Moment d’échange entre Germain Rukuki et de jeunes élèves !

Libéré à la suite du marathon des lettres Écrire pour les droits d’Amnesty, Germain Rukuki, défenseur des droits humains au Burundi et reconnu réfugié en Belgique, s’est rendu dans une école primaire de Saint-Gilles pour partager son histoire avec de jeunes élèves curieux et enthousiastes !

Qui est Germain Rukuki ?

Germain Rukuki est un défenseur des droits humains au Burundi qui a été injustement arrêté et condamné à 32 ans de prison sur base de fausses accusations. Il faisait partie des 10 personnes mises en avant dans le cadre du marathon des lettres « Écrire pour les droits » mené par Amnesty International en 2020. Les membres d’Amnesty du monde entier se sont mobilisé·e·s pour demander sa libération aux autorités burundaises. Aujourd’hui, grâce à cette mobilisation, il est libre et a été reconnu réfugié en Belgique.

Le 19 mai 2022, il s’est rendu dans une école à Saint-Gilles pour raconter son histoire à des enfants de primaire qui avaient préparé une série de questions à lui poser. Il a raconté son histoire, son combat pour les droits humains au Burundi, son expérience en prison, le travail d’Amnesty qui a permit d’obtenir sa libération et son arrivée en Belgique. Un moment riche en émotions, avec des élèves curieux et enthousiastes !

Son histoire racontée aux enfants

Vivant au Burundi, il a commencé par faire du bénévolat pour l’ACAT-Burundi (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture) en 2004. Il se rendait régulièrement dans des prisons et rencontrait des prisonniers afin d’analyser leurs conditions de détention. Étaient-ils bien traités ? Leurs droits fondamentaux étaient-ils toujours respectés ? Il a expliqué aux enfants que faire ce travail était dangereux pour sa sécurité. Il se savait surveillé et a été à plusieurs reprises, sur le point d’être arrêté ou enlevé. Son travail d’activisme avait pour objectif de lutter contre la torture. Il se sentait alors traqué par les autorités du pays.

Il leur a aussi expliqué que la situation au Burundi n’est pas facile car le gouvernement au pouvoir contrôle le pouvoir judiciaire, la police, l’armée, etc. Le gouvernement en place a pris le pouvoir dans les autres institutions de l’État, ce qui est très dangereux pour les droits humains car la séparation des trois pouvoirs centraux (législatif - parlement, exécutif - gouvernement et judiciaire - tribunaux) n’est pas assuré et par conséquent, le gouvernement a le pouvoir d’enfermer des personnes arbitrairement et de les condamner à la suite de procès inéquitables.

Le gouvernement en place, après deux mandats, temps maximum pour rester au pouvoir, a refusé de se retirer et a décidé de rester au pouvoir en utilisant la force pour imposer sa décision au peuple du Burundi. Des manifestations ont éclaté, un grand nombre de personnes sont sorties dans la rue pour protester dont Germain Rukuki.

Et un matin de juillet 2017, il a été arrêté. Une trentaine de policier armés ont entouré et fouillé sa maison puis l’ont arrêté arbitrairement. Il a été séparé de sa famille dont sa femme, ses deux jeunes garçons en bas âge et son futur bébé car sa femme allait bientôt accoucher de leur troisième enfant.

Le compte à rebours a commencé pour lui, il comptait les heures, les jours. Il a été accusé de crimes graves, de rébellion, de dégradation d’édifices, d’atteinte à la sûreté de l’État... Tout ça pour qu’il soit condamné à la peine la plus lourde possible.

À la suite d’un procès inéquitable, il a été condamné à 32 ans de prison.

Amnesty International s’est alors mobilisée pour dénoncer cette condamnation absurde et injuste. Des activistes des quatre coins du monde ont écrit des lettres à Germain Rukuki pour le soutenir pendant sa détention ainsi que des lettres aux autorités burundaises pour demander sa libération. Il s’est dit fort touché de ces gestes et cela l’a aidé à garder espoir en prison. Face à toutes ces lettres et cette mobilisation massive en faveur de sa libération, l’autorité judiciaire s’est retrouvée dans une situation ridicule. C’est ainsi que sa peine a finalement été ramenée, par la Cour d’appel de Ntahangwa, à une année de prison. Il avait déjà passé quatre ans en prison. Il a dont été libéré peu de temps après, dans les semaines qui ont suivi. Il est finalement sorti de prison le 30 juin 2021.

Il a aussi raconté son parcours pour arriver en Belgique : devoir rester discret jusqu’à son départ car toujours menacé après sa libération, demander un visa, réussir à partir et retrouver sa famille.

La fameuse question : comment avez-vous été libéré ?

Germain Rukuki a expliqué aux enfants en quoi le travail d’Amnesty est utile et comment Amnesty a été d’une aide précieuse pour obtenir sa libération. Nous pouvons résumé ses propos par l’extrait suivant repris d’une interview.

« Le soutien que j’ai reçu de la part d’Amnesty International dans le cadre d’Écrire pour les droits a clairement été déterminant. C’est ce qui a permis ma libération. C’est très important de faire connaître à travers le monde la situation de personnes incarcérées injustement. L’autorité qui emprisonne une personne innocente ne veut pas que ça se sache, que ça sorte des frontières, que cela soit visible. Je ne suis pas le premier à subir au Burundi une injustice, mais la lumière qui a été apportée à mon dossier a trop gêné le pouvoir en place. La campagne d’Amnesty a beaucoup compté pour que je sorte de prison. Ces milliers de lettres qui n’ont pas cessé d’affluer ont énormément gêné les autorités. Les diplomates étrangers sont intervenus pour exiger ma libération, mais seulement suite au travail d’Amnesty. »

Et après ?

Aujourd’hui, Germain Rukuki vit en Belgique avec sa femme et ses enfants. Il souhaite y rester et continue son combat pour défendre les droits humains dans son pays, soutenir les personnes victimes d’injustice et celles qui défendent aussi les droits humains et qui sont en danger pour cette raison. Il veut mener des activités de sensibilisation en racontant son histoire et se dit plus déterminé qu’avant à défendre les droits humains.

Germain Rukuki a vu ses droits humains violés en prison comme son droit à la santé, à la liberté d’expression, à la liberté de manifester etc., mais clame haut et fort : « mon corps était enfermé en prison mais mon esprit était libre et le restera  » !

Le combat continue plus important que jamais ! Les jeunes élèves sont sortis grandi de cette échange riche en émotions et en découvertes.

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