Septième édition du Prix Amnesty Jeunes des droits humains

Le Prix Amnesty Jeunes des droits humains récompense en Belgique, depuis maintenant sept ans, des personnalités fortes et engagées en faveur des droits humains.

Excepté la volonté de mettre en avant une ou des personnalité(s) inspirante(s) résidant en Belgique, l’objectif de ce prix est aussi d’impliquer les jeunes dans les activités d’Amnesty International et de leur faire prendre conscience de leur impact potentiel sur des décisions prises par l’organisation.

Dès septembre 2024, les élèves des groupes-écoles Amnesty ont ainsi été sollicité·e·s pour proposer des candidat·e·s pour ce prix, et les membres de ces groupes ont ensuite voté pour les personnes de leur choix parmi sept finalistes présélectionné·e·s par le comité de sélection d’Amnesty International.

Cette année, aux côtés de Sana Afouaiz et Charline Bellot, les finalistes étaient : Aline Dirkx, coordinatrice de la Plateforme féministe contre les Violences Faites aux Femmes, qui recense les féminicides en Belgique ; Chloé Mikolajczak, activiste pour la justice sociale et climatique, elle a co-créé le podcast The Burning case pour proposer des conversations critiques sur l’avenir de notre planète ; Estelle Depris, créatrice du compte Instagram @sansblancderien, un espace d’éducation, de partage et de lutte contre le racisme ; Kenny Agboton, co-fondateur du collectif de recherche et de formation sur le racisme Racism Seach dont l’objectif est de sensibiliser les jeunes aux différents aspects du racisme ; Youssef Swatt’s, rappeur et auteur engagé animant également des ateliers d‘écriture dans différents milieux.

Sana Afouaiz et Charline Bellot, lauréates du Prix Amnesty Jeunes des droits humains 2025

Ce sont finalement Charline Bellot et Sana Afouaiz, qui ont été choisies cette année par les jeunes activistes d’Amnesty. Deux lauréates ex æquo ont donc remporté ce prix qui leur a été remis le 12 février 2025 lors de la Journée Oxfamnesty.

Âgée de 30 ans, résidant à Bruxelles, Sana a fondé Womenpreneur-Initiative alors qu’elle n’avait que 22 ans. Cette organisation vise à former des femmes dans les domaines de la technologie et de l’entrepreneuriat. L’objectif de cette initiative est de permettre à davantage de femmes de sortir de la pauvreté et de l’instabilité économique en leur offrant des opportunités de carrière. Aujourd’hui, l’organisation a déjà soutenu plus de 24 000 femmes dans 25 pays différents.

« Aujourd’hui, plus que jamais, notre combat est vital. Le monde vacille. Partout, on remet en question des valeurs qui devraient nous rassembler : la diversité, l’inclusion, l’égalité. Comme si elles étaient une menace. Malgré la peur, malgré la colère, je refuse de baisser les bras parce que j’ai vu la force de celles et ceux qui résistent. J’ai rencontré des personnes qui refusent d’abandonner, qui se battent, non pas avec la haine, mais avec l’action, avec l’empathie et avec courage. », a expliqué Sana Afouaiz.

Conseillère auprès des Nations unies, de la Commission européenne et du gouvernement bruxellois sur les questions de genre, Sana a été reconnue parmi les dix femmes les plus inspirantes au monde par la Banque mondiale et a été élue Révélation de l’année par le Lobby Award en Belgique. Elle est également l’autrice du livre Invisible women of the Middle East : True stories, publié en 2018, où elle déconstruit les stéréotypes associés au monde arabe.

Charline, quant à elle est originaire de Liège, et a lancé le projet « Repas sur roues » afin de livrer des repas de restaurants invendus à des personnes migrantes et sans-abri.

Aujourd’hui âgée de 24 ans, Charline a été touchée, dès ses études secondaires, par la situation des personnes sans-abri. En 2023, elle a décidé de prendre les choses en main à son échelle. Après avoir répondu à un appel à projets et obtenu des fonds, elle a lancé le projet « Repas sur roues ». Entre décembre 2023 et juin 2024, Charline a arpenté les rues de Liège, à pied et parfois à vélo, pour livrer bénévolement de nombreux repas aux sans-abri liégeois obtenus via un restaurant partenaire. En juin 2024, ce restaurant partenaire ayant changé de méthode de travail, il n’avait plus de repas invendus, Charline a donc commencé à démarcher d’autres restaurants. Pour l’instant, faute de nouveaux partenaires, le projet est en suspens, mais Charline ne se décourage pas et espère reprendre ses maraudes bientôt avec l’aide de nouveaux partenaires.

« Je vois ce prix comme un honneur et une motivation pour relancer le projet et poursuivre les maraudes. Cela me touche que l’engagement des jeunes soit reconnu. J’ai envie de dire à ceux qui souhaitent s’engager que viser grand peut être une motivation utopique mais qu’il suffit de faire un premier pas pour que le second vienne bien assez vite. S’engager, c’est aussi s’éduquer sur les causes qui nous tiennent à cœur. » a déclaré Charline Bellot après la remise de son prix.

C’est sous un tonnerre d’applaudissements que Charline et Sana ont reçu leur prix devant plus de 250 jeunes militant·e·s participant à la Journée Oxfamnesty.

Elles ont remercié l’ensemble des élèves des groupes-écoles Amnesty qui ont participé au vote de cette édition et ont prononcé, chacune, un discours fort et inspirant.

Sana a notamment indiqué que si elle était là aujourd’hui c’était parce qu’elle était la manifestation des blessures, de l’espoir, de la douleur, mais surtout du courage de sa mère. Elle a ajouté : « Aujourd’hui, ma mère, elle ne sait pas exactement ce que je fais dans la vie, parfois elle pense que je suis journaliste, parfois elle pense que je suis ministre, mais ce qui est sûre, c’est qu’elle sait très bien que je suis libre ! C’est l’histoire de ma mère qui m’a encouragée et inspirée pour lancer Womenpreneur en 2016. » Elle a également rappelé qu’il était crucial de se battre pour la diversité et de refuser l’extrémisme qui n’était jamais la solution.

Charline a, quant à elle, parler de son projet en suspens qu’elle espérait relancer dès que possible avec l’aide de restaurateurs et restauratrices à Liège. Elle a précisé : « Si demain, j’arpente les rues de Liège, cela sera aussi grâce à vous car militer, c’est aussi se soutenir les uns les autres ! Pour s’engager, je pense qu’il faut s’indigner. Si on est là, tous et toutes aujourd’hui, c’est que l’on a déjà passé cette étape. Et après ? Après, on s’informe, on écoute les personnes concernées, on inspire ses camarades de classe à agir aussi car il faut s’unir, on affûte son esprit critique, on prend en compte ses privilèges, et on parle ! Tout en étant conscients des zones d’ombre du militantisme comme la pureté militante ou encore l’isolement sociale. »

Chaque année, le Prix Amnesty Jeunes des droits humains 2025 salue les initiatives de jeunes militant·e·s. Cette année, il revient à deux jeunes femmes qui œuvrent pour le respect des droits humains en Belgique, en cherchant, d’une part, à permettre aux femmes de participer à la vie sociale et économique , et d’autre part, à soutenir les plus vulnérables de notre société. Nous espérons que ce prix les encouragera à poursuivre leurs engagements !

Félicitations aux lauréates et merci aux centaines d’élèves qui ont participé au vote de cette édition 2025 !

Photos : © Amnesty International/ Pauline Arnould