Écrire Arrestation de 300 travailleurs migrants revenus de l’étranger

L’arrestation et la détention arbitraires de 81 ouvriers migrants bangladais victimes de traite qui venaient de revenir du Viêt-Nam en septembre porte à plus de 300 le nombre de travailleurs bangladais arrêtés et détenus à leur retour de différents pays depuis mai 2020.

Ces personnes ont été arrêtées pour avoir « terni l’image du pays » en participant à des activités illégales, mais aucune preuve crédible des faits qui leur sont reprochés n’a été apportée.

Leur arrestation et leur détention violent les obligations du Bangladesh découlant du droit international relatif aux droits humains, notamment du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP).

Elles doivent être libérées immédiatement, à moins qu’elles ne soient rapidement inculpées d’une infraction dûment reconnue par la loi.

Plus de 300 travailleurs migrants revenus au Bangladesh ont été placés en détention par les autorités du pays en plusieurs vagues entre juillet et septembre au titre de l’article 54 du Code de procédure pénale, qui permet aux policiers d’arrêter quelqu’un s’ils ont des « raisons de soupçonner » que cette personne est impliquée dans un acte illégal commis à l’extérieur du territoire national.

Le 5 juillet 2020, la police a envoyé en prison 219 travailleurs bangladais revenus du Koweït, du Qatar et de Bahreïn depuis mai. Selon la demande soumise par la police à un tribunal métropolitain de première instance à Dacca le 4 juillet, ces personnes – dont 141 avaient travaillé au Koweït, 39 à Bahreïn et 39 au Qatar – avaient été détenues là-bas pour avoir commis « diverses infractions », qui n’ont pas été spécifiées. Elles ont été renvoyées au Bangladesh après que les autorités de ces pays ont commué leurs peines.
C’est notamment le cas de Mohammad Shahin Alam, 25 ans, dont le visa a expiré trois mois après son arrivée à Bahreïn en 2016. Il a toutefois continué à travailler sur place comme tuyauteur pour rembourser les dettes que son père avait contractées en l’envoyant à Bahreïn. En 2020, il a tenté de renouveler son visa, dans l’espoir de trouver un emploi mieux rémunéré.

C’est alors qu’il a été placé en détention pour avoir séjourné et travaillé dans le pays sans visa valide. Après avoir passé 21 jours en prison à Bahreïn, il est rentré au Bangladesh le 25 juin. Il a appelé son père le 5 juillet pour lui annoncer qu’il venait d’être libéré d’un établissement de quarantaine. Cependant, il a rappelé son père au bout de cinq minutes pour dire que de nombreux policiers étaient devant le bâtiment. Environ huit jours plus tard, il a de nouveau téléphoné à son père pour l’informer qu’il avait été envoyé à la prison de Kashimpur, à Gazipur. Le père de Mohammad Shahin Alam ignore pourquoi son fils est emprisonné.

La police a affirmé au tribunal métropolitain que les 219 travailleurs migrants avaient « terni l’image du Bangladesh » en participant à des activités illégales à l’étranger et qu’ils devaient être détenus tant que l’enquête ouverte à leur encontre se poursuivrait afin de déterminer l’infraction commise. Néanmoins, elle n’a présenté aucune preuve ni aucune raison spécifique justifiant leur arrestation et leur maintien en détention au Bangladesh. Le tribunal de Dacca a malgré tout accédé à la demande de la police de les laisser en prison.
Dans un autre dossier, le 1er septembre, les autorités du Bangladesh ont envoyé en prison 81 travailleurs migrants bangladais qui étaient rentrés du Viêt-Nam le 18 août après avoir été exploités sur place par des recruteurs.

Ils avaient payé chacun entre 4 700 et 5 900 dollars environ aux recruteurs qui leur avaient promis des emplois dans des usines, a déclaré Md. Alamgir, l’un d’entre eux, à un journal local. Au lieu de cela, ils se sont retrouvés sur des emplois temporaires durant moins d’un mois pour certains, payés moins de 83 dollars par mois.

Taijuddin, âgé de 35 ans, fait partie de ces ouvriers qui sont partis au Viêt-Nam le 25 décembre 2019 avec la promesse d’un emploi dans une usine d’ameublement payé environ 306 dollars par mois. Après plusieurs mois passés sans avoir assez de nourriture et d’argent et sans pouvoir envoyer des fonds à sa famille, Taijuddin est rentré au Bangladesh le 18 août. D’après son épouse, il aurait déclaré : « Nous sommes arrivés, mais ils nous gardent en quarantaine pendant 14 jours avant de nous relâcher. » Pourtant, au lieu de le laisser rentrer chez lui, les autorités l’ont envoyé à la prison centrale de Dacca, à Keraniganj, le 1er septembre. Sa femme, qui sait maintenant que son mari restera en prison pendant un certain temps, est de plus en plus endettée car elle doit payer les dépenses alimentaires de sa famille et les frais de scolarité de son fils.

Beaucoup de Bangladais deviennent victimes de traite en essayant de trouver un emploi bien rémunéré à l’étranger, surtout dans les pays du golfe Persique. Ils sont exploités par des trafiquants d’êtres humains qui leur promettent un emploi stable et bien rémunéré, puis par des employeurs qui les payent mal et les font travailler énormément en les menaçant de les envoyer en prison pour séjour illégal (voir le document d’ Amnesty International intitulé COVID-19 makes Gulf countries’ abuse of migrant workers impossible to ignore, 30 avril 2020).

Des militants des droits humains au Bangladesh ont déclaré qu’en arrêtant ces travailleurs qui ont déjà purgé leur peine à l’étranger ou subi une expérience traumatisante après avoir été exploités par des trafiquants d’êtres humains, c’est le gouvernement bangladais lui-même qui ternit l’image du pays.

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