Interview de Sana et Charline, lauréates du Prix Amnesty Jeunes

Pour apprendre à mieux les connaître, découvre l’interview de Sana Afouaiz et Charline Bellot, lauréates du Prix Amnesty Jeunes des droits humains 2025.

Septième édition du Prix Amnesty Jeunes des droits humains

Pour sa septième édition, le Prix Amnesty Jeunes des droits humains a été décerné ex æquo à Sana Afouaiz et Charline Bellot. Tandis que Sana a créé, alors qu’elle n’avait que 22 ans, l’organisation Womenpreneur qui soutient les femmes issues de milieux marginalisés à travers le monde, pour qu’elles accèdent à une stabilité économique, Charline a, quant à elle, lancé, à l’âge de 23 ans, le projet Repas sur roues afin de livrer, à vélo et à pied, des repas de restaurants invendus à des personnes migrantes et sans-abri à Liège. Si l’une et l’autre ont des parcours très différents, c’est avec une même détermination qu’elles défendent les causes qui les animent !

Décerné chaque année depuis 2019 par de jeunes militant·e·s d’Amnesty à une personne ou à un groupe de personnes de 35 ans maximum et vivant en Belgique, le Prix Amnesty Jeunes des droits humains récompense la qualité d’une action en faveur des droits humains. Parmi les objectifs poursuivis par cette initiative qui permet de mettre en avant une ou des personnalité(s) inspirante(s), il y a notamment la volonté de développer les capacités d’argumentation et de décision collective des jeunes qui participent au vote, ainsi que celle de leur offrir des exemples d’engagement en faveur des droits humains. 

Cette année, à la suite du vote de centaines de jeunes de différentes écoles de Wallonie et de Bruxelles, ce prix a été attribué à Sana Afouaiz et Charline Bellot, pour leurs actions visant à aider des personnes marginalisées ou en situation précaire. Tout juste récompensées, ces dernières ont accepté de répondre à quelques-unes de nos questions.

Qu’est-ce qui vous a poussées à lancer vos projets respectifs ? Comment sont-ils nés et ont-ils évolué ?

Sana  : Je suis née et j’ai vécu au Maroc la majeure partie de ma vie, mais j’ai eu la chance d’obtenir des bourses pour étudier à l’étranger et j’ai pu séjourner à plusieurs reprises en Belgique. J’ai alors été marquée par la réalité des femmes à Bruxelles, qui était très différente selon les communes et quartiers où elles habitaient. Les inégalités que j’ai observées à ce moment-là chez les femmes, en termes d’opportunité de formation dans la tech et l’entrepreneuriat, m’ont choquée. Il fallait que je fasse quelque chose pour les combattre. C’est ce qui m’a poussée à m’installer en 2016 en Belgique pour lancer Womenpreneur.

Aujourd’hui, nous offrons aux femmes issues de milieux marginalisés des programmes de formation et de l’accompagnement à l’entrepreneuriat, à la fois en Belgique, mais aussi dans 24 autres pays. Depuis sa création, Womenpreneur a pu former ou accompagner plus de 25 000 femmes.

Notre objectif est très concret : trouver des solutions économiques pour les femmes qui ont des difficultés à accéder à l’emploi. Nous cherchons à ce qu’un maximum de femmes soient indépendantes financièrement, mais aussi au niveau sociétal, c’est-à-dire que nous les amenons à questionner le monde autour d’elles et définir leur propre liberté et leur place dans la société. Pour moi, la plus belle réussite, c’est quand je vois des femmes que nous accompagnons trouver leur propre voie !

