Insécurité et déscolarisation

La proportion d’enfants non-scolarisés dans le monde ne fait qu’augmenter, et ce notamment à cause de la hausse de l’insécurité dans certains pays. De plus en plus d’enfants sont enlevés et recrutés pour servir d’enfants soldats ou d’esclaves domestiques et sexuels, partout dans le monde. En République démocratique du Congo, les forces armées profitent de la vulnérabilité des enfants orphelins dans les camps de réfugié·e·s rwandais. Au Cambodge, les enfants étaient arrachés des mains de leurs parents par les Khmer Rouge. Au Nigeria, le péril est sur le chemin de l’école.

Dans cette rubrique, explore les différents témoignages d’élèves et d’enseignant·e·s du nord du Nigeria, recueillis par Human Rights Watch et publiés dans son rapport de 2016 intitulé « Ils ont mis le feu aux classes : attaques contre l’éducation dans le nord-est du Nigeria », attestant de cette insécurité pesante.

À l’origine

Le Nigeria est le pays qui compte le plus d’enfants non-scolarisés dans le monde. Un enfant non scolarisé sur cinq est du Nigeria, et cela, majoritairement à cause de Boko Haram, un groupe armé né en 2002, prônant un islamisme radical et rejetant toute influence occidentale. Boko Haram a commencé à cibler délibérément les écoles à partir de 2009.

Initialement, les attaques étaient irrégulières et se produisaient généralement après la fin des cours. L’éducation occidentale étant considérée comme un péché par Boko Haram, détruire tous les documents et certificats relatifs à l’éducation est l’un des rituels de passage dans le groupe armé. Il ne restait aucune trace des jeunes prouvant qu’ils ou elles étaient allé·e·s à l’école ou à l’université.

Une professeurs à la Zanna Morbarti Primary School de Damasak explique la radicalité de ce groupe armé : « Ils [Boko Haram] se sont rendus à l’école primaire, Zanna Morbarti Primary School, et ont attaqué et fermé les deux portes. Au moins 300 enfants ont été retenus en captivité dans l’école à l’exception de ceux qui se sont échappés. Ils ont refusé d’enseigner aux enfants les matières habituelles en anglais. Au lieu de cela, ils leur enseignaient le Coran en fermant les portes à clé. Ils m’ont retenu captive pendant au moins 6 jours à Damasak. ».

Intensification des violences de Boko Haram

Les attaques de Boko Haram dans le nord-est du pays ont pris une tournure plus meurtrière en 2013. En effet, à partir de la fin de cette année-là, Boko Haram a commencé à enlever et tuer des enseignant·e·s et des étudiant·e·s. Leur péché ? Tout simplement aller à l’école, comme en atteste cet élève de 15 ans du Government Day School de Ngoshe : « Nous étions à l’école lorsque Boko Haram est arrivé et a commencé à tirer. Un garçon a reçu une balle dans la jambe et est décédé par la suite. Ils ont dit qu’ils reviendraient si nous n’arrêtions pas d’aller à l’école. L’école a donc été fermée, et les militaires sont venus s’y installer. Mais Boko Haram est tout de même revenu brûler l’école… J’ai été déscolarisé pendant 11 mois avant que famille ne décide de fuir la ville. »

L’enlèvement des écolières de Chibok en 2014 est l’attaque qui a fait le plus de bruit à l’échelle internationale. Les membres de Boko Haram semblent considérer cet enlèvement comme une réussite majeure qu’ils affichent et promeuvent afin d’empêcher d’autres filles de poursuivre leurs études. De nombreuses manifestations demandant leur libération ont eu lieu, mais 98 des 276 lycéennes enlevées sont toujours captives aujourd’hui. Depuis, plus de 1500 enfants ont été enlevés à l’école ou sur le chemin de l’école.

Les attaques de Boko Haram sont particulièrement dévastatrices pour les enfants en âge d’être scolarisés, principalement parmi les populations nomades du nord du Borno, près du lac Tchad et de la frontière avec le Niger, où les possibilités d’éducation sont depuis longtemps limitées. Les écoles ferment, les parents ont peur d’envoyer leurs enfants à l’école et les enfants craignent d’y aller également. Certains parents cessaient d’envoyer leurs enfants à l’école avant même que les attaques aient lieu, ce qui est confirmé par une enseignante à l’École Primaire Centrale de Mobbar : « Les parents craignaient que les événements qui s’étaient produits dans d’autres régions ne s’abattent sur notre ville. Parfois, nous allions à l’école et nous ne faisions rien parce qu’aucun enfant ne venait. L’école n’était pourtant pas fermée. Certains parents avaient envoyé leurs enfants au Niger pour s’y réfugier. »

Découvre plus de témoignages d’enfants et d’enseignant·e·s victimes de Boko Haram à l’école

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