« Une voix pour nos droits » : un concours inédit de prise de parole
Organisé pour la deuxième année consécutive, par Amnesty International et la Fédération d’éloquence belge (Felobel), le concours de prise de parole « Une voix pour nos droits » a permis, une nouvelle fois, à des jeunes de défendre publiquement leur vision des droits humains, tout en clamant, haut et fort, leur attachement à ces droits.
Offrir à des élèves du troisième degré du secondaire la possibilité de s’exprimer sur des enjeux liés aux droits humains, avec leurs mots, leur propre style, et sans se limiter à un style oratoire particulier : tel était l’objectif renouvelé de ce concours, ouvert à tous les établissements scolaires ayant un groupe-école Amnesty, en Wallonie et à Bruxelles.
Deux finalistes récompensé·e·s par le jury et le public
Lors de cette deuxième édition au cours de laquelle dix élèves de dix écoles différentes se sont affronté·e·s avec panache, profondeur et conviction, c’est Félix Pierson qui a remporté le Prix du jury (présidé par la directrice de la section belge francophone d’Amnesty International, Carine Thibaut, et composé de la ministre de l’Éducation Caroline Désir, de l’avocat et et ancien Président de la Ligue des droits humains, Alexis Deswaef, de la chercheuse et professeure de droit à l’UCL, Céline Romainville, de l’artiste et humoriste Inno JP, de la journaliste Lisa Guillaume et de Loïc Roosens, membre de Felobel), et c’est Nora Harrati qui a été récompensée par le Prix du public.
Qui sont Félix et Nora ?
Félix, 17 ans, est en 6e, option Sciences Sociales, au Collège Notre Dame de la Paix à Erpent. Passionné de littérature et de musique et membre actif du groupe Amnesty de son école, il se considère comme un « guerrier de la justice sociale » et aimerait suivre des études supérieures en droit international des droits humains.
Dans son parcours de vie, la question des droits humains a toujours été omniprésente. Fils d’une réfugiée qui a fui la guerre à l’Est de la République démocratique du Congo, il a aussi dû apprendre à exiger le respect par rapport à son identité et porter un message contre la violence et pour la protection des minorités.
Nora Harrati, quant à elle, a 16 ans. D’origine suédoise et algérienne, elle est en seconde au Lycée français de Bruxelles (l’équivalent de la 4e dans le système scolaire belge) où elle étudie principalement la géopolitique, la littérature, la philosophie, et les sciences économiques et sociales. Elle aime beaucoup l’écriture (encore plus quand elle peut la partager avec d’autres) et a eu l’occasion de participer à des Modélisations des Nations unies qui l’ont sensibilisée à question de la protection des droits humains.
Félix et Nora ont accepté de répondre à quelques-unes de nos questions concernant cette expérience qui les a marqué·e·s.
Qu’est-ce qui vous a motivé·e·s à participer au concours « Une voix pour nos droits » ?
Félix : Ce qui m’a motivé à participer au concours, c’est d’abord l’opportunité de mettre la lumière sur des enjeux toujours importants et qui me tiennent à coeur (la lutte anti-raciste, contre le sexisme, contre l’homophobie, et pour la justice sociale). Et ma conviction que toutes les générations devraient se sentir concernées et légitimes sur ces sujets. J’ai entendu trop de fois qu’on était trop jeunes pour s’exprimer correctement et que ces problématiques sont loin de nous, je suis là pour prouver que c’est faux !
Nora : C’est ma passion pour l’éloquence qui m’a motivée à participer à ce concours, ainsi que mon affection pour les textes engagés qu’appelle la question de la défense des droits humains. J’ai également été poussée par mon envie de progresser, de faire des rencontres et de participer à des projets importants comme celui-ci.
Qu’est-ce que cela vous a fait d’avoir remporté un Prix ?
Félix : J’étais très heureux. J’ai vraiment l’impression d’avoir accompli ma mission qui était de faire passer un message sur la responsabilité vis-à-vis des droits humains et sur la façon dont on peut tous et toutes être touché·e·s par ces questions. Je suis plein de reconnaissance, car nous avons montré que, même en tant que jeunes, on peut faire entendre notre voix.
Nora : Je suis très reconnaissante d’avoir remporté le Prix du public. Cela m’a surprise et émue. Je sais que c’est le début de quelque chose que j’ai envie de continuer !
