la province de Cabo Delgado avait fait 967 morts parmi les civils et plus 250 000 déplacés.

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