La vie dans un camp armé

La formation des enfants-soldats

Enfant-soldat de l’armée du Gouvernement Fédéral de Transition, Somalie, 2007.

Les enfants recrutés reçoivent une "formation" militaire très rudimentaire. Ils apprennent le plus souvent à monter et démonter leur arme ainsi qu’à tirer. Ils reçoivent un uniforme, permettant de renforcer leur sentiment d’appartenance. Ils reçoivent également une arme légère telle qu’un fusil ou une Kalachnikov.
L’entraînement est souvent très dur et sévère. Certains enfants n’y survivent pas.
Envoyés aux premières lignes, les enfants, dépourvus de stratégies, naïfs et sans conscience du danger, sont les premiers tués.

Les enfants sont déboussolés à leur arrivée dans le groupe armé, loin de tous repères. Ils sont donc extrêmement manipulables, car ils sont en recherche de reconnaissance, d’affection. Les responsables des groupes armés les détruisent psychologiquement et les transforment en "animaux", dépourvus de peur et de pitié. Pour les forcer à tuer, on leur explique parfois que la guerre est un jeu, que les morts font semblant de mourir.
Les enfants acceptent et reproduisent cette violence qui devient banale et quotidienne. Au bout de quelque temps de ce conditionnement, souvent combiné à l’usage intensif de drogues, les enfants deviennent de véritable armes de guerre, prêts à tuer de sang froid.

Témoignage d’un garçon colombien de 17 ans, recruté par un groupe armé à l’âge de 7 ans : " Ils vous donnent une arme à feu et vous devez abattre votre meilleur ami. Ils font ça pour voir s’ils peuvent vous faire confiance. Si vous ne le tuez pas, votre ami reçoit l’ordre de vous tuer. J’ai dû le faire, parce que sinon j’aurais été tué". (Extrait du Portail des droits de l’enfant, www.droitsenfant.org)

Des enfants aux fonctions multiples

Jeunes soldats des milices Maï-Maï, Nord Kivu, RDC, 2005

Les enfants peuvent être soldats, mais aussi éclaireurs, espions, messagers, gardiens, pilleurs de biens et de récoltes, cuisiniers, porteurs, etc. Certains enfants fabriquent des gris-gris ou sont directement utilisés comme porte-bonheur, censés protéger les soldats lors des combats.

Les filles, mais aussi les garçons, sont très souvent utilisés comme esclaves sexuels par les soldats. Les filles sont constamment victimes de viols, servant de défouloir aux pulsions des soldats. Elles peuvent également être mariées contre leur gré à des commandants et devenir leurs "femmes" sur lesquelles ils ont tous les droits.

Enfants soldats, enfants sans droits.

Aucun des droits garantis par la Convention internationale des droits de l’enfant de 1989 n’est respecté dans les camps armés.
En particulier :
 le droit à la vie (article 1) : les enfants sont aux premières lignes des combats, sans moyen de défense ;
 le droit de connaître ses parents et d’être élevé par eux (article 7) ;
 la protection contre toutes les formes de violence (article 19) ;
 la protection contre toute forme d’exploitation sexuelle et de violence sexuelle (article 34) ;
 le droit de jouir du meilleur état de santé possible (article 24) : les petites plaies peuvent être traitées, mais les maladies plus graves ne le sont en général pas. Les maladies sexuellement transmissibles, notamment, sont la cause de nombreux décès ;
 le droit à un niveau de vie suffisant (article 27) : les enfants n’ont souvent pas accès à une nourriture suffisante et équilibrée. Ils vivent en extérieur, dans des conditions d’extrême pauvreté ;
 le droit à l’éducation (article 28) : le seul apprentissage qu’on leur donne, c’est celui de la guerre ;
 le droit au repos et aux loisirs (article 31) : s’il peuvent passer leur temps libre à jouer et se détendre, les enfants n’ont souvent pas la possibilité de dormir suffisamment. Cela est pourtant indispensable à leur construction sociale, intellectuelle et physique.
 le droit d’être protégé contre l’exploitation économique (article 32) : les enfants-soldats sont soumis au travail forcé, non rémunéré la plupart du temps et extrêmement dangereux.

Des échappatoires risquées

La fuite. Pour sortir des camps, il faut marcher pendant des jours. Les enfants risquent d’être attrapés par d’autres groupes ou par des bêtes sauvages. Il peuvent tomber malade ou mourir de faim. A leur arrivée dans un village, ils peuvent être mal accueillis, voire rejetés. De plus, s’ils sont pris en délit de fuite, ils risquent l’exécution sommaire, servant d’exemple pour dissuader les autres enfants de s’enfuir.

La drogue. Il s’agit par exemple du chanvre, de la cocaïne, de la colle ou encore de l’héroïne. Elle plonge les enfants dans un état second ; ils peuvent ainsi exécuter les ordres sans état d’âme. Beaucoup d’enfants succombent de leur dépendance.

Le suicide. C’est l’une des solutions les plus radicales pour en finir avec le cauchemar.

La démobilisation. C’est la solution qui représente le plus grand espoir pour les enfants-soldats. Elle peut se faire lors de la fin officielle du conflit, ou encore en temps de guerre, lorsque le groupe accepte de "rendre" les enfants soldats.

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