Écrire Des centaines de Roms risquent une expulsion forcée

Quelque 1 300 Roms roumains risquent à tout moment d’être expulsés de force du campement non autorisé de Gianturco, à Naples (sud de l’Italie). Environ 200 d’entre eux seront relogés par la municipalité dans un nouveau campement spécifiquement construit pour les Roms, à Via del Riposo. Les autres risquent de se retrouver sans abri. Les autorités municipales, jusqu’ici, n’ont pas mené de véritable consultation pour identifier des solutions de relogement adaptées.
Environ 1 300 Roms roumains, dont des centaines d’enfants et de personnes âgées, malades et handicapées, risquent à tout moment de se retrouver sans abri (d’après la municipalité, 850 personnes vivent dans le campement, mais les intéressés et les ONG ont donné une estimation plus élevée). Ces personnes vivent actuellement dans le campement non autorisé de Gianturco, dans la ville de Naples (sud de l’Italie). Certaines familles se sont réinstallées à Gianturco en 2011 car le campement où elles habitaient auparavant avait été incendié par des inconnus ; d’autres familles sont arrivées plus récemment.
Une décision de justice ordonnant que ces Roms soient expulsés du terrain privé où se trouve le campement a été rendue en janvier 2016. Elle prévoyait que l’expulsion aurait lieu dans un délai de 30 jours. Certaines des familles ont été notifiées de l’ordonnance d’expulsion, mais beaucoup d’habitants disent n’avoir jamais reçu de document à ce sujet. La municipalité a confirmé à Amnesty International que seuls certains habitants du campement avaient été notifiés de la procédure judiciaire par le tribunal. La municipalité a réussi à négocier avec les autorités judiciaires plusieurs reports de la date limite fixée pour l’expulsion ; cependant, le 27 février 2017, elle a fait savoir à Amnesty International qu’aucune report supplémentaire n’était possible et que l’expulsion était sur le point d’avoir lieu.
Bien qu’elle ait eu plus d’un an pour le faire, la municipalité n’a mené aucune consultation réelle en vue d’explorer toutes les solutions envisageables pour éviter l’expulsion ni les options permettant de reloger la totalité des intéressés. Selon les informations recueillies par Amnesty International, la municipalité prévoit de déplacer environ 200 des personnes concernées vers un nouveau campement spécifiquement destiné aux Roms, actuellement en cours de construction à Via del Riposo, également à Naples, avec des fonds fournis par la municipalité et par le ministère de l’Intérieur. La municipalité a indiqué que de petits appartements confisqués à des réseaux de criminalité organisée serviraient à reloger certains des habitants du campement de Gianturco. Elle offre également à 25 familles 75 000 euros au total, à titre de soutien temporaire, pour qu’elles puissent louer des logements privés, sous réserve de certaines conditions. Cependant, la municipalité a reconnu que des centaines de personnes, dont des enfants, ne bénéficieraient pas de solution de relogement et risquaient donc de se retrouver sans abri.

