Après de longues années de dictature, un régime démocratique prend place aux Philippines en 1986. C’est une démocratie très théorique cependant : la corruption est reine dans l’archipel. Amnesty a constaté une utilisation systématique et généralisée de la torture dans le pays. Les soucis de sécurité intérieure et les craintes de protestations sont utilisées comme un prétexte par le gouvernement pour justifier le comportement infâme des membres de l’armée ou de la police. Ceux-ci agissent dans une complète impunité. Ils ne sont jamais poursuivis, et dans les rares cas ou les enquêtes donnent suite à une condamnation, elle aboutit toujours sur une peine très légère.
Qui sont les personnes torturées ?
La police du pays s’appuie sur un réseau de petits informateurs : des paysans, ouvriers, ou employés qui dénoncent leurs voisins et avertissent les forces de l’ordre dès que quelque chose leur semble suspect. Les informateurs qui décident d’arrêter d’aider les policiers sont souvent victimes de torture.
Les forces anti-insurrectionnelles briment également ceux qui osent protester ou critiquer la mauvaise gestion du pays. La presse, les militants politiques et les citoyens investis sont particulièrement en danger.
Ceux-ci sont parfois les victimes d’exécutions extra-judiciaires complètement illégales. Soupçonnés de comploter contre le gouvernement, ils sont arrêtés et torturés, pour forcer aux aveux. Ensuite ils sont conduits sur des terrains vagues à l’écart et abattus, sans autre forme de procès.
Pourquoi torture-t-on ?
La torture est interdite par la législation nationale, et la République des Philippine a également signé de nombreux traités internationaux au sujet de l’abolition de la torture. Mais, bien que les lois soient là, la réalité du terrain est très différente. Les policiers torturent principalement pour obtenir des informations, mais également pour faire taire les bavards et les curieux. Comme ils bénéficient d’une presque totale impunité, ils torturent comme s’il s’agissait d’une procédure normale.
Les méthodes de torture.
La torture est le plus souvent employée dans les centres de détention de la police. Les forces de l’ordre du pays n’ont jamais eu peur d’être poursuivies pour leurs actes. Ils ont donc eu toute la liberté possible pour développer une grande variété d’horribles méthodes de torture. Décharges électriques, coups de poings ou de barres de métal, brûlures avec des cigarettes ou de la cire de bougie, simulacre de noyade, suffocation avec des sacs en plastique, voilà le lot des victimes philippines.
La méthode la plus sordide, et tristement célèbre, est celle de la roulette de la torture. Découverte dans la province de Laguna, cette roulette décrivait différentes façons de faire souffrir les victimes. Les officiers faisaient tourner la roulette pour découvrir quel type de torture utiliser. L’indication « 30 secondes chauve-souris », par exemple, indique que le détenu va être suspendu la tête en bas pendant 30 secondes ; ou bien « 20 secondes Manny Pacquiao », du nom d’un célèbre boxeur philippin, signifie que le détenu sera roué de coups de poing pendant 20 secondes.