Afghanistan - Rahim

En 2012, alors qu’il n’est âgé que de 16 ans, Rahim fuit l’Afghanistan où il craint pour sa vie.
Lorsque Amnesty International le rencontre en avril 2014, Rahim vit en Turquie, pays dans lequel il a été renvoyé depuis la Bulgarie et la Grèce. Il travaille dans un atelier de confection, dans des conditions très difficiles. A son arrivée en Turquie, il avait été enregistré comme mineur non accompagné, et avait été placé dans un foyer pour mineurs. Dans ce foyer, les agressions ont rendu la vie de Rahim « pire qu’en Afghanistan » selon ses termes, et il n’y avait la possibilité ni de travailler, ni d’étudier.
Après avoir dormi dans la rue pendant quelques semaines, il a réussi à trouver du travail dans un atelier de confection et a loué une chambre. Fin 2013, il avait réussi à économiser assez d’argent pour payer un passeur pour l’emmener en Europe, en compagnie de sept autres Afghans.

« Nous avons franchi la frontière vers 1 h 30 […] Mais nous avons été pris par la police bulgare […] Il y avait des caméras tous les 15 à 20 mètres du côté bulgare de la frontière. Je pense que les policiers nous ont vus grâce à ces caméras et sont qu’ils sont ensuite venus nous chercher […] Ils ont pointé leurs armes vers nous et ont crié "Halte !", mais nous ne nous sommes pas arrêtés. Nous sommes partis en courant dans toutes les directions […] Trois policiers m’ont attrapé, ainsi que mon ami Ahmed, âgé de 13 ans. Je n’ai pas vu le reste du groupe. Les trois policiers ont commencé à nous frapper. Ils nous ont donné des coups de pied et ils avaient des sortes de bâtons noirs, durs comme du métal. Ils les ont utilisés pour nous frapper aux genoux, et aussi sur les mains. C’était vraiment terrible. »

Rahim a raconté que les policiers avaient ensuite fouillé leurs sacs et leurs vêtements et leur avaient pris tout leur argent avant de les ramener à la frontière.

« L’un d’eux nous a jetés du côté turc de la frontière comme de vieilles loques. »

Appréhendé par les soldats turcs à la frontière, le jeune homme a été remis à la gendarmerie turque puis emmené dans un centre de rétention à Edirne.

« Dans le camp d’Edirne, ils nous ont dit qu’ils allaient nous expulser. Je leur ai montré mon papier du HCR […], mais ils ont quand même dit qu’ils allaient nous expulser. Alors, nous avons essayé de nous enfuir, mais nous avons été repris et violemment frappés. Pour me punir, ils m’ont mis seul dans une petite cellule sans fenêtres pendant deux semaines. C’était horrible […] Puis, un soir, vers minuit, ils nous ont transférés à Izmir […] Par moment les policiers disaient que nous allions être emmenés dans le foyer pour mineurs, et à d’autres moments ils disaient que nous allions être expulsés. Nous ne savions pas quoi croire. Nous étions terrorisés. »

Depuis, Rahim a essayé à deux reprises d’atteindre l’Europe en embarquant dans un bateau à destination de la Grèce. À chaque fois, il a été arrêté par les garde-côtes grecs juste avant d’accoster sur l’île de Lesbos, et renvoyé en Turquie.

« Nous n’étions qu’à 10 mètres de l’île quand les garde-côtes nous ont trouvés […] Nous étions si proches, nous pensions que nous allions y arriver. Mais le bateau des garde-côtes grecs nous a rattrapés. Nous avons crevé notre bateau et sauté à l’eau pour que les garde-côtes ne puissent pas nous remorquer jusqu’en Turquie, mais ils nous ont attrapés et fait monter sur leur bateau […] Puis nous avons navigué pendant à peu près une demi-heure en direction de la Turquie […] Ils ont mis un canot pneumatique à l’eau et ils nous ont poussés dedans. Ils nous ont aussi jeté deux rames et nous ont montré la direction du rivage. Puis ils sont partis. Ils nous ont simplement abandonnés sur place. »

© Amnesty International - Janvier 2016

Rahim a dit à Amnesty International qu’il envisageait de réessayer d’entrer en Europe : « Je pourrais rester en Turquie, mais je n’ai aucun droit ici. Légalement, je n’ai pas le droit de travailler ni d’aller à l’école. Je ne peux pas me contenter de continuer à travailler comme ça pour survivre. Je suis coincé.  »

Témoignage de Rahim recueilli par Amnesty International en avril 2014

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