Le Nigeria et la torture

Les enquêtes des organisations des droits humains telles qu’Amnesty International, mais aussi du Rapporteur spécial des Nations unies mènent à la même conclusion : la torture fait partie intégrante du fonctionnement de la police nigériane, et ce depuis toujours.

Les actes de torture augmentent d’année en année, notamment dans la lutte contre les membres de groupes terroristes tels que Boko Haram. Cette augmentation inquiète les organisations de défense des droits humains. En 2013, ce sont des milliers de personnes qui ont été arrêtées et détenues dans seulement trois lieux de détention. La majorité des détenus n’ont jamais comparu devant un juge et n’ont pas eu le droit de contacter leur avocat ni leur famille. Ils ont été privés de soins médicaux. Même quand les familles trouvaient l’argent nécessaire pour saisir la justice, la police et l’armée ne tenaient généralement pas compte des décisions des tribunaux ordonnant la remise en liberté des détenus. Aujourd’hui, la plupart d’entre eux se trouvent encore derrière les barreaux et risquent la torture.

— Qui sont les personnes torturées ?

Au Nigéria, toute personne a des chances élevées d’être torturée ou de subir de mauvais traitements. Un automobiliste qui bloque le passage d’un convoi d’officiels peut se faire tabasser en public. Le contrôle policier d’un jeune des rues qui ne peut verser un pot-de-vin peut dégénérer : il peut être détenu illégalement et subir d’éventuelles violences telles que la torture.
Pour certaines personnes, suspectées de terrorisme ou manifestant contre le pouvoir, le risque est encore plus élevé. Dans les prisons, les détenus de droit commun tels que les femmes, les homosexuels ou encore les enfants des rues sont des groupes vulnérables plus exposés à la torture

Anieidi Bassey, enfant des rues à Port Harcourt © George Osodi / Amnesty International

— Pourquoi torture-t-on ?

Se déplacer à travers le pays, exercer une activité économique visible, etc. tout peut être un prétexte pour être torturé. Le manque de moyens techniques et de matériel pour mener les enquêtes favorise davantage son usage par les policiers qui doivent recueillir des preuves dans leur enquête. Puisque les arrestations se font parfois sans raison, les policiers doivent forcer le détenu à avouer une faute qui justifierait cette arrestation. L’aveu sous la torture étant accepté dans les tribunaux, les forces de l’ordre se dirigent d’autant plus facilement vers cette pratique. La torture a également une autre fonction : humilier ou punir les opposants politiques ou les détenus.

— Les méthodes de torture.

D’après Amnesty International, les moyens de torture les plus courants au Nigéria sont :
— * passages à tabac à coups de crosse de fusil, de machette, de matraque, de bâton, de baguette, de câble ou d’autres objets ;
— * arrachage des ongles, des dents ;
— * violences sexuelles ;
— * blessures par balle ;
— * obligation de s’assoir sur des objets pointus ;
— * privation de nourriture ;
— * suspension par les pieds ou suspension au moyen d’un tuyau ou d’une baguette ;
— * tabay ou l’obligation de rester dans des positions inconfortables, les coudes attachés dans le dos ;
— * torture à l’eau ;
— * simulacres d’exécutions ou obligation d’assister à de véritables exécutions extrajudiciaires.

— Dans quels lieux torture-t-on ?

Au Nigéria, les forces de l’ordre n’hésitent pas à tabasser ou humilier dans la rue, à la vue de tous. Les tortures plus perfectionnées prennent place dans les centres de détention. Certains d’entre eux sont connus pour être des lieux de torture. Citons entre autres : le théâtre, Guantanamo ou l’abattoir. En général, tout lieu de détention dispose d’une salle de torture et d’un responsable de la torture. C’est dire à quel point elle est ancrée dans les pratiques des policiers.

L’Abattoir, centre de la brigade de lutte contre le vol à Abuja, au Nigeria

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