Écrire Une journaliste travaillant sur le covid-19 torturée pour avoir révélé la vérité

La journaliste citoyenne Zhang Zhan, qui a réalisé des reportages sur le COVID-19 depuis Wuhan à partir de février 2020, a été arrêtée et inculpée d’« avoir cherché à provoquer des conflits et troublé l’ordre public ».

Zhang Zhan a été portée disparue le 15 mai à Wuhan. Il a ensuite été révélé qu’elle était détenue par la police à Shanghai, à plus de 640 km de Wuhan. Au Centre de détention du nouveau district de Pudong, à Shanghai, Zhang Zhan aurait été nourrie contre son gré par l’administration pénitentiaire après avoir commencé une grève de la faim. Elle est également entravée et cela fait plus de trois mois qu’elle a les mains liées 24 heures sur 24.

Sa santé et son bien-être suscitent de vives préoccupations et il est fort à craindre qu’elle ne subisse à nouveau des actes de torture et d’autres mauvais traitements.

Ancienne avocate, Zhang Zhan est une journaliste citoyenne qui s’exprime activement sur la politique et les questions liées aux droits humains en Chine. En février 2020, elle s’est rendue à Wuhan, qui était alors le centre de l’épidémie de COVID-19 en Chine. Elle a utilisé des plateformes en ligne (notamment WeChat, Twitter et YouTube) pour rendre compte de l’arrestation d’autres journalistes indépendants et du harcèlement à l’égard de familles de victimes.

Selon des informations communiquées par l’avocat chargé de la défendre, Zhang Zhan a entamé une grève de la faim en septembre 2020 pour dénoncer sa détention et clamer son innocence. Malgré sa volonté de poursuivre cette action de protestation, les autorités du centre de détention auraient commencé à la nourrir contre son gré au moyen d’une sonde, et ses compagnes de cellule auraient également participé à son alimentation forcée. L’avocat de Zhang Zhan a indiqué qu’elle était très faible physiquement et qu’elle souffrait de douleurs à l’estomac, de vertiges et de faiblesse quand elle marchait. Toujours selon l’avocat, Zhang Zhan est forcée de porter des entraves aux pieds et cela fait plus de trois mois qu’elle a les mains attachées 24 heures sur 24.

Les journalistes citoyens ont été la principale, sinon la seule, source d’informations non censurées et de première main sur l’épidémie de COVID-19 en Chine. Ils ne sont guère nombreux car ils ne peuvent pas obtenir l’accréditation officielle requise pour rendre compte de l’actualité. Les journalistes citoyens en Chine sont constamment harcelés et réprimés parce qu’ils font état d’informations censurées par le gouvernement et les répandent.

Selon de nombreuses sources, des journalistes indépendants et des militant.es ont été harcelés par les autorités pour avoir partagé des informations relatives au COVID-19 sur les réseaux sociaux. Parmi ces personnes, on peut notamment citer Chen Qiushi, avocat et journaliste citoyen connu pour son franc-parler, qui a dit avoir été harcelé par les autorités après avoir mis en ligne des séquences vidéo filmées dans des hôpitaux de Wuhan, ainsi que Fang Bin, habitant de Wuhan, qui a été détenu brièvement par les autorités après avoir diffusé une vidéo montrant, semble-t-il, les corps sans vie de personnes ayant succombé au COVID-19.

Depuis le début de l’épidémie en Chine, de nombreux articles consacrés au COVID-19 ont été censurés, dont des textes publiés par des organes de presse grand public, comme Caijing (财经) et une filiale du Beijing Youth Daily (北京青年报). Des publications sur les réseaux sociaux, des hashtags liés à des sujets sensibles et des appels au respect de la liberté d’expression ont rapidement été supprimés ou censurés.

« Chercher à provoquer des conflits et troubler l’ordre public » (寻衅滋事罪) est une infraction qui est définie de manière floue et générale à l’article 293 du Code pénal chinois et qui est largement utilisée contre les militant.es et les défenseur.es des droits humains. Elle se limitait initialement aux actes ayant perturbé l’ordre dans des lieux publics mais son champ d’application a été élargi en 2013, de sorte qu’Internet est aussi concerné désormais. Toute personne déclarée coupable de cette infraction encourt jusqu’à cinq ans d’emprisonnement.

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