La politique de l’enfant unique en Chine

Un contrôle étroit des naissances pendant plusieurs décennies

Avec plus d’ 1,3 milliards d’habitants, la Chine est le pays le plus peuplé au monde. De 1979 à 2015, afin d’éviter une surpopulation, le gouvernement a appliqué un contrôle stricte des naissances, principalement sur les chinois Hans (l’ethnie majoritaire). Si cette politique varie beaucoup d’une région à l’autre du pays, la plupart des familles étaient limitées à un seul enfant.

Pour chaque région, il existait un quota (un nombre d’enfants maximum) ; une fois celui-ci dépassé, diverses sanctions pouvaient être imposées aux familles comme de lourdes amendes, des sanctions au travail, la perte d’avantages liés aux transports, aux crèches, à l’emploi, aux allocations de logement ou de santé, l’avortement forcé ou la stérilisation.

Les autorités surveillaient étroitement les femmes afin de détecter toute violation ou protestation contre la loi : elles faisait subir aux femmes quatre examens médicaux par année. Le respect des quotas était souvent récompensé par des primes, des possibilités d’avancement professionnel et des allocations supérieures de santé ou d’éducation. Un grand nombre « d’enfants noirs », nés hors quotas sont aujourd’hui cachés par les familles par peur de représailles et sont ainsi privés d’éducation et de soins gratuits. Ces enfants qui n’auraient pas dû naître seraient aujourd’hui environ 200 millions.

Afin de limiter le nombre d’enfants, le gouvernement n’a pas hésité à retarder l’âge du mariage et donc de la procréation : dans certaines régions, les hommes n’avaient pas le droit de se marier avant 25 ans et les femmes avant 23 ans. Si le couple remplissait toutes les conditions pour avoir un enfant, il devait obligatoirement demander un « certificat de planification familiale ». Toute grossesse ou naissance au sein d’un couple qui n’avait pas ce certificat n’était pas acceptée par les autorités.

De grandes inégalités

Toutes les catégories de population n’avaient pas le droit aux même opportunités en termes de reproduction : en effet, si dans les villes le nombre d’enfants était limité à un, certaines familles pouvaient en avoir deux à la campagne. Les minorités ethniques (comme les Ouïgours ou les Tibétains) avaient généralement le droit à deux voire trois ou quatre enfants s’ils vivaient dans des zones frontalières. De plus, les plus riches pouvaient contourner la politique en payant de très lourdes amendes (parfois l’équivalent de trois fois le salaire d’un foyer en un an) : ce fut le cas de Zhang Yimou, célèbre réalisateur chinois qui aurait eu sept enfants !

Déséquilibre démographique et risque de trafic

Dû à une large préférence pour les garçons, gardiens de la lignée et donc de l’héritage, de nombreuses femmes ont abandonné leurs filles ou ont eu recours à des avortements sélectifs malgré l’interdiction de donner le sexe du bébé lors d’une échographie depuis 1995. Cette politique de l’enfant unique contribua à creuser un déséquilibre démographique entre les hommes et les femmes : depuis 1980, il serait né 38 millions de garçons de plus que de filles. En d’autres termes, un chinois sur six ne trouvera pas à se marier et 111 millions d’hommes resteront sans descendance. Dans certaines régions, il est arrivé qu’on enlève des femmes pour les vendre comme des épouses. Des milliers de jeunes garçons dispararurent également chaque année pour être revendus à des familles à la recherche d’un héritier.

La fin de la politique de l’enfant unique

En 2013, l’agence Chine Nouvelle annonçait que le Comité central avait décidé d’assouplir sa politique de l’enfant unique pour trouver un équilibre démographique à long terme. Car il faut enrayer le vieillissement de la population selon les experts. Il fut donc décidé que les couples dont l’un des membres est enfant unique ont le droit d’avoir un deuxième enfant. En 2015, cette politique fut totalement abandonnée : tous les couples sont autorisés à avoir deux enfants à partir du 1er janvier 2016.

Selon les chiffres officiels, cet assouplissement a déjà donné des résultats très positifs. Mais ces statistiques sont à prendre avec des pincettes, car elles ne sont pas toujours fiables. Les décennies de politique d’enfant unique ont eu un impact fort sur la société chinoise : les changements sont lents. Le coût élevé du logement, de l’éducation, de la santé n’encouragent pas les familles à avoir plus d’enfants.

Le cas de Mao Hengfeng, détenue et torturée pour avoir défendu les droits reproductifs

Mao Hengfeng sur la place de Tian’anmen en février 2010

Mao est une activiste des droits humains qui a combattu la politique de l’enfant unique depuis 1988. Alors qu’elle attendait un troisième enfant, elle fut licenciée et enfermée de force dans un hôpital psychiatrique où on lui injecta de nombreuses substances qui provoquèrent des séquelle chez son bébé. Entre 2004 et 2009, elle milita contre les avortements et les stérilisations forcés. Les autorités réagirient brutalement en l’emprisonnant à six reprises. Condamnée à la rééducation par le travail puis à différentes peines de prison, elle fut torturée à plusieurs reprises : frappée, agressée sexuellement, privée de sommeil, coupée de ses proches, elle persévère et continua à soutenir les défenseurs des droits humains et les femmes qui avaient subi les mêmes violences qu’elles.

En 2010, elle fut à nouveau détenue pour avoir manifesté son soutien à [Liu Xiaobo, un poète et défenseur des droits humains chinois, qui fut emprisonné plusieurs années et décédé en 2017. En 2014, elle pu regagner son domicile pour finir de purger sa peine de rééducation par le travail.

Petit lexique :

Droits reproductifs : c’est le droit pour chaque femme de décider librement du moment où elle souhaite fonder une famille, du nombre d’enfants qu’elle veut et de l’espacement entre chaque naissance.

Avortement sélectif:c’est une méthode de sélection sexuelle pratiquée dans les pays où le sexe de l’enfant est un enjeu économique important. À l’aide de technologies comme l’échographie, les femmes interrompent volontairement leur grossesse si le fœtus n’est pas du sexe recherché.

Stérilisation : c’est une méthode de contraception de long terme. Chez la femme, elle peut être réalisée par des moyens chimiques ou chirurgicaux. Elle est souvent imposée à certaines catégories défavorisées dans le cadre de contrôle démographique, parfois à leur insu.

Rééducation par le travail : c’est lorsqu’un individu est enfermé dans un camp où il est forcé de travailler. C’est l’équivalent du "goulag" soviétique. En Chine, plus de 250 000 personnes sont détenues dans ces camps sans avoir jamais pu consulter d’avocat, sans jamais avoir été jugées et sans aucune forme de contrôle judiciaire.

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