Le viol et les stéréotypes liés au viol

Le viol, la culture du viol et les stéréotypes liés au viol sont des notions qu’il est important de connaître et comprendre pour lutter contre le viol.
En mars 2020, Amnesty International et SOS-Viol ont lancé une nouvelle campagne contre le viol en se fondant sur les résultats alarmants d’un sondage réalisé à leur demande en Belgique fin 2019.
Les résultats de ce sondage révèle que non seulement 47 % des Belges ont été victimes de violences sexuelles (et la moitié d’entre eux avant leur 19 ans) mais aussi que les stéréotypes sur le viol sont toujours fortement présents dans l’opinion.
On te propose donc de revenir ici sur quelques définitions et de déconstruire certains stéréotypes liés au viol.

Quel est l’âge de la majorité sexuelle ?

En Belgique, l’âge de la majorité sexuelle est fixé à 16 ans, c’est-à-dire qu’il est possible d’avoir des relations sexuelles librement consenties à partir de cet âge.

En revanche, si un jeune, entre 14 et 16 ans, a un rapport sexuel consenti, on considère qu’il y a attentat à la pudeur et ce sera aux juges d’examiner la situation au cas par cas.

Enfin, avant 14 ans, tout acte de pénétration sexuelle est considéré comme un viol, puisqu’on considère alors qu’il ne peut pas y avoir de consentement.

Qu’est-ce qu’un viol concrètement ?

Le viol est défini, dans la loi belge, comme toute pénétration sexuelle sans consentement de la victime, que ce soit avec le pénis, la langue, les doigts ou un objet. Il peut même avoir lieu au sein d’une relation ou d’un mariage.

Pour prouver qu’il y a eu viol, il faut donc démontrer :
 une pénétration sexuelle, totale ou partielle, et peu importe le moyen ;
 et une absence de consentement de la part de la victime.

La loi belge ne définit pas la notion de consentement, ce qui laisse la place à l’interprétation. Ce sera à la victime d’apporter la preuve qu’il y a eu pénétration, et qu’elle n’était pas consentante.

Qu’est-ce que la culture du viol ?

La culture du viol est présente dans notre quotidien, notamment par l’intermédiaire de la publicité, des médias, mais aussi du cinéma et de la littérature.

Elle est notamment caractérisée par l’hypersexualisation des femmes, représentées comme étant soumises et disponibles, tandis que les hommes sont valorisés par leur caractère dominant et impulsif.

La culture du viol correspond également au fait que l’on excuse les violeurs par une maladie mentale, par le fait que les hommes ont des besoins « irrépressibles » et que les victimes l’ont « cherché ».

Quelle est la différence entre un stéréotype, un préjugé et une discrimination ?

Un stéréotype ou encore un mythe ou une idée reçue (une croyance) est une idée toute faite sur les personnes appartenant à un même groupe, basée sur la simplification et l’exagération.

Un préjugé (un jugement) est une évaluation négative d’un groupe ou membre de ce groupe basée sur une généralisation erronée (comme le stéréotype), c’est-à-dire que c’est un jugement négatif sur une ou plusieurs personnes appartenant à un même groupe basé sur une idée que l’on prend pour une certitude alors qu’elle n’est pas vérifiée.

Une discrimination (une attitude) est un comportement qui refuse aux individus l’égalité de traitement.

Les stéréotypes mènent aux préjugés et les préjugés aux discriminations, c’est pourquoi il est important de lutter contre les stéréotypes et de les déconstruire dès le plus jeune âge.

Des stéréotypes concernant le viol à déconstruire d’urgence

Les pulsions sexuelles masculines sont incontrôlables : les hommes auraient des besoins sexuels irrépressibles - FAUX

Le sondage réalisé en 2019 à la demande d’Amnesty International et SOS-Viol révèle qu’il s’agit du stéréotype le plus répandu. Il permet aux hommes de justifie leurs comportements sexuels insistants voire agressifs et de faire porter la responsabilité sur les femmes, leur imposant d’éviter d’être attirantes pour ne pas attiser les désirs irrépressibles des hommes.

Au contraire, le viol n’est pas le résultat d’une pulsion, mais il est, dans la plupart des cas, calculé et le fruit d’une stratégie.

Les femmes ne savent pas ce qu’elles veulent dans le domaine sexuel : « Elle dit non, mais ça veut dire oui  » - FAUX

C’est ce que pensent 27 % des jeunes qui ont répondu au sondage. Un quart des jeunes pensent également que quand on ne sait pas ce que l’on veut en la matière, c’est que l’on est d’accord.

Le consentement est nécessaire à tout moment. Chacun a le droit de refuser un rapport ou une pratique sexuelle, quel que soit le moment, et quel que soit le type de relation entretenue avec l’autre. Un « non » doit être compris comme tel, ce n’est pas un appel à la négociation.

