Écrire Une femme et son fils risquent d’être envoyés dans un camp de prisonniers

Une femme identifiée par la Chine comme étant Lee Su-jung (24 ans) et son fils (4 ans) ont été renvoyés de force en Corée du Nord le 17 novembre après avoir été détenus près de deux semaines en Chine, et risquent d’être placés en détention arbitraire et de subir des actes de torture ou d’autres mauvais traitements, voire une exécution.

Lee Su-jung et son fils sont actuellement détenus dans un centre de détention de Sinuiju géré par le ministère de la Sûreté de l’État (anciennement Département de la Sûreté de l’État) de la Corée du Nord, avec huit autres Nord-Coréens qui ont été renvoyés de force de Chine. Les autorités ont été en contact avec les proches de Lee Su-jung et l’accusent de trahison pour avoir quitté son pays.

Lee Tae-won, le mari de Lee Su-jung, a également été informé par un ami que sa femme et son fils avaient été renvoyés à Sinuiju, une ville à la frontière entre la Chine et la Corée du Nord le 17 novembre, après 13 jours de détention à Shenyang et peut-être Dandong, en Chine. Cette même personne a également indiqué que Lee Su-jung était en mauvaise santé et qu’elle et son fils pourraient être transférés vers une autre ville en Corée du Nord au début du mois de décembre avec les huit autres personnes.

La trahison est considérée comme un crime contre l’État et relève de la compétence du ministère de Sûreté de l’État, qui gère également le système de camps pour prisonniers politiques. Il est très probable que Lee Su-jung, son fils et les huit autres personnes renvoyées en Corée du Nord soient envoyés dans un de ces camps sans bénéficier d’un procès équitable, et ils pourraient être soumis à des travaux forcés ou à des actes de torture ou d’autres mauvais traitements. Lee Su-jung risque également d’être exécutée, car la peine de mort peut être infligée aux personnes de plus de 18 ans accusées de trahison.

En février 2014, la Commission d’enquête sur les droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée [ONU] a publié un rapport intitulé Report of the detailed findings of the Commission of Inquiry on human rights in the Democratic People’s Republic of Korea (rapport de la CoI). Ce rapport présente des informations sur les violations des droits humains systématiques, généralisées et graves commises dans ce pays. Des Nord-Coréens, individuellement ou en famille, ont fui la Corée du Nord pour échapper à des persécutions motivées par des considérations politiques ou religieuses. Pour beaucoup d’autres, traverser clandestinement la frontière entre la Corée du Nord et la Chine est la seule solution pour trouver de la nourriture et du travail.

Les autorités chinoises ne considèrent pas les Nord-Coréens qui franchissent la frontière sans autorisation préalable comme des demandeurs d’asile, mais comme des migrants économiques en situation irrégulière. En cas d’arrestation, ces personnes font l’objet de retours forcés en Corée du Nord. Selon plusieurs sources, dont Human Rights Watch, la Chine a arrêté au moins 51 réfugiés nord-coréens depuis juillet 2017, et en a renvoyé de force au moins 47 sur les 102 qui, d’après ces estimations, ont été arrêtés depuis juillet 2016 (dont les 10 personnes dont il est question dans ce document).

D’après les informations de son mari, Lee Su-jung est accusée de trahison. Au titre du Code pénal de la Corée du Nord, les personnes déclarées coupables de trahison peuvent être condamnées à des travaux forcés ou à la peine de mort. La trahison est un crime contre l’État et relève donc de la compétence du ministère de la Sûreté de l’État, et non pas du ministère de la Sécurité publique, qui traite les crimes de droit commun et gère les forces de police et le système de prisons ordinaires. Le Ministère de la Sûreté de l’État (appelé Département de la Sûreté de l’État jusqu’en juin 2016) est une agence autonome du gouvernement nord-coréen qui serait sous le commandement direct de Kim Jong-un. Il gère le système de camps de prisonniers et dispose d’un bureau de la sécurité des frontières qui est chargé d’identifier les personnes essayant de fuir le pays.

Environ 120 000 personnes sont détenues dans les quatre camps pour prisonniers politiques et sont soumises à des travaux forcés, à des actes de torture, à des privations de nourriture et à d’autres mauvais traitements. Certaines des violations commises s’apparentent à des crimes contre l’humanité d’après le rapport de la CoI, mais aucune mesure permettant d’assurer l’obligation de rendre des comptes n’a été prise depuis la publication du rapport. De nombreux prisonniers de ces camps n’ont été déclarés coupables d’aucune infraction pouvant être considérée comme une infraction pénale au titre du droit international, mais sont détenus arbitrairement au titre de la « culpabilité par association » ou parce que certains de leurs proches sont considérés comme une menace pour les pouvoirs publics.

Le gouvernement nord-coréen nie l’existence de camps de prisonniers politiques, bien que des témoignages aient été recueillis auprès de personnes ayant été victimes de violations des droits humains dans ces camps et que des images satellite montrent que les camps sont toujours en activité.

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