Qui est Justine ?
Justine Ijeomah est un défenseur des droits humains. Il a déjà risqué sa vie à plusieurs reprises en luttant pour plus de justice dans son pays. Il a du déménager avec sa famille deux fois pour que la police le laisse tranquille. Il a été arrêté vingt-cinq fois. Il a lui-même été torturé. Et il a survécu à deux tentatives d’assassinat.
Il nous a raconté : « un jour, ils m’avaient arrêté, car je voulais défendre un enfant qui allait être torturé. (...) L’officier en charge, qui occupe toujours son poste actuellement, m’avait placé assis devant un mur. Il m’a demandé si j’étais bien Justine Ijeomah. Lorsque je lui répondis que oui, l’officier a enfoncé ses doigts dans mon œil gauche. Je ne pouvais plus rien voir. (...) J’ai finalement été relâché grâce à l’aide d’Amnesty International et d’autres organisations. »
Son pays
Le Nigéria est un pays d’Afrique, très puissant économiquement car on y produit beaucoup de pétrole. La population du pays est de 177 millions d’individus, ce qui fait environ 16 fois plus de personnes qu’en Belgique. Cependant, même si le pays est assez riche, les habitants y sont très pauvres.
La population du Nigéria est pauvre à cause de la corruption qui y est très courante. La corruption c’est l’utilisation abusive d’un pouvoir, dans son propre intérêt. Cela consiste à utiliser son statut ou sa puissance pour s’enrichir ou s’avantager. Par exemple, un politicien ou un policier peuvent faire quelque chose en échange d’une promesse, d’un cadeau, ou d’une somme d’argent.
Cette corruption, qui empêche la population de s’enrichir, empêche également tout le système de la justice de fonctionner correctement. Les policiers, les juges, les avocats, les gardiens de prison : tous trichent et ne rendent de compte à personne.
Cela donne des situations très graves, dans lesquelles les droits humains ne sont pas respectés.
Premièrement, les policiers ont l’habitude d’augmenter dans leurs registres l’âge des enfants qu’ils arrêtent. De cette façon ces jeunes sont traités comme des adultes. La police peut ainsi maintenir emprisonnés des enfants en garde à vue, au lieu de les laisser rentrer chez eux, comme ils le pourraient en tant que mineurs.
Deuxièmement, régulièrement, la police arrête des individus pour leur extorquer de l’argent. Les membres de leur famille doivent payer pour qu’elles soient relâchées.
Troisièmement, les policiers ont l’habitude de torturer les personnes qu’ils arrêtent. De cette façon, même si ils n’ont pas de preuve qu’une personne a commis un crime ou un délit, ils la forcent aux aveux. Après quelques séances de torture, les personnes arrêtées disent avoir fait ce pour quoi elles sont accusées, juste pour que les coups cessent.
La police agit quasiment en toute impunité, ce qui veut dire qu’ils n’ont pas peur d’être puni pour leurs actes. En effet, il n’existe aucune loi qui criminalise la torture au Nigéria.
Son travail
Justine est directeur de l’HURSDEF, une organisation nigériane de défense des droits humains. Avec son organisation, il va dans les centres de détention et bureaux de police pour empêcher les actes de torture. Il vérifie que personne n’y est détenu injustement. Souvent, les individus qui y sont enfermées sont pauvres, et ils n’ont pas les moyen d’avoir un avocat. Dans ce cas, l’organisation paie la caution des victimes injustement enfermées, dont beaucoup sont des enfants.
Ils ont également quelques alliés au sein de la police. Un des policier qui a arrêté cinq fois Justine, et l’a torturé à deux reprises est aujourd’hui son meilleur ami, et les aide à libérer les victimes des abus policiers.
Pour protéger les enfants des rues, qui sont souvent les cibles de la police, Justine distribue des « passeports des droits humains ». Ce sont de petits carnets, comme un vrai passeport, lancés par Amnesty International Belgique francophone lors du soixantième anniversaire de la Déclaration des droits de l’homme.
Justin nous raconte : "ces passeports sont très utiles, car je peux y mettre la photo de l’enfant, mon nom et mon numéro de téléphone. Lorsque des policiers l’arrêteront, ils verront qu’il est un « enfant des droits humains », comme on les appelle, et qu’ils ne pourront pas lui soutirer de l’argent. Lorsqu’ils m’appelleront, je leur répondrai que je connais cet enfant et eux savent que nous ne payons pas de pots-de-vin.
Aujourd’hui, lorsqu’un enfant est arrêté, je n’ai plus besoin de me rendre sur place ; il suffit d’un coup de téléphone pour qu’il soit libéré. Il peut se présenter comme « l’enfant du défenseur des droits humains », c’est-à-dire mon enfant. Généralement, dans les commissariats, les policiers mettent en ligne les enfants qu’ils ont arrêtés et demandent que tous ceux qui me connaissent lèvent la main. Les policiers s’avancent vers ces enfants et leur disent alors : « Dis à ton père que je t’ai libéré »
Le cas de Moses
Peut-être as-tu entendu parler de Moses Akatukba. C’est un exemple typique de ce qui peut arriver à cause de la corruption du système de la justice, et de l’impunité dont bénéficient les policiers dans ce pays d’Afrique. Ce jeune homme a arrêté à 16 ans, en novembre 2005, pour le vol de trois téléphones. En détention, il a été torturé : d’abord il a été pendu par les mains et par les pieds, ensuite il a été battu, et enfin ses ongles et des morceaux de peau de ses doigts ont été arrachés. Après cela, il a signé la déclaration qu’on lui tendait. Sur base de ces aveux extorqués par la violence, il a été condamné à mort. Il attend toujours en prison, et Amnesty International se bat pour sa libération.