Écrire pour les droits, qu’est-ce que c’est ?
Écrire pour les droits est une campagne mondiale d’Amnesty International de rédaction de lettres en faveur de plusieurs individus en danger dont les droits humains ont été bafoués. C’est aujourd’hui la plus grande mobilisation de défense des droits humains dans le monde ! Envoyer une lettre, c’est dire son indignation et surtout montrer que l’on soutient ces personnes.
Chaque année, environ une dizaine de situations de personnes en danger sont mises en avant dans le cadre de cette campagne. Vous pouvez organiser avec votre classe une session d’écriture pour une situation, deux, ou plus et chaque élève a la possibilité d’écrire deux lettres : une à la personne disposant de l’autorité nécessaire pour agir (roi, président, ministre, chef de la police, procureur·e, etc.), et une à la personne ou au groupe de personnes pour qui nous nous battons, afin que ces personnes sachent qu’elles sont soutenues par des milliers de personnes dans le monde.
Quand participer à cette action ?
Il est possible de participer à cette campagne, dans les écoles primaires et secondaires de Wallonie et de Bruxelles, entre novembre 2025 et février 2026.
Pour qui écrire cette année ?
Cette année, nous vous proposons d’écrire des lettres, avec vos élèves, pour soutenir une ou plusieurs personnes, parmi neuf situations : celle de Sonia Dahmani en Tunisie, de Sai Zaw Thaike au Myanmar, de Ellinor Guttorm Utsi en Norvège, de Juan López au Honduras, de Unecebo Mboteni en Afrique du Sud, du groupe d’activistes de Mother Nature Cambodia au Cambodge, de Damisoa à Madagascar, de Saleh Diab dans le territoire palestinien occupé et du groupe des Guerreras por la Amazonía en Équateur.

Certaines de ces personnes sont aujourd’hui en prison ou menacées pour avoir exercé leurs droits fondamentaux. Elles ont été victimes de torture, mauvais traitements, n’ont pas eu droit à un procès équitable, ont été harcelées ou sont en danger… Ces personnes ou leur famille ont besoin du soutien d’un maximum de personnes pour ne pas perdre espoir.
Certaines de ces personnes sont aujourd’hui en prison ou menacées pour avoir exercé leurs droits fondamentaux, et en particulier leur droit à la liberté d’expression et de manifestation. Elles ont été victimes de torture, mauvais traitements, n’ont pas eu droit à un procès équitable, ont été harcelées ou menacées de mort… Ces personnes ou leur famille ont besoin de notre soutien pour ne pas perdre espoir. Dis-leur que tu penses à elles et appelle les gouvernements à respecter leurs droits fondamentaux.
Sonia Dahmani en Tunisie

Sonia Dahmani est une avocate tunisienne qui a consacré sa vie à la défense des droits humains. Le 11 mai 2024, les forces de sécurité tunisiennes l’ont arrêtée. Son crime ? Dénoncer des injustices telles que le racisme. Sonia a été condamnée sans preuves pour « diffusion de fausses nouvelles », et des enquêtes la visant pour des motifs politiques sont encore en cours. Elle risque des années de prison et est maintenue en détention dans des conditions inhumaines.
Le groupe des Guerreras por la Amazonía en Équateur

Les Guerreras por la Amazonía luttent aux côtés d’autres collectifs face aux ravages causés par le torchage du gaz en Équateur. Ces jeunes militantes équatoriennes, en première ligne de la crise climatique, sont la cible de violentes manœuvres d’intimidation. En 2021, une décision de justice a déterminé que les torchères portaient atteinte aux droits humains et environnementaux et devaient être éliminées. Pourtant, elles continuent de brûler.
Sai Zaw Thaike au Myanmar

Lorsque le cyclone Mocha a frappé le Myanmar en mai 2023, le photojournaliste Sai Zaw Thaike s’est rendu dans l’État d’Arakan pour documenter les dégâts. Il a été arrêté puis condamné à 20 ans de prison par un tribunal militaire en septembre 2023. Sai Zaw a subi des passages à tabac par le personnel pénitentiaire et des périodes de détention à l’isolement.
Juan López au Honduras

