Écrire Un militant pakistanais réapparaît après avoir disparu

Seengar Noonari, secrétaire au Travail du Parti awami des travailleurs (AWP) et militant de longue date est rentré dans sa famille le 1er août 2021 après avoir « disparu » pendant cinq semaines. Il a été libéré sans inculpation, après avoir été enlevé chez lui, au milieu de la nuit, en présence de sa femme et de ses enfants.

Seengar Noonari avait mobilisé la population locale pour lutter contre l’accaparement illégal de terres par un promoteur immobilier privé.

Les personnes qui le soutiennent pensent que c’est pour cette raison qu’il avait « disparu ».

Seengar Noonari, militant associatif qui se consacre au travail social et s’emploie à améliorer la situation de la population locale, a été enlevé à son domicile le 26 juin à 3 heures du matin par une quinzaine d’hommes armés. Se remémorant les événements, Fouzia, l’épouse de Seengar Noonari, a raconté à Amnesty International qu’ils étaient avec leurs enfants âgés de 15 mois à 10 ans, lorsque ces hommes ont fait irruption chez eux et ont saccagé leur maison. Ils se sont emparés de deux téléphones portables, d’un dispositif d’accès à Internet, d’une clé USB et de quelques livres avant de bander les yeux de Seengar Noonari et de l’emmener avec eux.

Son épouse Fouzia a déposé une requête auprès de la haute cour du Sind le 2 juillet, demandant que son mari soit déféré à un tribunal. Des ordonnances, assorties d’un délai fixé au 13 juillet, ont alors été envoyées à la police du Sind, au chef des Rangers (une force paramilitaire sous le commandement de l’armée pakistanaise) et au responsable du poste de police de Nasirabad, ainsi qu’aux vice-procureurs généraux et aux procureurs généraux adjoints. Elles n’ont pas été suivies d’effet.

Outre les efforts de Fouzia, le Parti awami des travailleurs (AWP), organisation politique dont Seengar Noonari est membre depuis 2009, a organisé des actions quotidiennes à travers le pays pour réclamer son retour, sous forme de manifestations, de conférences de presse et d’actions en ligne. Seengar Noonari a été relâché près du district de Khairput. Aucune autre information sur ce qu’il a subi n’a été révélée.

Le Parti awami des travailleurs et Fouzia attribuent la réapparition de Seengar Noonari à la fois à leur mobilisation et à l’attention portée à cette affaire au niveau international. Son épouse a déclaré que son retour était comme lorsque « le Jour de l’Aïd arrive ».

Au Pakistan, la disparition forcée est utilisée pour museler la dissidence. Les personnes visées collectivement ou individuellement par les disparitions forcées sont notamment des membres des groupes ethniques sindhi, baloutche et pachtoune et de la communauté chiite, des militant·e·s politiques, des défenseur·e·s des droits humains, des membres et sympathisant·e·s de groupes religieux et nationalistes, ainsi que des membres présumés de groupes armés ou encore d’organisations religieuses ou politiques interdites au Pakistan.

Le gouvernement actuel, dirigé par Imran Khan, a promis d’ériger en infraction les disparitions forcées. Après que des familles de victimes ont organisé un sit-in en février 2021 pendant plusieurs jours, Imran Khan les a rencontrées et s’est engagé à mettre fin à cette pratique. Selon les associations de victimes, un certain nombre de personnes sont réapparues ces derniers mois. Cependant, ces réapparitions ont manifestement un caractère ponctuel ; de plus, les victimes sont réticentes à parler de ce qu’elles ont vécu et ne portent jamais plainte. Shireen Mazari, la ministre fédérale des Droits humains, a déposé en juin 2021 à l’Assemblée nationale un projet de loi érigeant en infraction les disparitions forcées, mais la pratique se poursuit dans le pays en toute impunité.

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