Une matinée au Young Activists Summit : six jeunes femmes forces de progrès pour les droits humains
La célèbre salle des droits de l’homme et de l’alliance des civilisations est comble, remplie de classes venues de tous les cantons suisses et au-delà. Des centaines de jeunes sont venus écouter ces six jeunes femmes charismatiques, puissantes et libres.
La session jeune de la matinée est officiellement lancée à dix heures tapantes sous les applaudissements déjà conquis de la salle. Puis, place à l’émotion et à l’humilité. C’est au tour de Memory Banda de prendre la parole.
Témoignage de Memory Banda
Memory Banda s’empare du micro. Elle vient du Malawi pour raconter un récit qui entre vivement en résonance avec les mots de Nadia Murad.
Elle retrace douloureusement la condition difficile des petites filles, des jeunes filles et des femmes dans son pays. À quel point elles sont exposées au viol et aux abus sexuels. Cet état de fait lié en partie au manque d’accès à l’éducation montre aussi à quel point l’école et le savoir protègent des écueils et des drames. Le combat de Memory depuis ses 18 ans et de déployer toute son intelligence à faire diminuer le taux de mariages forcés dans son pays. Sa petite sœur qui a failli être mariée sous la contrainte à 11 ans est l’élément déclencheur d’un souffle qui ne s’est jamais tari.
Grâce au travail de Memory Banda et d’autres activistes chevronnés, une loi a été votée afin de proscrire les mariages en deçà de 18 ans . Cette dernière a permis de faire diminuer le taux de mariages forcés de 50 à 32 % mais « il y a encore beaucoup à accomplir et il faut maintenant travailler à l’application effective de la loi » s’exclame Memory pour qui ce n’est pas suffisant.
« Le changement est possible si on ne cède pas. Il est temps que l’on se remette aux négociations pour mettre fin au mariage des enfants. Cela est possible dans notre génération ».
Memory Banda s’est heurtée à des difficultés susceptibles de lui faire baisser les bras mais elle a pu compter sur le soutien sans faille de sa mère et sur sa détermination à toute épreuve : « J’ai été confrontée aux leaders traditionnels et j’ai été constamment attaquée sur les réseaux sociaux. Ils me demandaient pourquoi je m’engageais, pourquoi je parlais des rituels de purification. Ce que je voulais faire c’était changer le monde et aider les jeunes filles ».
Aujourd’hui, sa petite sœur a repris le chemin de l’école et Memory nous a enseigné une chose capitale : éprouver l’injustice permet de se dépasser pour la faire cesser.
Amnesty ne peut que s’inscrire dans les pas de Memory et des cinq autres jeunes femmes qui ont témoigné au YAS 2019 pour lancer un appel fort à la jeunesse : n’attendez pas qu’on vous donne une raison d’agir, vous êtes cette raison même. Vous êtes ceux par qui et pour qui le changement naît !