LGBTI+ quesako ?

Un peu d’histoire

Durant le 19e siècle, des voix se sont élevées pour parler de l’émancipation des homosexuels. Ces personnes demandaient que l’homosexualité ne soit plus vue comme une maladie, qu’elle ne soit plus criminalisée et rejetée socialement. Le Suisse Heinrich Hössli et un siècle plus tard, l’allemand Karl-Heinrich Ulrichs y sont pour beaucoup. À la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, des mouvements d’émancipation homosexuels émergèrent en Europe, dont certains ouverts aux lesbiennes.

Tout au long du 20e siècle, ces groupes et mouvements ont gagné en visibilité et se sont étendus en Europe et dans le monde anglo-saxon, se battant pour l’obtention de nouveaux droits. Des marches ont été organisées dans toute l’Europe : le mouvement a pris de plus en plus d’ampleur.

Les années 60 furent marquées par la révolution sexuelle dans les pays occidentaux. Cependant, il n’existait pas de terme commun pour désigner les personnes non hétérosexuelles. On parlait un peu de «  minorité sexuelle », éventuellement de « troisième genre ». Le terme « homosexuel » existait, mais il était connoté péjorativement. Dans les années 70, le terme « gay » est apparu, bientôt associé à « lesbian » (« gay et lesbienne »).

Dans les années 80, ce fut au tour du terme « LGBT » d’apparaitre dans les pays anglo-saxons : il remplaça le terme « gay », jugé pas assez représentatif des revendications politiques des groupes et pas assez inclusif. C’est ce qu’on appelle aujourd’hui la « convergence des luttes » des minorités sexuelles. C’est aussi au cours de ces décennies que la communauté gagna des droits significatifs : le Parlement européen invita les États membres à dépénaliser les relations homosexuelles, à reconnaitre les unions de couples de même sexe (à partir de 1989). En 1993, l’Organisation mondiale de la santé supprima l’homosexualité de la liste des maladies mentales. Parallèlement, le mouvement d’émancipation trans luttait contre la pathologisation des personnes trans, tandis que le mouvement d’émancipation intersexe demandait la fin de l’assignation du sexe et des mutilations génitales dont ces personnes étaient (et sont encore aujourd’hui) victimes.


Marche des fiertés, Islande, 2014. L’objectif était ici de rappeler que le fait d’être homosexuel était encore illégal dans 78 pays.
© Petur Fridgeirsson

Des tensions ont existé bien sûr entre ces différentes communautés et continuent encore aujourd’hui d’exister, chacune se battant pour que sa propre identité se développe et soit reconnue, quitte à exclure d’autres sous-groupes. Mais l’affirmation du terme « LGBT+ » dans l’espace public montre que le mouvement a gagné en force et en inclusion : au fond, ces luttes se ressemblent.

Progressivement, le sigle s’est rallongé, incluant de nouveaux groupes « minoritaires », tels que « queer », « asexuel » etc. Aujourd’hui, on met un « + » pour signifier que cette diversité sexuelle et de genre n’a pas fini de s’agrandir !

Une question d’orientation sexuelle ou d’identité de genre ?

L’orientation sexuelle, c’est l’attirance (émotionnelle, affective, sexuelle) envers des individus.
L’identité de genre, c’est l’expérience intime et personnelle de se sentir masculin, féminin, les deux ou aucun de ces genres. L’identité de genre est indépendante du sexe biologique et de l’orientation sexuelle (je peux être né « homme » mais me sentir femme. Je peux être « masculin » et aimer les hommes).

Quand on parle des droits ou des communautés LGBT+, parle-t-on des d’orientations sexuelles ou bien d’identités de genre ?

Au départ, ce sigle servait à désigner les individus non-hétérosexuels (attirance pour les personnes de sexe opposé) – c’était donc avant tout une lutte politique pour que les personnes ayant une orientation sexuelle différente de celle de la norme aient les mêmes droits que les autres.
Mais il s’est progressivement étendu pour inclure aussi les questions de genre – même si cette inclusion n’a pas fait l’unanimité et n’est toujours pas évidente aujourd’hui pour tout le monde !

  • Par exemple dans les années 90 aux États-Unis, le fait que les groupes de lesbiennes se battent pour la reconnaissance des droits des homosexuels ET contre le patriarcat (c’est-à-dire qu’elles se revendiquent féministes) a créé des tensions. En effet, pour certains et certaines, c’était prendre le risque de diviser le mouvement, alors qu’il fallait au contraire l’unifier ! Que les femmes se battent pour le féminisme et que les lesbiennes se battent pour la reconnaissance et les droits des homosexuels, chacun et chacune à sa place.

Aujourd’hui, le fait que ces enjeux sont indissociables est globalement accepté. Encore une fois, c’est aussi ce qu’on appelle la convergence des luttes. Derrière, c’est toujours l’idée qu’il faut combattre une « norme », des étiquettes, des rôles qui nous collent à la peau et rendent notre quotidien difficile : la norme disant que les femmes ne doivent pas faire de politique, qu’elles doivent être douces, des mamans. La norme disant que l’homosexualité est une monstruosité, qu’il faut lutter contre. Dans les deux cas, il s’agit de mouvements de libération pour défendre qui on est et qui on aime.

Ainsi aujourd’hui, on considère que le sigle LGBT+ désigne à la fois les personnes non-hétérosexuelles (qu’elles soient homosexuelles, bisexuelles, asexuelles, pansexuelles, etc.. c’est la « diversité sexuelle ») et non cis-genre (on est cis-genre quand le genre qu’on nous a assigné à la naissance correspond à notre sexe - les personnes trans, queer, intersexes, etc. – « diversité de genre »). On parle de « minorité sexuelle et de genre » : c’est l’idée qu’il existe quantité d’autres manières de vivre sa sexualité et son identité de genre que celle véhiculée par la norme (le droit, l’école, les médias, la publicité, le monde du travail, etc.).
Ce sigle vise à rendre visibles ces groupes, à défendre leurs droits.

Attention à ne pas tout mélanger pour autant. On peut être homosexuel, ne jamais avoir questionné son identité de genre et défendre les droits LGBT+. On peut être une femme trans (donc rejeter l’identité de genre homme assignée à la naissance) et être hétérosexuel. Orientation sexuelle et identité de genre ne sont pas forcément liées (raison pour laquelle cela crée parfois des tensions !) mais font partie d’un combat commun.

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