L’implication de la France au Mali et le renforcement des forces miliaires devraient favoriser le retour à la paix et l’amélioration des droits humains, notamment pour les civils qui sont fortement affectés par le conflit. Pourtant, on dénonce encore de nombreuses violations de ces droits fondamentaux, en particulier avec l’utilisation d’enfants dans les groupes armés. Ils sont enrôlés, entraînés et armés pour être engagés dans les combats opposant les rebelles du Nord aux pro-gouvernement du Sud. Plusieurs témoignages de la présence d’enfants-soldats sur le terrain ont été récoltés.
Depuis de longs mois, le conflit au Mali fait rage (voir l’article sur le conflit au Mali en cliquant ici) et les civils payent un lourd tribut.
Les enfants ne sont pas épargnés. Amnesty International a reçu des informations affirmant que les groupes armés islamistes utilisent des enfants-soldats dans leurs rangs : « Ces enfants portaient des fusils et avaient les mêmes uniformes que les Islamistes » affirme un témoin. Dans le rapport de 2013 d’Amnesty International sur le Mali après 3 semaines de conflit, d’autres personnes témoignent d’avoir vu des enfants entre 10 et 17 ans avec les groupes armés.
Le 30 janvier dernier, Amnesty International a pu s’entretenir avec deux enfants-soldats dans la gendarmerie de la ville de Ségou, située à 240km au Nord-Est de Bamako. Ils étaient sous le choc : « Le garçon était silencieux, abattu, et n’était pas en mesure de nous parler – il semblait absent » a déclaré Gaëtan Mootoo, chercheur pour Amnesty. Il semblait être affecté mentalement. L’autre garçon de 16 ans a été arrêté à Diabaly lorsque sa ville a été conquise par les armées française et malienne. Il explique les circonstances de son enrôlement :
« J’étudiais avec 23 autres étudiants chez un maître coranique. Il y a 2 mois, le petit-fils de mon maître nous a vendu aux Islamistes. Nous avons rejoint un groupe de 14 autres jeunes portant des armes à feu. Au début, on m’avait demandé de travailler dans les cuisines. On cuisinait dans une église chrétienne que les Islamistes occupaient. Les rebelles nous battaient durant les leçons de Coran parce que notre prononciation des versets arabes n’était pas correcte et ils voulaient qu’on prononce l’Arabe comme eux. J’ai été frappé 4 fois avec une ceinture en plastique. ».
Ce garçon a aussi expliqué son entraînement au combat, au tir et comment il a été forcé à avaler ce qui apparaissait comme être de la drogue mélangée à son repas ou en injection. Après quoi, il aurait fait n’importe quoi pour ses maîtres. Il voyait les ennemis comme des chiens et tout ce qu’il avait à l’esprit était de les tuer. Ce garçon a aussi témoigné auprès d’Amnesty International que 4 enfants-soldats ont été tués durant les combats entre les groupes islamistes armés et les forces militaires françaises et maliennes, dans la ville de Diabaly autour du 20 janvier 2013.
De plus, Human Rights Watch dans son rapport annuel de 2013 dénonce le recrutement, la formation militaire de plusieurs centaines d’enfants dont certains à peine âgés 11 ans, par les groupes rebelles, le MNLA (Mouvement National de Libération de l’Azawad) et les groupes islamistes. Ce rapport met en lumière le fait que les groupes en faveur du gouvernement recrutent et forment également des enfants mais qu’ils n’auraient pas été utilisés dans les combats. De plus, des écoles sont occupées par les groupes armés tant par les rebelles au Nord qu’au Sud, zone contrôlée par le gouvernement.
Amnesty demande l’arrêt immédiat d’enrôlement d’enfants-soldats.
« Le recrutement d’enfants soldats doit cesser immédiatement, et tous ceux qui se trouvent dans les rangs des groupes islamistes armés doivent être libérés. », demand Amnesty dans son rapport de 2013 sur le Mali.
Amnesty rappelle que toutes les parties aux conflits doivent respecter les lois du droit humanitaire international et en particulier l’Article 3 commun aux Conventions de Genève, qui protègent les civils et les combattants capturés des traitements inhumains et dégradants, de la torture et des exécutions.