Écrire Des organisations de défense des droits humains en danger

Lorsque l’Assemblée nationale a approuvé l’annulation de l’enregistrement légal du Centre nicaraguayen des droits humains (CENIDH), la police nationale a fait irruption dans les bureaux de l’organisation, ainsi que dans les locaux de trois autres organisations de défense des droits humains et d’un journal indépendant. Ces récentes attaques sont des exemples de la stratégie permanente de répression adoptée par les autorités nicaraguayennes à l’égard des journalistes et des défenseur.e.s des droits humains.

Le 12 décembre, l’Assemblée nationale a approuvé un décret annulant l’enregistrement officiel du Centre nicaraguayen des droits humains (CENIDH), affirmant que l’organisation n’avait pas présenté de rapport financier depuis 2017, qu’elle faisait preuve de « partialité envers un secteur de la société », qu’elle n’avait « pas agi conformément à son objectif de réalisation de la paix par la justice » et que le mandat de son conseil d’administration était « parvenu à expiration ». Cependant, le CENIDH n’a été informé d’aucune procédure administrative à son encontre et s’est vu dénier l’exercice de son droit à la défense.

Le 14 décembre, des membres de la police nationale ont fait irruption sans mandat dans le bureau de la CENIDH et se sont saisis d’un véhicule et de documents appartenant à l’organisation. Ils ont également fait irruption dans les bureaux de l’organisation de défense des droits humains Popol Na, où ils sont entrés sans ordre judiciaire, et ont blessé les mères de détenus qui y avaient trouvé refuge. Selon les informations reçues, ils ont frappé le vigile chargé d’assurer la sécurité du bâtiment et ont emporté des ordinateurs, des documents, des téléphones portables et des véhicules appartenant au personnel et à l’organisation. Ils ont également fait irruption dans les bureaux de l’Institut de leadership de las Segovias, de la Fondation du fleuve et du journal indépendant El Confidencial, connu pour son journalisme critique et d’investigation.

Il s’agit d’un nouvel exemple de la stratégie de répression menée par le président Daniel Ortega et par la vice-présidente et première dame, Rosario Murillo, contre les organisations de la société civile qui défendent les droits humains au Nicaragua.
Plusieurs organisations internationales ont dénoncé publiquement cette attaque, notamment la Commission interaméricaine des droits de l’homme, le Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, le Centre pour la justice et le droit international (CEJIL) et l’Organisation mondiale contre la torture. Le CENIDH défend les droits humains au Nicaragua depuis 28 ans. Ses antécédents et sa légitimité sont solides dans la région, et il est un partenaire de longue date d’Amnesty International au Nicaragua.

Amnesty International a publié deux rapports exposant la stratégie de persécution et de répression adoptée par les autorités nicaraguayennes depuis le début des manifestations, le 18 avril 2018. Le 29 mai, Amnesty International a lancé le rapport intitulé Nicaragua’s strategy to repress protest, qui montre comment, en réponse aux protestations sociales d’avril et mai, le gouvernement a opté pour une stratégie de répression violente qui n’avait pas été vue depuis plusieurs années dans le pays. Plus de 70 personnes auraient été tuées par les autorités au cours des premières semaines de manifestation. Le second rapport, intitulé Instilling terror : from lethal force to persecution in Nicaragua, a été publié le 18 octobre, six mois après le début des protestations. Il révèle de multiples violations des droits humains commises entre le 30 mai et le 18 septembre, et présente en détail les différentes composantes de la stratégie répressive de l’État face à la dissidence et aux manifestations.

Amnesty International pense que ces violations ont été perpétrées non seulement avec l’accord des plus hautes autorités de l’État, y compris le président et la vice-présidente de la République, mais également sur leurs ordres et sous leur commandement dans de nombreux cas.

Amnesty International a par ailleurs été informée que, le 28 novembre, l’Assemblée nationale du Nicaragua avait approuvé un décret (pas encore publié sur Internet) annulant l’enregistrement officiel du Centre d’information et de conseil sur la santé, une organisation de défense des droits humains dirigée par la militante Ana Quirós. Le 18 avril, cette défenseure des droits humains a été agressée par des groupes armés progouvernementaux lors d’une manifestation. Amnesty International a signalé cet événement dans le rapport intitulé Nicaragua’s strategy to repress protest. Le 26 novembre, Amnesty International a annoncé qu’Ana Quirós avait été arrêtée arbitrairement, emmenée à la prison d’El Chipote, conduite jusqu’à la frontière du Costa Rica avec un ordre d’expulsion, puis expulsée du Nicaragua. Ana Quirós possède la nationalité nicaraguayenne depuis 21 ans à la suite de sa naturalisation.

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