Écrire Arif Yunus libéré dans l’attente d’une audience d’appel

Le prisonnier d’opinion azerbaïdjanais Arif Yunus a été libéré de prison le 12 novembre pour raisons médicales, dans l’attente d’une audience d’appel dans l’affaire pénale engagée à son encontre. Son épouse, la prisonnière d’opinion Leyla Yunus est toujours emprisonnée. Tous deux encourent de lourdes peines d’emprisonnement.

La Cour d’appel de Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan, a libéré sous condition Arif Yunus le 12 novembre. La cour a fondé sa décision sur un rapport médical qui indique que l’état de santé d’Arif Yunus se dégrade en raison d’un problème d’hypertension et qu’il ne pourrait pas bénéficier des soins adaptés en prison. La cour a imposé une interdiction de voyager à Arif Yunus, qui n’est pas autorisé à quitter Bakou.

L’épouse d’Arif Yunus, la défenseure azerbaïdjanaise des droits humains Leyla Yunus, demeure en prison. Amnesty International la considère comme une prisonnière d’opinion. Son état de santé est également inquiétant : Leyla Yunus souffre de diabète et est atteinte de l’hépatite C. Sa vision de l’œil gauche est réduite. Elle n’a pas reçu de soins médicaux adéquats en détention et les autorités ont refusé de la transférer à l’hôpital ou de la libérer pour raisons médicales.

Le tribunal chargé des crimes graves, à Bakou, a déclaré Leyla et Arif Yunus coupables de « fraude » et d’autres prétendus crimes liés à leur travail au sein d’une ONG, et les a condamnés le 13 août 2015 respectivement à huit ans et demi et sept ans de prison. Une fausse accusation de trahison vise également le couple, mais elle a été transmise à un autre tribunal pour examen. À moins que leurs condamnations ne soient annulées en appel, Leyla et Arif Yunus devront purger de lourdes peines d’emprisonnement.

Action complémentaire sur l’AU 182/14, EUR 55/2888/2015, 17 novembre 2015

Leyla Yunus est la présidente de l’Institut pour la paix et la démocratie, une ONG azerbaïdjanaise. Elle a été arrêtée le 30 juillet 2014 pour de fausses accusations de trahison (pour avoir soi-disant espionné pour le compte de l’Arménie), d’évasion fiscale, de fabrication de faux, de fraude et d’avoir effectué des transactions illégales liées à une subvention que son ONG a reçue et que les autorités l’ont empêchée d’enregistrer. Son mari, Arif Yunus, a été appréhendé le 5 août 2014, également pour des accusations forgées de toutes pièces. Ils ont été condamnés le 13 août 2015 respectivement à des peines d’emprisonnement de huit ans et demi et sept ans.

Leyla et Arif Yunus souffrent de graves problèmes de santé et leur état a continué de se dégrader en détention. Lors de l’audience du 13 août 2015, Arif Yunus a perdu connaissance. Il a eu deux AVC en avril 2014. Leyla Yunus a déclaré avoir été menacée, harcelée et maltraitée après avoir demandé des soins en raison de sa santé qui se dégradait.
Amnesty International est préoccupée de longue date par le fait que les autorités azerbaïdjanaises ne protègent pas les droits aux libertés d’expression, d’association et de réunion, en violation de leurs obligations au regard du droit international. Les personnes qui, dans le pays, expriment des opinions dissidentes sont fréquemment la cible d’accusations forgées de toutes pièces, d’agressions, de harcèlement, de chantage ou d’autres représailles de la part des autorités et des groupes qui leur sont liés. Les responsables de l’application des lois recourent régulièrement à la torture et à d’autres mauvais traitements contre des militants de la société civile, en toute impunité.

Amnesty International considère au moins 19 personnes comme des prisonniers d’opinion en Azerbaïdjan, incarcérés seulement pour avoir exercé pacifiquement leur droit à la liberté d’expression. Pour en savoir plus : Critical human rights situation in Azerbaijan further worsening ahead of 2015 election (https://www.amnesty.org/en/documents/eur55/2787/2015/en/), Azerbaijan : the Repression Games : The voices you won’t hear at the first European Games (https://www.amnesty.org/en/documents/eur55/1732/2015/en/), Azerbaijan : Guilty of Defending Rights : Azerbaijan’s human rights defenders and activists behind bars (https://www.amnesty.org/en/documents/eur55/1077/2015/en/) et Behind bars : Silencing dissent in Azerbaijan (http://www.amnesty.org/en/library/info/EUR55/004/2014/en).

Des représentants d’Amnesty International, ainsi que de plusieurs organisations internationales de défense des droits humains et médias internationaux, se sont vus refuser l’entrée en Azerbaïdjan en 2015. Le 7 octobre, la délégation d’Amnesty International n’a pas été autorisée à entrer dans la pays et a été expulsée de l’aéroport international Heydar Aliyev de Bakou.

En juin 2015, Bakou, la capitale de l’Azerbaïdjan, a accueilli la première édition des Jeux Européens. Près de 6 000 athlètes européens ont participé à ces Jeux de 2015, première manifestation multisports européenne. Le 25 juillet 2014, peu de temps avant son arrestation, Leyla Yunus avait organisé une conférence de presse au cours de laquelle elle avait appelé à un boycott international des Jeux Européens en raison du bilan désastreux de l’Azerbaïdjan sur le plan des droits humains.

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