Charline : En 2023, j’ai eu la chance d’être sélectionnée pour une formation offerte par la Fondation Roi Baudouin. Alors que je suivais cette formation, j’ai entendu un reportage au sujet de l’ASBL Bicycleat, qui réalisait des maraudes à Bruxelles en vélos cargo pour distribuer des repas aux personnes à la rue. Cela m’a beaucoup touchée et inspirée. J’ai donc pris contact avec le fondateur de Bicycleat et je me suis dit que je pouvais essayer de faire la même chose à Liège, en liant deux causes qui me tenaient à cœur : la lutte contre le gaspillage alimentaire et la lutte contre la précarité, en essayant de récupérer des invendus des restaurants et de les livrer à vélo à des personnes sans-abri. J’ai réussi à trouver un restaurant partenaire, mais, au bout de plusieurs mois, il a revu sa manière de fonctionner pour ne plus avoir d’invendus. J’ai pour l’instant du mal à trouver de nouveaux partenaires à Liège… Je lance donc un appel à vos lecteurs et lectrices : n’hésitez pas à me contacter (repasuroue@gmail.com) si vous pensez pouvoir m’aider à trouver de nouveaux partenaires !

Qu’avez-vous ressenti quand vous avez reçu le Prix Amnesty Jeunes des droits humains ?


Sana : C’était déjà un honneur d’être présélectionnée pour ce prix, alors le remporter, c’était un grand honneur supplémentaire ! Ce prix est avant tout une reconnaissance du travail de Womenpreneur. C’est un boost de plus pour en faire davantage et être toujours à la hauteur. Cela m’a également fait très plaisir de voir que ce prix était partagé entre deux personnes, en particulier deux femmes ! Le projet de Charline est également crucial. Même s’ils sont différents, nos deux projets sont des beaux exemples de ce que des jeunes femmes peuvent mettre en place pour aider des personnes marginalisées.

Charline : Apprendre que j’avais remporté ce prix m’a rendue euphorique ! Je ne m’y attendais pas du tout. Au départ, je ne voulais pas gagner, parce que je me disais que toutes les personnes présélectionnées à mes côtés faisaient des trucs de ouf, et j’aurais été super contente qu’elles puissent avoir une reconnaissance et un boost grâce à ce prix… Après, je me suis dit que c’était incroyable et que cela pourrait peut-être m’aider à trouver de nouveaux partenaires pour le projet. Cela me touche énormément que l’engagement de jeunes comme moi soit reconnu et puisse être récompensé. Je suis aussi très heureuse que Sana ait remporté ce prix également. Son projet et son parcours sont très inspirants pour moi.

Quel est le message que vous souhaitez transmettre aux jeunes ?

Sana : J’aimerais leur rappeler qu’ils et elles ne doivent pas sous-estimer le pouvoir qu’ils et elles ont pour faire changer les choses. Ils et elles ne doivent pas non plus oublier de célébrer toutes les petites révolutions ou victoires, même les plus personnelles. Aujourd’hui, plus que jamais, notre combat est vital. Le monde vacille. Partout, on remet en question des valeurs qui devraient nous rassembler : la diversité, l’inclusion, l’égalité. Comme si elles étaient une menace. Malgré la peur, malgré la colère, je pense qu’il faut tout faire pour ne pas baisser les bras. Parce que j’ai vu la force de celles et ceux qui refusent d’abandonner et qui résistent. Qui se battent, non pas avec la haine, mais avec l’action. Avec l’empathie. Et avec courage. J’appelle donc les jeunes à se mobiliser pour ces valeurs qui nous unissent.

Charline : Viser grand peut être une motivation utopique, mais faites un premier pas et le second viendra bien assez vite ! Pour s’engager, je pense qu’il faut s’indigner. Et s’engager, c’est aussi s’éduquer sur les causes qui nous tiennent à cœur, s’informer, écouter les personnes concernées, et s’unir. Dans le contexte actuel, c’est super utile et nécessaire qu’on prenne toutes et tous part à la lutte pour le respect des droits fondamentaux. À son échelle, bien sûr, en fonction de ses possibilités. Mais même quand on est petit·e, on peut faire des choses ou prendre la parole pour combattre des injustices ou avoir un impact. Avec nos réalités, on peut amener des choses sur la table. Ça commence par là !

Vidéo Interview-Flash avec Sana

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