Écrire Deux militants politiques inculpés de rébellion

Deux militants politiques papous ont été arrêtés en raison de leurs activités politiques pacifiques et inculpés de « rébellion » au titre du Code pénal indonésien. Ces hommes sont des prisonniers d’opinion et encourent une peine pouvant aller jusqu’à la détention à perpétuité.

Au moins 528 personnes, dont des mineurs, ont été arrêtées le 19 décembre pour avoir mené des activités politiques pacifiques coordonnées dans plusieurs villes à travers l’Indonésie, dont Jayapura, Merauke, Wamena, Nabire dans la province de Papouasie occidentale, Manado dans la province du Sulawesi-Nord, Gorontalo et Yogyakarta. La plupart des personnes arrêtées ont été libérées le lendemain sans avoir été inculpées. Cependant, deux militants d’une organisation étudiante favorable à l’indépendance, le KNPB (Comité national de Papouasie occidentale), Hosea Yeimo et Ismael Alua, sont inculpés de « rébellion » (makar) au titre des articles 106 et 110 du Code pénal indonésien (KUHP) et sont actuellement détenus par la police de réserve de Jayapura, en Papouasie occidentale. Ils pourraient être condamnés à la détention à perpétuité. Amnesty International considère Hosea Yeimo et Ismael Alua comme des prisonniers d’opinion, détenus uniquement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique.

Ces activités simultanées visaient à soutenir un organisme regroupant plusieurs mouvements pacifiques papous en faveur de l’indépendance de la province, le Mouvement de libération uni pour la Papouasie occidentale (ULMWP), afin que ce mouvement soit admis au titre de membre du Groupe mélanésien Fer de lance, une organisation intergouvernementale sous-régionale du Pacifique.

La Constitution et la législation indonésiennes garantissent le droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique. Les lois sont cependant régulièrement utilisées pour sanctionner des activités politiques non violentes et emprisonner des personnes ayant simplement exercé de manière pacifique leurs droits fondamentaux.

Des dizaines de militants politiques pacifiques sont actuellement incarcérés dans la région de Papouasie (provinces de Papouasie et de Papouasie occidentale). Certains ont été condamnés à des peines de 20 ans d’emprisonnement pour avoir organisé des activités ou des manifestations politiques non violentes, pour y avoir assisté ou participé, ou pour possession ou déploiement du drapeau de « l’Étoile du matin », emblème interdit de l’indépendance papoue. Un grand nombre des personnes arrêtées ont été accusées de « rébellion » (makar) en vertu des articles 106 et 110 (atteintes à la sûreté de l’État) du Code pénal indonésien.

Amnesty International a recueilli des informations sur un recours excessif à la force, aux armes à feu, ainsi qu’à la torture et autres mauvais traitements à l’encontre de militants politiques, entre autres, accusés d’avoir des liens avec des groupes pro-indépendance. Il est rare que les auteurs de ces actes soient amenés à rendre des comptes, et les membres des forces de sécurité concernés reçoivent tout au plus des sanctions disciplinaires, et non pénales. Pour plus d’informations sur cette question, voir les documents d’Amnesty International disponibles aux adresses https://www.amnesty.org/en/documents/asa21/3010/2015/en/, https://www.amnesty.org/fr/documents/asa21/1932/2015/fr/ et https://www.amnesty.org/fr/documents/asa21/3797/2016/fr/.

Le Mouvement de libération uni pour la Papouasie occidentale (ULMWP), créé en décembre 2014, regroupe différents mouvements indépendantistes papous. Le Groupe mélanésien Fer de lance est une organisation intergouvernementale à caractère politique fondée en 1983 et composée de quatre États mélanésiens (Fidji, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Salomon et Vanuatu) et du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) de Nouvelle-Calédonie. L’Indonésie en est un membre associé et l’ULMWP, un membre observateur.

Amnesty International ne prend aucunement position sur le statut politique des provinces d’Indonésie, ni sur les appels à l’indépendance. Cependant, elle estime que le droit à la liberté d’expression comprend le droit de prôner pacifiquement le recours aux référendums, l’indépendance ou d’autres solutions politiques.

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