Depuis 2015, Juan López et d’autres militant·e·s de la région de Tocoa, dans le nord du Honduras, défendaient sans relâche les rivières locales et un parc national face à des projets miniers et énergétiques. Le 14 septembre 2024, Juan a été abattu dans sa voiture par un individu masqué. Le tireur présumé et deux potentiels complices ont été inculpés de meurtre et sont en attente de leur procès. Cependant, les personnes ayant commandité le meurtre de Juan n’ont pas été amenées à rendre des comptes.
Ellinor Guttorm Utsi en Norvège

Ellinor Guttorm Utsi, représentante du peuple autochtone sâme, défend le mode de vie ancestral de sa communauté éleveuse de rennes dans le nord de la Norvège. Des projets prévoient l’installation de plusieurs centaines d’éoliennes directement sur les pâturages d’été des rennes, menaçant de perturber les itinéraires de transhumance de ces animaux et de détruire la culture de la communauté. Le gouvernement norvégien doit respecter le droit des Sâmes de participer à la prise de décisions concernant ces projets, qui représentent une menace pour leurs terres, leur territoire et leurs ressources.
Unecebo Mboteni en Afrique du Sud

Le 18 avril 2024, Unecebo Mboteni, un garçon de trois ans, est tombé dans les latrines à fosse de sa garderie de la province du Cap-Est, en Afrique du Sud. Il est mort le lendemain. Un an est passé, et sa famille n’a toujours pas de réponses à ses questions sur cette tragédie. Selon ses proches, l’enquête est toujours en cours et personne n’a encore été amené à rendre des comptes.
Le groupe d’activistes de Mother Nature Cambodia au Cambodge

Mother Nature Cambodia défend courageusement l’environnement au Cambodge depuis 2013, mais, depuis 2016, le groupe a fait l’objet d’interpellations et de poursuites de la part des autorités à plusieurs reprises. En juin 2024, six de ses membres ont été condamnés à des peines allant de six à huit ans de prison. L’une des militantes du groupe a fui le Cambodge pour poursuivre leur travail, mais les cinq autres membres continuent de subir des conditions de détention très dures.
Damisoa à Madagascar

En 2021, Damisoa et sa famille ont fui la région Androy, du sud de Madagascar, en proie à la famine. Espérant bâtir une vie meilleure dans la région Boeny, au nord, ils se sont retrouvés sur un site de réinstallation où ils font face à de mauvaises conditions de logement et d’accès à l’eau ainsi qu’à des installations sanitaires médiocres. Les personnes déplacées par la famine et vivant à présent dans la région Boeny ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence, mais celle-ci est presque exclusivement consacrée au sud du pays.
Saleh Diab dans le territoire palestinien occupé

Saleh Diab est un Palestinien vivant à Jerusalem-Est. Il représente, à Cheikh Jarrah, une figure centrale de la résistance non-violente. Depuis 2009, il organise des manifestations pacifiques contre les expulsions menées par des colons israéliens. Sa famille, composée de 23 personnes, fait face depuis des décennies à une bataille juridique pour éviter l’expulsion, sans bénéficier des protections accordées à d’autres familles du quartier. Harcelé par les colons, victime de violences policières et constamment surveillé, Saleh Diab continue de défendre son domicile et son quartier malgré les pressions.
Proposez à vos élèves de passer à l’action
Vous pouvez organiser une action d’écriture de lettres avec votre classe, dans le cadre d’un cours de français ou de philosophie et de citoyenneté par exemple. Vous pouvez aussi disposer une table dans un lieu de passage de votre établissement pour interpeller les élèves de différentes classes avec des fiches résumant les cas de chaque personne, des modèles de lettres et une boîte en carton dans laquelle les élèves déposent leur lettre.
Pour rappel, pour chacune des situations mises en avant, chaque élève peut écrire deux lettres (une lettre de pression destinée aux autorités concernées et une lettre de soutien adressée directement aux personnes en danger).

