Chers lecteurs,
Je suis né pendant la guerre du Soudan. À l’âge de cinq ans, on viola ma tante et tua un homme devant moi et ma mère. Quand j’ai eu 8 ans, on m’envoya à la guerre avec un AK-47 sous le bras. Enfant, je me demandais toujours : comment se procuraient-ils ces armes si facilement ? J’ai vite compris que c’est le peu de régulation du marché des armes qui permet la vente celles-ci entre États sans que personne ne se demande dans quelles mains elles vont finir.
Après des années de souffrance dans mon pays, les gouvernements du monde entier sont sur le point de rédiger un traité sur le commerce des armes pour empêcher les dictateurs et les criminels d’acheter des armes. Ils vont se réunir à l’ONU, à New York (USA) pour négocier le traité.
C’est notre unique chance de s’assurer de l’obtention d’un traité qui protège des vies.
Il n’existe pas de réponses simples pour mettre un terme aux horreurs que les seigneurs ont commises depuis des siècles. Toutefois, si nous pouvions les tenir éloignés des armes, nous aurions plus de chance de protéger des millions de vies et de donner une nouvelle chance à des dizaines de milliers d’enfants-soldats.
Quand j’étais un enfant-soldat, on me considérait comme un bien consommable. À un moment donné, j’ai presque perdu la tête. Je me demandais : « Est-ce que nous méritons cela ? Où sont les membres de ma famille ? Pourquoi souffrons-nous comme cela ? ». Il n’y avait pas d’école. Comment peux-tu aller à l’école quand tu te déplaces d’un endroit à un autre en permanence, quand il y a toujours la guerre, la peur, et des gens qui meurent ?
La guerre continue même aujourd’hui. Dans mon pays d’origine, le Sud Soudan, les communautés ne cessent de fuir les bombes lancées sur leur maison. Cependant, les gouvernements des pays riches continuent de vendre des armes au Sud Soudan alors qu’un embargo sur les ventes d’armes a été mis en place en 2011.
J’ai maintenant 32 ans, j’habite à Londres, je travaille comme artiste de hip hop. La musique est une thérapie pour moi, une thérapie qui me rend l’enfance que l’on m’a volée.
Emmanuel Jal, Amnesty International USA.
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