Michelle Sequeira, lauréate du Prix Amnesty Jeunes

Le 10 février 2021, le Prix Amnesty Jeunes des droits humains a été remis à une nouvelle lauréate, Michelle Sequeira, fondatrice d’une association d’aide aux sans-abris et personnes démunies.
Attribué par de jeunes militants d’Amnesty à une personne ou à un groupe de personnes de 35 ans maximum et vivant en Belgique, il récompense la qualité d’une action en faveur des droits humains.

Troisième édition du Prix Amnesty Jeunes des droits humains

Le Prix Amnesty Jeunes des droits humains est lui-même jeune, puisqu’il n’en est qu’à sa troisième édition. Mais la valeur n’attendant point le nombre des années, il n’en récompense pas moins des personnalités fortes, engagées en faveur des droits humains.

Excepté la volonté de mettre en avant une ou des personnalité(s) inspirante(s), l’objectif de ce prix est également d’impliquer les jeunes dans les activités d’Amnesty International et de leur faire prendre conscience de leur impact potentiel sur des décisions prises par l’organisation.

Des candidats ont ainsi été proposés par près de 150 élèves des groupes-écoles Amnesty, qui ont ensuite voté pour l’un des sept finalistes : la comédienne Cécile Djunga, engagée contre les discriminations, côtoyait par exemple les étudiantes à l’origine de l’association Thé Ok ? luttant contre les agressions sexuelles, ou encore les jeunes créatrices du podcast Sans blanc de rien sur l’antiracisme et la blanchité.

Michelle Sequeira nouvelle lauréate du Prix Amnesty Jeunes des droits humains

Au final, c’est Michelle Sequeira, engagée en faveur des personnes démunies et sans-abris, qui a remporté ce prix. Âgée de 31 ans, cette jeune femme combative et déterminée, d’origine indienne, née en République démocratique du Congo, jongle entre son métier de gestionnaire de projets et ses activités bénévoles au sein de l’association Unless, qu’elle a créée à Bruxelles en 2016 et dont elle est la présidente.

Fraîchement auréolée du Prix Amnesty Jeunes des droits humains, Michelle Sequeira a accepté de répondre à quelques-unes de nos questions.

Comment en êtes-vous arrivée à vous engager en faveur des sans-abris puis à créer votre propre association pour leur venir en aide ?

J’ai commencé à m’engager activement en faveur des personnes sans-abris quand j’avais 25 ans. À l’époque, je prenais le train pour aller travailler à Bruxelles, et je voyais beaucoup de sans-abris aux alentours de la gare du Nord. J’avais envie de les aider. En faisant des recherches sur Internet, j’ai rencontré Ninoslav Ostojic qui travaillait alors pour une autre association et avait crée le projet Food4Friends. Deux fois par semaine il distribuait de la nourriture à une quarantaine de personnes dans le besoin. J’ai aidé Nino pendant deux ans.

Quand cette association a annoncé, deux ans plus tard, qu’elle mettait un terme à son activité faute de fonds nécessaires, j’ai décidé de créer ma propre ASBL dans le but de maintenir et d’améliorer le projet Food4Friends. J’ai demandé à mon employeur de passer en quatre-cinquième pour pouvoir consacrer un jour complet par semaine au projet (en plus des weekends et des soirées).

C’est ainsi que l’ASBL Unless est née en 2016 alors que je n’avais que 27 ans.

J’ai trouvé une vieille maison que j’ai achetée à titre personnel. L’immeuble a été rénové en janvier 2017. Il se compose de deux appartements qui sont loués pour couvrir une partie du prêt bancaire et un espace de travail que j’ai dédié à Unless. Dans cet espace, il y a une cuisine où les repas sont préparés par Nino et un séjour où des petits groupes de 4 à 6 personnes peuvent venir deux fois par semaine pour se reposer, prendre une douche et laver leurs vêtements. Il y a deux douches, deux machines à laver et deux séchoirs. Il y a aussi un espace de stockage pour pouvoir organiser tout le matériel dont l’ASBL a besoin pour fonctionner correctement.

