Pas de printemps pour la liberté d’expression au Maroc et au Sahara Occidental

Drapeau du Royaume du Maroc. Source : http://en.wikipedia.org/wiki/File:Flag_of_Morocco.svg

Fiche d’identité

Localisation du Maroc et de son territoire contesté Sahara occidental, en pointillés. Les Nations Unies reconnaissent au Maroc la souveraineté administrative sur ce territoire. Source : http://en.wikipedia.org/wiki/File:Morocco_%28orthographic_projection%29.svg

Le Royaume du Maroc est un État d’Afrique du Nord appartenant au Maghreb, comportant environ 32 millions d’habitants. Sa capitale politique est Rabat, tandis que la capitale économique est Casablanca, la plus grande ville du pays.

Le Maroc est une monarchie constitutionnelle. Le chef de l’Etat marocain est le roi Mohammed VI, et le chef du gouvernement est M. Abbas el Fassi.

Carte de l’Afrique du Nord. Le Maroc (en anglais Morocco) est situé au nord ouest de l’Afrique.

Le Maroc a des frontières communes avec l’Espagne (avec les deux enclaves espagnoles Ceuta et Melilla) et l’Algérie à l’est.
Le Sahara Occidental, au sud du Maroc, est un territoire non autonome (selon l’ONU) annexé par le Maroc, qui exerce donc un contrôle sur le territoire ainsi que sur la frontière avec la Mauritanie au sud.
Les habitants du Sahara Occidental, appelés saharaouis, demandent que le Maroc respecte leur droit à l’autodétermination, afin qu’ils puissent choisir de devenir un État indépendant du Maroc. Les défenseurs de l’autodétermination sont souvent victimes de violences de la part de l’État marocain. Des milliers de réfugiés saharaouis fuyant le conflit sont installés en Algérie, près de la frontière, dans le camp de Tindouf.

Une liberté d’expression qui régresse au Maroc

Les atteintes à la liberté d’expression sont de plus en plus nombreuses au Maroc : le gouvernement se sert de l’argument de l’atteinte à la sécurité intérieure et extérieure de l’Etat pour harceler, arrêter et inculper des défenseurs des droits de l’Homme, journalistes, militants sahraouis… s’étant exprimé sur certains sujets tabous.

Des journalistes en prison pour cause de caricature du roi !

Le Code de la presse, régissant les média marocains, prévoit des peines de prison pour les « délits de presse » largement utilisés contres les journalistes : par exemple, diffusion « de mauvaise foi » de « fausses informations » susceptibles de troubler l’ordre public, propos diffamatoires mettant en cause les membres de la famille royale ou portant atteinte à « l’Islam, l’institution de la monarchie, ou l’intégrité territoriale »…

Les journalistes doivent donc respecter une ligne rouge lorsqu’ils parlent de la famille royale. La critique n’est tout simplement pas tolérée. Par exemple, des numéros de publications locales ou internationales contenant des sondages, des articles ou des caricatures concernant la famille royale sont régulièrement saisis ou détruits, et des journaux interdits.

Par exemple, le Journal hebdomadaire et l’hebdomadaire arabophone Nichane ont dû fermer en 2010, également à cause de leurs positions souvent critiques à l’égard du pouvoir.

Lettres en Word

La même année, Khaled Gueddar et Taoufik Bouachrine, respectivement caricaturiste et directeur du quotidien Akhbar al Youm, ont été condamnés, le 30 octobre, à une peine de quatre ans d’emprisonnement avec sursis pour avoir publié une caricature du prince Moulay Ismaïl, cousin du roi, avec le drapeau marocain en toile de fond ! Ils ont également été condamnés à payer de lourdes amendes ainsi que des dommages et intérêts pour manque de respect à l’égard du drapeau national et pour offense à un membre de la famille royale.

Autre fait notoire : plusieurs journaux qui avaient évoqué la santé du roi, sujet tabou au Maroc, ont fait l’objet de poursuites judiciaires  !

Et la télé ?

Il existe plusieurs émissions d’investigation sur les chaines de la télévision publique marocaine. Cependant, ici encore, la critique contre le gouvernement et le débat et opinions divergentes sur certains sujets cruciaux ne sont pas tolérés !
En 2010, deux correspondants locaux d’Al-Jazeera se sont vu refuser l’accréditation leur permettant de travailler, sans justification de cette décision. La chaine qatarie a ensuite été interdite, sous prétexte qu’elle avait « sérieusement altéré l’image du Maroc et porté manifestement préjudice à ses intérêts supérieurs, à leur tête la question de l’intégrité territoriale », faisant évidemment allusion au Sahara Occidental.

Tu ne blogueras point : censure d’internet et de la blogosphère

Le Maroc, contrairement à plusieurs pays du Maghreb et du Moyen-Orient, a eu une politique assez favorable à Internet à ses débuts. Cependant, depuis quelques années, avec le développement des blogs sur la toile et des réseaux sociaux, de nombreux actes de censure ont pu être recensés. Ils sont souvent le fait du principal opérateur Internet du pays, Maroc Télécom, qui ne justifie pas les coupures qu’il opère. Ainsi, Youtube a été bloqué un temps en 2007, et le site de Google Earth est aujourd’hui inaccessible pour des raisons inconnues ! Les cas de censure les plus flagrants sont cependant ceux concernant les sites de partisans de l’autodétermination du Sahara Occidental, comme les sites du Front Polisario, le principal acteur politique luttant pour l’indépendance du Sahara Occidental.
Heureusement, ces sites sont aujourd’hui accessibles !
De nombreux blogueurs ont fait l’objet d’arrestations, et en 2009 par exemple, une véritable « chasse aux sorcières » a eu lieu à leur encontre.

Le printemps arabe... un printemps marocain ?

Tout comme Égypte et la Tunisie, le Maroc a été touché par la vague de soulèvements populaires du printemps 2011 qui a bouleversé une partie du monde arabe. Des manifestations se sont organisées dès le 20 février 2011, afin de demander plus de transparence, une lutte contre la corruption renforcée et des réformes constitutionnelles. Le Roi Mohammed VI a donc promis, notamment, d’élargir le champ des libertés individuelles et collectives et garantir leur exercice. Un Conseil National des Droits de l’Homme a été mis en place en mars, ainsi qu’un médiateur et un délégué interministériel chargé des droits de l’Homme. De plus, le 14 avril, 190 prisonniers politiques ont bénéficié d’une amnistie.
Cependant, les réformes institutionnelles prévues par le gouvernement depuis 2005 et remises au devant de l’agenda politique en 2011 ne sont toujours pas faites… et la répression des libertés individuelles continue.

Le changement est possible, et le roi a montré sa volonté de mieux protéger les libertés individuelles... il est temps de passer à l’action !

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