Écrire La répression à l’égard des manifestant·e·s pacifiques se poursuit

Des centaines de défenseur·e·s des droits humains continuent à être arrêtés, inculpés et poursuivis en justice pour avoir exercé pacifiquement leurs droits fondamentaux et participé à des manifestations appelant à des réformes.

Les autorités persistent à assortir les libérations sous caution de conditions très strictes qui restreignent excessivement le droit des militant·e·s à la liberté de réunion pacifique.

La tendance croissante de la police à utiliser la force de manière excessive et sans discrimination lors des manifestations suscite de vives inquiétudes pour la sécurité des manifestant·e·s.

Dans le but manifeste d’écraser un mouvement réformiste pacifique majoritairement mené par des jeunes, ainsi que les manifestations liées à ce mouvement, qui ont débuté en 2020, le gouvernement thaïlandais continue à réprimer les manifestant·e·s pacifiques. À la suite de nouvelles manifestations contre la gestion de la pandémie de COVID-19 par les autorités, sur fond d’augmentation du taux d’infection dans le pays, les cas d’utilisation excessive, illégale et sans discrimination de la force par la police lors des manifestations se sont multipliés.

Les autorités, de manière arbitraire, arrêtent des défenseur·e·s des droits humains qui ont participé à des manifestations pacifiques ou tenu en ligne des propos favorables à des réformes politiques, constitutionnelles et éducatives, et inculpent ces personnes de nombreuses charges sans fondement, pouvant aboutir à des condamnations à la réclusion à perpétuité.

Les autorités continuent à maintenir arbitrairement en détention des défenseur·e·s des droits humains pendant des périodes prolongées, à imposer des conditions de libération sous caution formulées dans des termes vagues que des fonctionnaires utilisent pour restreindre excessivement les droits des intéressé·e·s, et à annuler des libérations sous caution octroyées. Les violations des droits humains commises contre les manifestant·e·s alimentent de toute évidence un cycle de violations sans fin, les autorités réagissant par de nouvelles mesures de harcèlement judiciaire à l’égard des manifestant·e·s qui réclament la libération de leurs camarades.

Le 8 août, les autorités ont arrêté Anon Nampa, avocat spécialiste des droits humains, Parit Chiwarak (alias « Penguin »), codirigeant de l’UFTD, Panupong Chadnok (alias « Mike ») et Pornsorn Weerathamjaree (alias « Fah »), qui avaient participé le 3 août à une manifestation appelant à la libération d’autres militant·e·s. Le 9 août, les autorités ont arrêté Jatupat Boonpatararaksa (alias « Pai »), ancien prisonnier d’opinion. Toutes ces personnes ont été inculpées d’infraction aux restrictions sur les rassemblements publics liées au COVID-19, entre autres charges, et se sont vu dénier le droit d’être libérées sous caution.

Anon Nampa, de plus, a été inculpé d’atteintes à la monarchie pour avoir appelé à des réformes lors de la manifestation du 3 août 2021. Les autorités ont également annulé la libération sous caution précédemment accordée à Parit Chiwarak et à Anon Nampa, affirmant que la participation d’Anon Nampa aux manifestations et les propos tenus par Parit Chiwarak sur les réseaux sociaux enfreignaient les conditions dont leur libération sous caution était assortie, en vertu desquelles ils devaient s’abstenir de nuire à la monarchie et de participer à des activités de nature à provoquer des troubles.

Le 15 septembre 2021, les autorités ont accordé à Parit Chiwarak (alias « Penguin »), Panupong Chadnok (alias « Mike ») et Porsorn Weerathamjee (alias « Fah »), ainsi qu’à deux autres personnes, une libération sous caution assortie du port d’un dispositif électronique de localisation. Cependant, elles n’ont pas libéré Parit Chiwarak, qui est maintenu en détention en raison de charges de sédition antérieures, pour lesquelles les autorités avaient annulé sa libération sous caution. Le 23 septembre, les autorités ont à nouveau arrêté Panupong Chadnok, après l’avoir inculpé de nouvelles charges d’outrage à la monarchie et d’infractions informatiques en lien avec une publication de novembre 2020 sur Facebook. Les autorités ont rejeté sa demande de libération sous caution, il est donc maintenu en détention.

Anon Nampa, Jatupat Boonpattararaksa, Parit Chiwarak et Panupong Chadnok ont déjà été arrêtés à plusieurs reprises depuis 2020, y compris, dernièrement, au début de l’année 2021, leur droit à la libération sous caution leur ayant été dénié pendant 113, 47, 93 et 85 jours respectivement, pour des charges liées à leur participation à des manifestations pacifiques et à leurs discours ou propos sur la monarchie. Pendant cette période, Parit Chiwarak a observé une grève de la faim pour dénoncer le refus persistant et répété du tribunal d’octroyer une libération sous caution.

Les autorités ont retenu de nouvelles charges de lèse-majesté contre Piyarat Chongthep (alias « Toto »), organisateur du service de sécurité des manifestations, en mai 2021, ainsi que contre Chaiamorn Kaewwiboonpan (alias « Ammy »), chanteur, et Pornsorn Weerathamjaree (alias « Fah ») en juin 2021, parce qu’ils avaient manifesté devant un poste de police pour la libération d’un militant arrêté. Wanwale Thammasattaya (alias « Tee ») et Siraphop Phumphuenghphut (alias « Kha Nun ») sont également en liberté sous caution.

La majorité des actions de protestation menées par les jeunes ont été pacifiques, mais au cours de certaines manifestations, une minorité de participants ont commis des actes illégaux, y compris des actes de violence, qui se sont récemment intensifiés et ont donné lieu à une violence accrue de la part des autorités. La police antiémeutes a recouru à des méthodes de contrôle des foules souvent contraires aux droits des manifestant·e·s. Elle a réagi par un usage aveugle et illégal de la force pour disperser les manifestations, recourant à des gaz lacrymogènes, des canons à eau additionnée de produits chimiques, des passages à tabac et des balles en caoutchouc. Un nombre important de manifestant·e·s étaient mineurs.

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