La victime est souvent responsable de son agression - FAUX

Selon le sondage Amnesty-SOS Viol, 43% des répondants estiment qu’il existe des circonstances atténuantes qui peuvent « justifier » un viol, ou au moins le rendre moins condamnable. Il peut s’agir par exemple du fait que la victime a eu un « comportement provocant », qu’elle n’ait pas explicitement dit non, ou encore qu’elle se soit rendue volontairement chez le violeur.

Ni la consommation d’alcool et de drogue par l’agresseur ou par la victime. Ni le fait d’avoir entamé un flirt avec quelqu’un. Rien !

Il existe un « devoir conjugal qui oblige les membres d’un couple à avoir des relations sexuelles » - FAUX

La croyance du « devoir conjugal » n’a aucune valeur légale en Belgique et a pour conséquence de nier l’existence du viol conjugal qui est portant puni depuis une loi de 1989.

Le viol a le plus souvent lieu dans une ruelle sombre et est commis par un inconnu - FAUX

C’est effectivement le cas pour certaines agressions, mais la majorité des viols sont commis par un proche et au sein même de la maison.

Les femmes accusent souvent à tort pour se venger, ou parce qu’elles n’assument pas une relation - FAUX

En réalité, les victimes doivent faire preuve de beaucoup de courage et de force pour dénoncer une agression à la police. Une procédure pénale est souvent d’un énorme poids pour la victime et il n’est pas rare que l’accusé, voire l’autorité de poursuite pénale, mette en cause de façon blessante sa personne, sa réputation et sa crédibilité.

Les femmes noires sont plus chaudes que les autres et consentent à des relations sexuelles plus facilement - FAUX

Les stéréotypes racistes ont été utilisés durant la période esclavagiste et pendant la colonisation pour minimiser et excuser les violences sexuelles perpétrées par les hommes blancs sur les femmes noires.

Les violences de genre sont le résultat des inégalités de pouvoir, c’est pourquoi elles touchent plus intensément les femmes noires qui sont à l’intersection du sexisme et du racisme. La culture du viol touche toutes les femmes, mais les stéréotypes racistes la renforcent. Ces stéréotypes encouragent des comportements toxiques masculins et participent à la banalisation des violences en mettant une partie de la responsabilité sur les victimes.

Les femmes « sexy » et « provocantes » sont parmi les plus exposées au viol - FAUX

Au terme du sondage effectué par Amnesty International et SOS Viol, 16 % des répondants estiment que le port d’une tenue sexy ou provocante fait porter la responsabilité du viol à la victime. 85 % des répondants estiment d’ailleurs que les femmes « sexy » et « provocantes » sont parmi les plus exposées au viol. L’idée qu’une femme peut, par sa tenue, inciter un homme à la violer est l’expression de stéréotypes ancrés.

Dans les faits, des femmes sont violées ou agressées, peu importe ce qu’elles portent.

Les violences sexuelles ne touchent que les femmes - FAUX

Bien qu’il est vrai de dire qu’une large majorité des victimes de violences sexuelles sont des femmes, il n’est pas vrai de soutenir que les hommes n’y sont pas soumis.

Il est souvent d’autant plus difficile pour eux de parvenir à dénoncer les faits, puisque la société leur attribue une image selon laquelle ils doivent être forts et donc capables de repousser les agresseurs.

L’état d’ébriété de la victime la rend responsable / l’état d’ébriété de l’agresseur atténue sa responsabilité - FAUX

Le fait que la victime soit sous l’emprise de l’alcool ou de la drogue
ne justifie en aucun cas les agressions sexuelles.

Dans le même sens, ce n’est pas parce que l’agresseur était sous l’emprise de l’alcool ou de la drogue qu’il est excusé ou que sa responsabilité sera réduite.

Les conséquences découlant de la culture du viol

La culture du viol a des conséquences extrêmement négatives.

Elle entraîne une acceptation des violences sexuelles.

De plus, elle a pour conséquence de faire basculer la responsabilité, c’est-à-dire que des circonstances atténuantes vont être trouvées pour le violeur, et la victime va devenir un peu responsable de son agression parce qu’elle avait par exemple un « comportement à risque ». Et ce « comportement à risque  » peut alors découler de différents éléments tels que la tenue jugée provocante ou le taux d’alcoolémie de la victime.

Enfin, les victimes de violences sexuelles doivent également faire face à une double victimisation, c’est-à-dire qu’elles se heurtent à des professionnels dans le domaine de la justice, de la santé, ou encore à des forces de police qui reproduisent les stéréotypes liés au viol.

Il est donc crucial de lutter contre la culture du viol.

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