En République tchèque, les enfants roms sont privés de leur droit de ne pas faire l’objet de discrimination dans le domaine de l’éducation, discrimination qui se décline sous plusieurs formes et compromet gravement la qualité de l’enseignement qu’ils reçoivent.
De nombreux enfants roms sont orientés vers des écoles et des classes destinées aux élèves souffrant de « handicaps mentaux légers ». Le gouvernement a dû prendre des mesures afin de remédier à cette situation.
D’autres subissent une ségrégation de fait dans les écoles et classes ordinaires qui leur sont réservées et qui dispensent un enseignement de moindre qualité. Cette discrimination réduit d’autant leurs chances de poursuivre leurs études, de trouver un emploi et de s’extraire du cercle vicieux de la pauvreté et de la marginalisation dans lequel sont pris les Roms en République tchèque.
LES ÉCOLES ÉLÉMENTAIRES ORDINAIRES
Le système scolaire ordinaire reste dans une large mesure mal équipé et n’est souvent pas disposé à aider comme il se doit les élèves dont l’origine ethnique, la situation sociale et les aptitudes sont différentes. Trop souvent, les besoins réels des enfants roms (par exemple des cours de langue supplémentaires, un cursus préscolaire ou un soutien en classe) qui découlent de leur milieu socioculturel ne sont pas satisfaits dans ce système.
Lorsque, du fait des carences du système, ces enfants restent à la traîne, les enseignants peuvent être amenés à penser que le système scolaire ordinaire n’est pas l’environnement qui leur convient le mieux.
Considérés trop souvent comme des « handicapés mentaux légers », et ce quelles que soient leurs aptitudes, les enfants roms sont placés dans des écoles pratiques ou des classes spéciales en raison de l’incapacité des établissements d’enseignement ordinaires à répondre à leurs besoins à court terme, qui sont liés à leur situation sociale.
Leurs parents se retrouvent alors confrontés à un dilemme.
Dans les écoles ordinaires leurs enfants risquent d’être isolés et mis à l’écart tandis que dans les écoles pratiques, où la majorité des élèves appartiennent à la communauté rom, ils seront probablement mieux traités tant par les enseignants que par leurs camarades, mais ils se verront dispenser un enseignement de niveau inférieur qui limitera leurs perspectives d’avenir.
L’HISTOIRE DE FRANTIŠEK, ONZE ANS
František est l’un des rares enfants roms scolarisés dans une école élémentaire ordinaire fréquentée essentiellement par des élèves non roms à Ostrava. Alors qu’il était en quatrième année, son professeur s’est mis à se plaindre que le garçon était « trop actif ». Il a alors conseillé à sa mère, Renata, de lui faire subir une évaluation par un centre de conseil psychologique, qui a recommandé de le transférer de manière temporaire, pour quatre mois, dans une école pratique pour une « période d’essai à des fins de diagnostic ». À la fin des quatre mois, le directeur de l’école pratique a conseillé à František de retourner à l’école élémentaire ordinaire car ses résultats et son comportement étaient tels qu’il n’avait aucune raison de poursuivre sa scolarité dans une école pratique, où le programme était réduit.
Lorsque František a repris le chemin de l’école ordinaire à la fin de l’année scolaire, il a échoué aux examens finaux car les quatre mois passés à l’école pratique avaient eu des conséquences négatives sur sa progression scolaire. Il a dû redoubler sa quatrième année et ses nouveaux camarades de classe se moquaient de lui car ils savaient qu’il avait fréquenté une « école spéciale ». František ne voulait plus aller à l’école. Sa mère affirme que le professeur excluait son fils de diverses activités scolaires et demandait instamment qu’il soit envoyé dans une école pratique ou un autre établissement accueillant uniquement des élèves roms, où le garçon serait « parmi ses pairs ». Elle a finalement décidé de le transférer dans une autre école élémentaire ordinaire fréquentée essentiellement par des élèves roms.
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