Écrire Trois hommes baha’is en détention arbitraire

Trois membres de la communauté baha’i sont détenus de façon arbitraire depuis le 10 août. L’un d’eux a été détenu au secret pendant six semaines. Ils sont tous les trois maintenus en détention sans inculpation. Ils sont des prisonniers d’opinion.

Keyvan Qadari, 43 ans, et ses frères Nadim al Sakkaf, 43 ans, et Nader al Sakkaf, 37 ans, sont détenus sans inculpation depuis le 10 août. Keyvan Qadari a été détenu au secret à l’Agence de sécurité nationale (NSB), un service de renseignements, pendant les six premières semaines, avant d’être autorisé à passer le premier et unique appel téléphonique à sa famille le 23 septembre. Depuis, il n’a plus été autorisé à contacter sa famille ou son avocat, et est de ce fait exposé au risque d’être torturé ou soumis à d’autres mauvais traitements. Des agents du NSB ont menacé Keyvan Qadari et sa famille d’être expulsés vers l’Iran. Nadim al Sakkaf et Nader al Sakkaf ont été autorisés à appeler leur famille pour la première fois le 5 septembre et le 18 octobre respectivement, et ils ont tous les deux été autorisés à recevoir une visite de leur famille le 30 octobre. Amnesty International estime que ces trois hommes ont été arrêtés et placés en détention uniquement en raison de leurs convictions religieuses ou de leurs activités pacifiques menées au nom de la communauté baha’i, qui est une minorité religieuse.

Keyvan Qadari a été arrêté en même temps que 64 autres personnes le 10 août par des agents armés et cagoulés du NSB, lors d’un atelier baha’i pour les jeunes à Sanaa, la capitale du Yémen. Le même jour, Nadim al Sakkaf et Nader al Sakkaf ont été convoqués au NSB puis ils ont également été arrêtés et placés en détention.
Nader al Sakkaf a fait savoir à sa famille le 18 octobre, par téléphone, que lui et son frère avaient été transférés du NSB au Bureau de la sécurité politique (PSO), à Sanaa, où ils sont actuellement détenus. Lors d’une visite de sa famille le 30 octobre, Nader al Sakkaf a confirmé que Keyvan Qadari avait lui aussi été transféré au PSO, où ils partagent maintenant une cellule.

Des agents armés et cagoulés du Bureau national de sécurité (NSB), qui travaille main dans la main avec les autorités armées houthies, ont fait irruption le 10 août dans un atelier de jeunes baha’is à Sanaa. Ils ont arrêté 67 personnes, dont six mineurs, sans mandat d’arrêt. Parmi ces 67 personnes arrêtées figuraient Ruhiyeh Thabet et Nafha Sanai, les épouses de Nadim al Sakkaf et Nader al Sakkaf respectivement. Ruhiyeh Thabet a été remise en liberté le 6 septembre après avoir dû signer un document dans lequel elle s’engageait à « ne pas participer à quelque activité sociale que ce soit inspirée par les Baha’is ». Nafha Sanai a été remise en liberté le 21 août après avoir dû signer un document dans lequel elle s’engageait à « ne pas participer à quelque activité baha’i que ce soit et à ne pas pratiquer une religion à la maison ».

Le NSB a effectué deux descentes aux domiciles de Nadim al Sakkaf et de Nader al Sakkaf depuis leur arrestation, le 4 septembre et le 23 septembre. Au cours de ces descentes, des hommes masqués et armés ont confisqué du matériel électronique, des documents et dossiers personnels et de la littérature baha’i.

Nadim al Sakkaf et Nader al Sakkaf avaient déjà été arrêtés par les autorités houthies en mars 2015 et interrogés au sujet de leur foi et d’autres membres de la communauté baha’i. Ils avaient été remis en liberté sans inculpation deux jours plus tard.

Keyvan Qadari avait déjà été arrêté et placé en détention par les autorités houthies le 20 juin 2008 pour une période de quatre mois, au cours de laquelle il aurait risqué d’être renvoyé de force en Iran. Il a été maintenu en détention au secret pendant 40 jours et remis en liberté sans condition et sans inculpation le 23 octobre 2008.

Dans une autre affaire, Hamid Haydara, un fidèle de la religion baha’i, est actuellement jugé à Sanaa ; il a été arrêté en décembre 2013 et accusé d’avoir tenté de convertir des musulmans à la foi baha’i. Il est également inculpé, entre autres, d’apostasie, de travailler pour le compte du gouvernement israélien et de saper l’indépendance de l’État du Yémen, infractions obligatoirement punies de la peine de mort en vertu de la législation yéménite. La prochaine audience de son procès est prévue pour le 4 décembre 2016.

Les Houthis, principalement issus de la minorité chiite zaïdite installée dans le nord du pays, ont pris le contrôle de plusieurs postes de l’armée et des forces de sécurité à Sanaa en septembre 2014. À la fin de la troisième semaine de janvier 2015, ils avaient attaqué des positions militaires, la résidence présidentielle et des bâtiments gouvernementaux. Le président Abd Rabbu Mansour Hadi et son gouvernement ont alors présenté leur démission, laissant les Houthis prendre de fait le pouvoir dans la capitale et d’autres zones du Yémen. Depuis, les Houthis renforcent leur contrôle sur Sanaa et le reste du pays.

Depuis le début des frappes aériennes menées par la coalition dirigée par l’Arabie saoudite, en mars 2015, on a constaté une augmentation brutale du nombre d’arrestations arbitraires, de placements en détention et de disparitions forcées imputables au groupe armé houthi et aux forces alliées fidèles à l’ancien président Ali Abdullah Saleh. Des centaines de militants, de défenseurs des droits humains et d’autres personnes se réclamant de divers courants politiques – considérés par les Houthis comme leurs opposants – ont été arbitrairement arrêtés, placés en détention et parfois soumis à des actes de torture et d’autres mauvais traitements. Certains ont été victimes de disparition forcée.

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