Écrire Une journaliste incarcérée accusée de terrorisme

Le 30 août 2020, la journaliste et défenseure des droits humains injustement incarcérée Esraa Abdelfattah a comparu devant le service du procureur général de la sûreté de l’État (SSSP), pour répondre à des accusations d’« adhésion à un groupe terroriste » dans le cadre d’une affaire récemment intentée (n° 855/2020).

Dans la nuit du 12 octobre 2019, Esraa Abdelfattah a été enlevée alors qu’elle se trouvait à bord de son véhicule, et a été conduite dans un lieu de détention tenu secret géré par l’Agence de sécurité nationale. Elle n’a pas été autorisée à contacter sa famille ni ses avocats. D’après le récit d’Esraa Abdelfattah, un membre de l’Agence de sécurité nationale a menacé de la torturer lorsqu’elle a refusé de lui donner l’accès à son téléphone mobile.

Plusieurs hommes sont alors entrés dans la pièce où elle était détenue et se sont mis à la frapper au visage et sur le corps. Le même agent est alors revenu et lui a ordonné de déverrouiller son portable. Elle a de nouveau refusé. Il lui a alors retiré son sweatshirt, lui a noué autour du cou et a menacé de l’étrangler, en lui disant : « Ton téléphone ou la vie », jusqu’à ce qu’elle lui fournisse son mot de passe. Puis il lui a menotté les poignets et les chevilles pour l’empêcher de s’asseoir ou de s’agenouiller, et l’a gardée dans une position debout pendant près de huit heures.

Un autre agent l’a avertie qu’elle subirait d’autres actes de torture si elle racontait quoi que ce soit au procureur. Le lendemain, elle a raconté ce qu’elle avait subi au service du procureur général de la sûreté de l’État, mais les procureurs ont rejeté sa plainte et n’ont pas ordonné d’investigations. Peu après son arrestation, Esraa Abdelfattah a entamé une grève de la faim pour protester contre sa détention et le traitement qui lui était réservé. Le 22 novembre 2019, elle l’a suspendue du fait de la détérioration de son état de santé.

L’affaire initiale intentée contre Esraa Abdelfattah (n° 488/2019) inclut la défenseure des droits humains et avocate Mahienour el Masry, le responsable politique Khalid Dawoud et le professeur de sciences politiques Hassan Nefea. À ce jour, le service du procureur général de la sûreté de l’État n’a présenté aucune preuve à son encontre, si ce n’est un dossier d’enquête de l’Agence de sécurité nationale, que ni Esraa ni ses avocats n’ont pu consulter.

Le 10 mars 2020, les autorités égyptiennes ont suspendu toutes les visites en prison en raison des craintes liées au COVID-19. Le ministère de l’Intérieur a annoncé le 15 août la reprise des visites le 22 août, en conservant certaines restrictions.

Le 24 août, la sœur d’Esraa Abdelfattah a été autorisée à lui rendre visite. Elle a appris qu’Esraa avait été conduite à l’hôpital de la prison d’al Qanater le 23 août, à cause d’une hémorragie. Esraa lui a expliqué qu’elle souffre aussi de problèmes liés à une pression sanguine irrégulière et de difficultés respiratoires qui nécessitent de l’oxygène à l’hôpital de la prison.

Esraa Abdelfattah comptait parmi les premiers défenseur·e·s des droits humains en Égypte à faire l’objet d’une interdiction de voyager dans le cadre de l’affaire n° 173, dite « affaire des financements étrangers » des ONG. Le 13 janvier 2015, les autorités l’ont empêchée de monter à bord d’un avion à l’aéroport international du Caire. Depuis, au moins 30 autres défenseur·e·s des droits humains et membres de la société civile se sont vus interdire de voyager en lien avec l’affaire n° 173.

Esraa Abdelfattah compte aussi parmi des défenseurs des droits humains de renom arrêtés au lendemain des rares manifestations antigouvernementales qui ont éclaté le 20 septembre 2019.

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