Développez ainsi certaines compétences de vos élèves
Organiser, à l’école, une séance d’écriture de lettres, s’inscrit dans les quatre axes des compétences de l’éducation à la philosophie et à la citoyenneté de l’enseignement fondamental et du premier degré de l’enseignement secondaire (construire une pensée autonome et critique, se connaître soi-même et s’ouvrir à l’autre, construire la citoyenneté dans l’égalité en droits et en dignité et s’engager dans la vie sociale et l’espace démocratique). C’est aussi développer les compétences des deuxième et troisième degrés de l’enseignement secondaire.
De manière plus générale, en participant au marathon des lettres Écrire pour les droits, vos élèves ont la possibilité de :
• connaître mieux le monde ;
• découvrir les droits humains ;
• développer leur expression, structurer leur pensée, transformer un sentiment diffus d’injustice en un message personnel clair ;
• exercer leurs aptitudes rédactionnelles et/ou de dessin ;
• découvrir leur pouvoir de changer le monde ;
• développer leur sens de la solidarité ;
• renforcer leur confiance en eux et elles par l’accomplissement d’une action qui a du sens.
Avec quel matériel ?
Amnesty International met à votre disposition du matériel pour mener cette action dans vos classes.
Pour chaque situation, vous pouvez disposer de :
- une fiche avec, au recto, une brève explication de la situation de la personne concernée, et, au verso, un modèle de lettre à recopier, à destination des autorités, ainsi qu’une proposition de message de soutien à adresser à la personne en danger
- une affiche sur chaque situation
- une carte postale sur laquelle il est possible d’écrire un message ou de faire un dessin pour la personne en danger
- une courte vidéo sur chaque situation.
Et pour les enfants entre 6 et 12 ans, nous proposons un livret-jeux contenant une présentation des histoires de certaines de ces personnes et des jeux associés (mots fléchés, coloriage, quiz, etc.). Si vous êtes enseignant·e en primaire, n’hésitez pas à commander, pour chacun·e de vos élèves, un exemplaire de ce livret (imprimé en A3 et pliable par l’enfant pour en faire un petit livret).
Toutes les lettres de pression et/ou messages de soutien écrits en classe ou par des jeunes sont à renvoyer au Programme Jeunesse d’Amnesty International (Chaussée de Wavre 169, 1050 Bruxelles).
Enfin, nous mettons également à votre disposition un manuel présentant l’action et les neuf situations ainsi que des fiches pédagogiques proposant des activités liées aux situations de certaines de ces personnes en danger.
Concrètement, si vous souhaitez qu’une de vos classes participe à cette action, il faut prévoir de commander un exemplaire du manuel et d’une ou plusieurs fiches pédagogiques pour vous, ainsi qu’un exemplaire de l’ensemble des affiches ou de certaines affiches (selon que la classe décide d’agir pour toutes les personnes ou seulement certaines d’entre elles) et une fiche et une carte postale (pour chaque personne en danger ou seulement certaines personnes) à destination de chaque élève qui participe à l’action (selon, encore une fois, que la classe décide d’agir pour toutes les personnes ou seulement certaines d’entre elles).
Et ça marche ! Écrire une lettre change une vie
Chaque année, de véritables changements surviennent grâce à toutes les lettres et tous les messages écrits dans le cadre de cette action. Des personnes injustement emprisonnées sont libérées, des responsables de violences sont traduits en justice, et des personnes détenues sont traitées plus humainement.
Et surtout, la solidarité compte ! On peut penser qu’écrire à une personne que l’on ne connait pas ne changera rien, ou que cette personne n’a pas envie de recevoir un message d’une personne inconnue. Mais lorsque vous êtes enfermé·e ou en danger pour avoir dénoncé une injustice ou simplement exercé vos droits fondamentaux, savoir que quelqu’un pense à vous et vous soutient a une réelle importance.
Lors de la précédente édition d’Écrire pour les droits, Amnesty International avait notamment appelé à la mobilisation pour Neth Nahara, condamnée à deux ans de prison pour s’être exprimée sur les réseaux sociaux.

Ana da Silva Miguel, plus connue sous le nom de « Neth Nahara », est une chanteuse et influenceuse angolaise. Lassée du manque d’écoles, d’emplois et d’opportunités dans son pays, elle s’est emparée des réseaux sociaux et s’est créé un nouveau personnage : Neth Nahara, pour encourager les femmes à s’éduquer et à devenir indépendantes. En août 2023, elle a ouvertement critiqué le président de l’Angola, João Lourenço, en direct sur TikTok. Elle a été arrêtée le lendemain même à son domicile et a été condamnée à six mois de prison, après avoir été jugée sommairement, puis sa peine a été allongée à deux ans. Le 1er janvier 2025, Neth Nahara a finalement été libérée avant la fin de sa peine de prison. Elle a bénéficié d’une grâce présidentielle.
Merci aux centaines de milliers de personnes qui se sont mobilisées pour elle et qui ont contribué à sa libération !
Alors à nos stylos ! Agissons ensemble entre novembre 2025 et février 2026 pour ces personnes en danger qui ont besoin de notre aide pour que leur situation change.