D’où vient le nom Unless ?

Il vient d’une citation que j’aime beaucoup, issue du livre The Lorax du Dr. Seuss, mon livre préféré quand j’étais enfant : « Unless someone like you cares a whole awful lot, nothing is going to get better. It’s not » (À moins que quelqu’un comme vous ne s’en soucie vraiment, rien ne s’améliorera. Ce n’est pas possible, ndlr). Cela reflète bien mon approche de l’engagement.

Est-ce que cela a été difficile de créer une telle association ?

Cela demande beaucoup de travail et d’investissement (en temps et en argent) mais si on est passionné par ce que l’on fait, les choses se mettent en place et tout vient avec aisance !

Combien de personnes bénévoles travaillent pour Unless ?

Nous avons un employé temps plein, un employé mi-temps et plus ou moins 80 bénévoles en rotation.
En ce qui me concerne, je suis la fondatrice et présidente de l’association – tout le travail que je fais pour Unless est à titre bénévole.

Pourriez-vous décrire concrètement les activités d’Unless actuellement ? Est-ce qu’elles ont évolué depuis sa création ?

Nous avons deux projets. Le premier, Food4Friends, dans le cadre duquel nous préparons des repas chauds dans notre cuisine pour environ 150 sans-abris trois fois par semaine. Ces repas sont servis à la Gare Centrale à l’aide de notre Food Truck. Ces rendez-vous journaliers permettent aux gens de se rencontrer et de partager leur passé et leurs expériences. Ces rencontres nous aident à comprendre leurs besoins et par la suite nous pouvons les réorienter vers des organisations plus spécialisées. Grâce à ce contact régulier avec nos amis dans la rue, nous pouvons les écouter, leur amener du soutien, passer du temps et discuter avec eux. Nous pensons que ceci a un réel impact dans la prévention de dépression, petite criminalité, etc.

Ensuite, il y a SoFresh&SoClean. Ça part du principe que tout le monde a le droit de se laver et d’être propre. Ceci est souvent très difficile pour les sans-abris. Nous offrons l’accès à des douches, des machines à laver, des séchoirs, une toilette et un évier que nos amis dans la rue viennent utiliser sur base d’un horaire. Malheureusement, dans le contexte sanitaire actuel, nous avons dû arrêter cette activité car notre bureau est très petit et nous ne pouvons pas respecter la distanciation sociale.

Avez-vous besoin actuellement de plus de personnes pour venir vous aider comme bénévoles ? Si oui, comment faire pour vous contacter ?

Pour le moment nous avons vraiment beaucoup de bénévoles. Comme les gens se retrouvent avec du temps libre, ils viennent faire du bénévolat, mais nous pouvons toujours accueillir de nouvelles personnes. Il suffit de m’envoyer un mail à l’adresse suivante : michelle@unls.be

Quel est le message que vous souhaiteriez faire passer aux jeunes qui s’engagent en faveur des droits humains ?

Je pense qu’il est important de s’engager pour des causes qui nous touchent et nous passionnent, mais il ne faut pas le faire n’importe comment. Il faut bien réfléchir à ce que l’on veut entreprendre et être sûr qu’on ne fait pas plus de mal que de bien. Il est essentiel notamment d’être moralement en forme avant de s’engager.

Comment reliez-vous votre action à celle d’Amnesty International ?

À l’instar d’Amnesty International, Unless cherche à faire respecter les droits humains, mais sur le terrain. Nos actions de distribution de repas et le fait de passer du temps avec des gens dans la rue contribuent à redonner de la dignité à ces personnes. Ce travail a aussi un impact sur nos bénévoles et tous ceux qui contribuent à faire vivre notre projet de différentes manières.

Je suis très heureuse d’avoir reçu le Prix Amnesty Jeunes des droits humains. Cela a du sens pour moi. Je sais que ce sont uniquement des jeunes activistes qui proposent des candidats et votent ensuite pour les candidats de leur choix donc je suis fière et honorée de savoir que de nombreux jeunes ont voté pour moi et que je les inspire.

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