Écrire Des personnes albinos toujours en danger

Le corps d’un adolescent albinos porté disparu depuis le 24 avril au Malawi a été retrouvé au Mozambique, les mains et les pieds tranchés. Au Malawi, des milliers de personnes albinos vivent dans la peur d’être enlevées ou tuées car les parties de leur corps font l’objet d’un trafic lié à des pratiques rituelles.

David Fletcher, un adolescent albinos, était parti assister à un match de football sur le terrain de Tete, dans le village de Nambirikira (Malawi), lorsqu’il a disparu, le 24 avril. Il a été vu pour la dernière fois en compagnie d’un camarade, toujours porté disparu. Son corps a été retrouvé au Mozambique, les mains et les pieds tranchés. Il aurait été vendu à un guérisseur dans ce pays. Deux hommes sont en garde à vue pour homicide.

Au Malawi, des milliers de personnes albinos vivent dans la peur d’être enlevées ou tuées car les parties de leur corps font l’objet d’un trafic lié à des pratiques rituelles. Les homicides rituels de personnes albinos reposent sur l’idée que leurs os et les parties de leur corps apporteraient la prospérité. À la connaissance d’Amnesty International, au moins 14 ont été assassinées dans ce pays et cinq enlevées depuis décembre 2014. On ignore toujours où se trouvent ces dernières. Entre décembre 2014 et mai 2016, 69 autres actes de violence visant des personnes albinos ont été signalés, notamment des enlèvements et des profanations de tombe dans le but de rechercher les ossements des défunts albinos.

L’albinisme est une maladie héréditaire congénitale, rare et non contagieuse. Les deux parents sont nécessairement porteurs du gène défaillant, même s’ils ne sont pas albinos. Il s’agit d’une pathologie qui touche aussi bien les hommes que les femmes de tous les continents, quelle que soit leur origine. Elle se caractérise par une absence de pigmentation (mélanine) au niveau des cheveux, de la peau et des yeux, qui entraîne une sensibilité au soleil et à la lumière vive. Par conséquent, presque toutes les personnes albinos souffrent de déficience visuelle et sont prédisposées aux cancers de la peau. Il n’existe aucun traitement.

Au Malawi, la majorité des albinos vivent à la campagne dans une extrême pauvreté. Des croyances erronées et des superstitions mettent en danger la vie et la sécurité de ces personnes, qui risquent d’être victimes de meurtre, d’enlèvement et de mutilations notamment. Les homicides rituels de personnes albinos reposent sur l’idée que leurs os et les parties de leur corps apporteraient la prospérité. Les rares auteurs présumés arrêtés par le passé ont été acquittés ou condamnés à des peines légères. Les pouvoirs publics ne font rien pour amorcer un changement d’attitude de la société à l’égard de l’albinisme et les personnes albinos sont toujours en danger ; des enfants ont même été enlevés et vendus par des membres de leur famille. Face à la multiplication des actes de violence visant des personnes albinos, certaines familles ont retiré leurs enfants de l’école. D’autres ont déménagé en ville pour limiter les risques.
Dans une déclaration publiée le 19 mars 2015, le président du Malawi Peter Mutharika a condamné les agressions contre les albinos et a appelé les services de police à arrêter les auteurs présumés de ces actes et à protéger les personnes exposées. Même si la police a procédé à quelques arrestations, des préoccupations demeurent quant aux défaillances des enquêtes et à la légèreté des sentences prononcées.

David Fletcher a été vu pour la dernière fois avec un camarade, qui est toujours porté disparu. Celui-ci n’est pas albinos.

Le corps en décomposition d’une jeune femme albinos de 21 ans, Enelesi Nkhata, a été découvert par des agriculteurs dans l’État de Mpale. Déposé dans une tombe peu profonde, il avait les quatre membres coupés et portait la trace d’un coup de couteau au niveau de la poitrine. Gerald Phiri, un membre de sa famille, lui a fait croire qu’il lui avait trouvé un emploi à Madisi (district de Dowa). Enelesi Nkhata a disparu quelques jours avant le 14 avril. Au moins 10 hommes, dont des hommes d’affaires, ont été arrêtés pour l’homicide de la jeune femme. Gerald Phiri a plaidé coupable de « conspiration en vue de commettre un crime » et « enlèvement en vue de commettre un meurtre » en vertu des sections 404 et 261 du Code pénal.

Il a été condamné à cinq et 12 ans d’emprisonnement, respectivement.
Le 3 avril, un groupe de personnes a fait irruption dans la maison du village de Chiziya (district de Kasungu) où Whitney Chilumpha, une fillette de deux ans, dormait avec sa mère et l’a enlevée. L’enlèvement a été signalé à la police. Le crâne et plusieurs dents de Whitney, ainsi que des vêtements lui appartenant, ont été retrouvés le 13 avril. La mère de la fillette a confirmé qu’il s’agissait des vêtements qu’elle portait la nuit de sa disparition.

Harry Mokoshini, un garçon albinos de neuf ans, a été enlevé le 26 février au soir par des inconnus qui ont fait irruption au domicile familial. Ces hommes ont menacé et blessé sa mère en emmenant l’enfant. Le 3 mars, la tête de Harry Mokoshini a été retrouvée dans un village voisin. Parmi les personnes arrêtées figurent l’oncle de l’enfant et un homme déclaré coupable en 2015 de possession d’os appartenant à une personne albinos et condamné à une amende de 20 000 kwachas malawiens (environ 26 euros).

Eunice Phiri, une femme albinos de 53 ans, a été piégée le 23 janvier par trois hommes, dont son propre frère, qui l’ont convaincue de les accompagner en Zambie. Son corps a été découvert par un gardien de troupeau le 28 janvier dans le parc national de Kasungu ; on lui avait coupé les bras.

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