Entre 850 et 1 300 adultes et enfants vivent dans le campement non autorisé de Gianturco, souvent dans des baraquements qu’ils ont construits eux-mêmes au moyen de briques, de bois et de tôles. Des dizaines de familles s’y sont installées parce que le campement dans lequel elles vivaient auparavant avait été incendié par des inconnus, en 2011. Leur campement précédent se trouvait à Via del Riposo, où la municipalité construit actuellement un nouveau camp, spécifiquement destiné aux Roms, pour héberger certaines des familles de Gianturco.
Ces derniers mois, les habitants du campement ont signalé que les forces de l’ordre avaient procédé à nombre de contrôles et perquisitions, suivis de la saisie de réserves de nourriture ainsi que de voitures, de charrettes, de scooters et de chariots que les familles utilisaient pour transporter du matériel recyclable récupéré en ville. Ils ont également fait état d’un harcèlement de la part de membres des forces de l’ordre, qui leur ont enjoint à maintes reprises de quitter les lieux. Les moyens de subsistance des habitants du campement sont considérablement réduits depuis que les autorités leur ont interdit de tenir un marché informel de biens usagés sur la place du campement.
Le 27 février 2017, la municipalité a indiqué à Amnesty International que l’expulsion aurait lieu prochainement. Aucune date précise n’a été communiquée à Amnesty International, ni aux habitants. Le projet de relogement de la municipalité prévoit les mesures suivantes :
 un nouveau campement autorisé, en cours de construction à Via del Riposo, est destiné à accueillir 36 à 40 familles (environ 200 personnes). Les autorités n’ont pas précisé le nombre exact de familles dont le transfert dans ce campement est prévu, et n’ont pas donné d’informations détaillées sur les critères retenus pour sélectionner ces familles ni sur la procédure suivie à cet effet. La municipalité a déclaré à Amnesty International que des familles comprenant des enfants scolarisés, des personnes âgées et des personnes particulièrement vulnérables feraient partie des familles relogées dans le campement. Cependant, de nombreuses familles, au cours des entretiens, se sont dites inquiètes de ne pas avoir été informées du sort qui serait le leur une fois qu’elles auraient été expulsées de Gianturco ;
 la municipalité propose 75 000 euros au total à 25 familles roms établies à Naples (pas uniquement des habitants du campement de Gianturco menacés d’expulsion). Pour bénéficier de cette offre, les familles doivent signer un accord par lequel elles s’engagent à participer à des programmes de travail, à faire le nécessaire pour que leurs enfants soient scolarisés, à ne pas rester dans des centres et campements roms, autorisés ou non, et à ne pas commettre d’infraction. Nombre de Roms ont dit craindre de ne pas pouvoir bénéficier de ce programme, car il les oblige à avancer les frais de location, qui ne leur sont remboursés que plus tard, à hauteur de 3 000 euros maximum par famille. Beaucoup ont expliqué qu’en raison de leur situation précaire en matière d’emploi, ils ne seraient pas durablement en mesure de louer un logement privé et de supporter les coûts y afférents dans leur situation actuelle ;
 un certain nombre de petits appartements confisqués aux réseaux de criminalité organisée seront également utilisés pour reloger des habitants du campement de Gianturco. Cependant, aucune précision n’a été communiquée quant au nombre de ces logements, aux critères de sélection des personnes à qui ils seraient attribués ni aux conditions à remplir pour y accéder.
Amnesty International constate que les options de logement décrites ci-dessus n’offrent pas de solution de rechange à la totalité des habitants actuels du campement de Gianturco, même si l’on se fonde sur le nombre de 850 personnes correspondant à l’estimation basse des autorités. De plus, le nouveau campement spécifiquement destiné aux Roms, principale solution de relogement prévue pour environ 200 des habitants, a un caractère discriminatoire et va à l’encontre des obligations internationales et régionales de l’Italie en matière de droits humains, notamment de la Directive de l’Union européenne relative à l’égalité de traitement sans distinction de race ou d’origine ethnique.
L’Italie est partie à plusieurs traités internationaux et régionaux relatifs aux droits humains qui interdisent les expulsions forcées. Ce terme désigne des expulsions réalisées sans notification adéquate, sans réelle consultation des personnes concernées, sans garanties juridiques et sans mesures de relogement adaptées. D’après les éléments de preuve recueillis par Amnesty International, ces garanties ne sont manifestement pas réunies pour l’expulsion prochaine des habitants du campement de Gianturco, ce qui fait que les autorités violeraient les obligations qui leur incombent en vertu d’une série de traités internationaux et régionaux relatifs aux droits humains.
L’expulsion forcée envisagée très prochainement et le projet à long terme de déplacer les familles dans un campement mono-ethnique spécialement construit pour les Roms vont à l’encontre de l’engagement pris par l’Italie dans sa Stratégie nationale d’intégration des Roms, adoptée en 2012, de mettre fin à la ségrégation des Roms dans les camps. Amnesty International a fourni de nombreux éléments de preuve à la Commission européenne et l’a appelée à maintes reprises à engager une procédure contre l’Italie, au titre de la directive de l’UE sur l’égalité raciale, pour discrimination en matière de logement à l’égard des Roms, prenant notamment la forme d’expulsions forcées et de ségrégation dans des camps.
Noms : Des famillies roms (adultes et enfants) qui risquent à tout moment d’être expulsées de force d’un campement non autorisé à Gianturco.
Hommes et femmes

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