Écrire Un militant maintenu en détention alors que sa libération a été ordonnée

Saïkou Yaya Diallo, chargé des questions juridiques au Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), se trouve toujours en détention arbitraire, bien que le tribunal ait ordonné sa libération à deux reprises. Il est incarcéré à la prison de Conakry, la capitale de Guinée, pour des accusations forgées de toutes pièces de « voie de fait, violences, menaces et injures publiques ».

Souffrant de diabète chronique, Saïkou Yaya Diallo, dans le contexte de la pandémie du COVID-19, est exposé à un risque accru de contracter le virus. Il doit être libéré immédiatement et sans condition.

Le 25 mars 2020, une personne soupçonnée d’appartenir aux services de renseignement du gouvernement et ayant affirmé être une journaliste a été identifiée par des membres du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) lors d’une conférence de presse se déroulant au siège du Parti des démocrates pour l’espoir (PADES), dans le quartier de Ratoma, à Conakry. Des membres du FNDC, parmi lesquels Saïkou Yaya Diallo, ont mis l’agente présumée en sécurité dans un bureau, et lui ont demandé pourquoi elle était venue et qui l’avait envoyée. Saïkou Yaya Diallo a appelé un huissier afin qu’il constate la présence de cette agente du renseignement sur place.

Des membres du FNDC ont assuré qu’elle pourrait repartir après la conférence de presse, afin d’éviter la foule se trouvant à l’extérieur, de crainte qu’elle ne soit agressée par des militant·e·s de l’opposition, en représailles de la mort de 12 personnes tuées par les forces de sécurité la semaine précédente à la suite d’élections controversées. La police a ensuite effectué une descente au siège du PADES et procédé à l’arrestation de 11 personnes, parmi lesquelles Aïcha Barry, porte-parole du collectif des femmes du FNDC. Aïcha Barry a été inculpée de « séquestration, violences et agression ».

Après huit jours de détention à la Direction centrale de la police judiciaire, elle a été remise en liberté sous contrôle judiciaire. Selon un entretien accordé par le directeur général des services de police au site d’information en ligne mediaguinée.com, l’agente des renseignements présumée n’est en fait ni policière ni membre des services de renseignement, mais fonctionnaire au ministère de la Sécurité.

Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) est une coalition d’organisations non gouvernementales (ONG) et de partis d’opposition qui ont boycotté le référendum en mars 2020. Il organise depuis octobre 2019 des manifestations contre le projet gouvernemental de révision de la Constitution. La nouvelle Constitution modifie le nombre maximal de mandats présidentiels, permettant à l’actuel président, Alpha Condé, de briguer un troisième mandat. Le jour de son arrestation, Saïkou Yaya Diallo prévoyait de participer à une émission de radio afin de parler de la plainte déposée par le FNDC contre le président Alpha Condé.

Amnesty International a recueilli des informations faisant état de graves violations des droits humains commises par les forces de défense et de sécurité dans plusieurs villes du pays. Depuis le début de l’année 2020, plusieurs personnes ont été victimes d’homicides illégaux et d’arrestations arbitraires. Les forces de sécurité ont fréquemment recours à une force excessive contre des manifestant·e·s pacifiques et des passant·e·s. Depuis 2019, des dirigeant·e·s de mouvements en faveur de la démocratie et de nombreux manifestant·e·s ont été arrêtés arbitrairement, déclarés coupables et condamnés.

Amnesty International a fait campagne en faveur d’Oumar Sylla (alias Foniké Mengué), membre du FNDC et militant prodémocratie, qui a été maintenu en détention arbitraire pendant près de quatre mois, dans le seul but d’entraver le travail du FNDC contre la nomination par le parti au pouvoir du président Alpha Condé pour briguer un troisième mandat. Le 27 août, le tribunal l’a acquitté de toutes les charges retenues contre lui et a ordonné sa libération.

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