Le recrutement des enfants-soldats

Enfant-soldat au Nord-Kivu à Ntoto, 2012

Le recrutement des enfants-soldat peut être forcé ou "volontaire". Le terme de volontaire doit être nuancé car très peu d’enfants s’engagent parce qu’ils en ont vraiment envie.

Le recrutement forcé

Le recrutement des enfants comporte des avantages et des inconvénients pour le colonel du groupe rebelle ou du groupe étatique.

Avantages :
 économique, les enfants coûtent moins cher que les adultes ;
 physique, ils sont plus agiles et mobiles dans les batailles ;
 psychologique : ils sont naïfs, facilement manipulables et influençables. Ils n’ont pas totalement conscience du danger, de ce qui est bien ou mal ;
 le nombre : ils sont des milliers. En première ligne, ils sont de la vraie chaire à canon ;
 sexuel : les filles assouvissent les envies de guerriers ;
 confiance : les enfants sont obéissants et fidèles, ils ne sont donc pas une menace.

Dangers :
 contrainte physique : les enfants sont moins forts, moins autonomes et moins prudents ;
 amateurisme : les enfants ne sont pas des "pros" de la guerre, ils peuvent faire des erreurs ;
 contrainte légale : recruter des enfants est un crime puni par la loi. Le colonel risque d’être poursuivi pour ses actes, notamment par la Cour pénale internationale.

Comment et où les recrute-t-il ?
 Lors d’enlèvements : les enfants de la rue sont les plus sujets à ce phénomène, car personne ne viendra les réclamer.
 Par des rafles, qui peuvent avoir lieu dans les villages ou les camps de réfugiés.
 Par la menace et la contrainte.

Des parents impuissants ?

La réaction des parents peut être très variable. Mais les familles ont dans tous les cas très peu d’outils pour agir. Elle ne peuvent pas porter plainte car les gouvernements s’intéressent très peu au problème des enfants-soldats.
De plus, elles sont souvent sous la menace du groupe armé.
Certaines familles finissent par faire le deuil de leurs enfants.

L’enrôlement "volontaire"

Plusieurs raisons expliquent l’enrôlement "volontaire" des jeunes.

 Le cadre socio-économique : beaucoup d’enfants pensent que l’armée mettra fin à leur pauvreté et leur donnera peut-être accès à l’éducation. De très nombreux enfants sont issus des campagnes extrêmement pauvres et isolées.

 Les raisons identitaires : l’appartenance à un groupe ethnique représenté par un groupe armé pousse les jeunes à s’enrôler. D’autres s’enrôlent aussi pour défendre une cause politique ou religieuse. C’est le cas notamment des enfants colombiens, népalais et birmans qui s’engagent pour s’opposer au gouvernement en place.

 Le désir de vengeance est également une raison. Suite à l’attaque de leur village , à l’assassinat et/ou au viol de leurs proches par un groupe armé, des milliers d’enfants décident de rejoindre le groupe armé adverse.


Témoignage d’un ex-enfant-soldat de République démocratique du Congo : "Quand les combats ont commencé, je me suis enfui avec ma famille dans la forêt pendant deux mois. Mon frère ainé avait été tué par des Ninjas. J’étais très fâché. Alors j’ai décidé de prendre une arme moi aussi pour le venger. Nous avons passé deux ans dans la forêt à nous battre contre les Cobras"

(Extrait de La guerre, les enfants admis, Editions du GRIP, 2001, p.101.)

 Le manque de protection : quand le conflit s’aggrave, qu’il n’existe plus d’institution de protection des enfants, beaucoup rejoignent l’armée qui représente, assez paradoxalement, une structure protectrice.

 Le pouvoir : le statut social que confèrent l’armée et le port de l’uniforme pousse les familles à envoyer leurs enfants. C’est l’assurance d’un avenir meilleur pour eux et leur progéniture.

Cependant, le recrutement des jeunes est une violation très grave des droits de l’enfant. Ils se retrouvent dans un milieu d’adulte, terriblement violent, où ils sont dépourvus de tous leurs droits. Alors que beaucoup pensaient avoir une vie meilleure, ils se retrouvent dans une situation de précarité encore plus extrême. La désillusion est due à un manque d’information et d’éducation. Il est donc crucial que les leaders communautaires soient impliqués dans le travail de sensibilisation des ONG qui luttent sur le terrain. Ainsi, ils pourront eux même prévenir et informer les populations, leur parole étant souvent plus écoutée que celle des ONG.

Les filles : fuir un avenir sans droits.

Beaucoup de filles ne vont pas à l’école et doivent se cantonner aux taches domestiques. Devenir soldates, pour elles, c’est donc acquérir une certaine indépendance, dans des pays ou l’inégalité homme/femme et la discrimination font rage. En rejoignant le maquis, les filles pensent échapper au mariage forcé, au harcèlement sexuel ou à l’exclusion sociale.
Elles ne recherchent pas que le pouvoir et le prestige : elles pensent obtenir un statut social dans la hiérarchie militaire qui leur garantira d’être respectées comme les hommes, reconnues comme des individus avec des droits.

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