Qu’est-ce que ce concours t’a appris Nora ?
Nora : J’ai appris qu’il ne faut pas voir le stress comme une barrière ; ce concours, c’est vraiment une manière de se confronter à soi-même, de sortir de sa zone de confort. Cela a été aussi l’occasion pour moi de faire de belles rencontres, de recevoir des conseils qui peuvent s’appliquer hors de l’éloquence ; c’est une expérience pour la vie !
Félix, peux-tu nous parler de ton engagement au sein du groupe Amnesty de ton école ?
Félix : J’ai rejoint le groupe d’action Amnesty de mon école lors de mon année de 4e secondaire. J’avais d’abord été attiré par l’action festive qui était organisée par le groupe pour la journée de lutte pour les droits des personnes LGBT. Dans une école aux valeurs assez traditionnelles, cette présence et cette revendication publique m’avait beaucoup inspiré. Mais ce qui m’a définitivement convaincu de m’engager c’est quand, lors du marathon des lettres « Écrire pour les droits », un élève de ma classe avait refusé d’écrire une lettre car selon lui l’action était futile. Je voulais prouver que c’était faux !
Est-ce que tu as le sentiment de pouvoir améliorer des situations, changer des vies grâce à vos actions ?
Félix : Effectivement, je suis particulièrement content de rappeler aux élèves qui remettent en cause l’efficacité de nos actions les noms de ceux dont la vie a été changée par les pétitions et les manifestations auxquelles nous prenons part. Je ne me serai pas lancé dans cette aventure si je ne croyais pas sincèrement que l’action collective est un outil imparable face à l’oppression et l’injustice.
Qu’est-ce que tu voudrais que le jury et le public retiennent de ton discours ?
Félix : Ironiquement, c’est une phrase que j’ai oublié de dire le jour J sous le coup du stress. Un responsable, c’est celui qu’on peut récompenser ou punir pour un acte, c’est le coupable ou le héros. Dès lors, lequel choisissons-nous d’être ? Parce qu’apprécier notre confort et nos droits en Belgique, mais observer de manière statique, voire contribuer à la souffrance ailleurs, ce n’est pas garantir les droits humains. Ce message, je l’adresse à tous les activistes à qui je souhaite de rester ferme dans la lutte, mais surtout à nos responsables politiques et au gouvernement à venir.
Est-ce qu’il y a un sujet qui te touche particulièrement parmi les sujets liés aux droits humains ?
Félix : Les sujets qui me tiennent particulièrement à cœur sont la lutte contre le racisme, le sexisme, l’homophobie et le combat pour la justice sociale. De plus, ces temps-ci, la communauté à laquelle j’appartiens fait face à une nouvelle vague de haine transphobe. Des discours haineux sont dits sans honte, la qualité de vie des personnes est impactée par des meurtres et des agressions se multiplient. Quand une très grande partie de la communauté trans à ce sentiment que l’avancée de nos droits et des mentalités est repartie des années en arrière, je trouve capital de me positionner en activiste pour les droits LGBT et donc de toutes les personnes trans.
Et toi, Nora, as-tu envie de t’engager à ton niveau pour des causes qui te tiennent à coeur ?
Nora : On ne pense jamais pouvoir agir à notre échelle, pourtant la responsabilité du respect des droits humains revient à chacun·e. En signant des pétitions et en m’engageant auprès de la Croix Rouge, j’espère faire une différence. Participer à des projets comme ceux organisés par Amnesty International est également essentiel pour s’engager à son niveau, mais aussi pour sensibiliser et encourager d’autres individus à s’engager à leur tour. J’espère donc pouvoir rejoindre le groupe Amnesty de mon école l’année prochaine.
Avez-vous des projets pour l’avenir ?
Félix : L’engagement politique et la lutte contre les injustices sont vraiment importants pour moi ; j’ambitionne donc d’étudier les droits humains et de travailler dans le milieu associatif ou politique pour continuer à faire valoir ces causes sur le terrain. Je vais, en septembre, entamer ma première année de droit à Oxford Brookes University, en Angleterre. Je suis particulièrement enthousiaste d’entamer ce nouveau chapitre qui concrétisera les convictions que j’ai toujours portées dans mon futur parcours professionnel.
Nora : Dès le plus jeune âge, j’ai voulu étudier le droit. C’est une de mes professeures qui m’a conseillée de m’orienter vers cette voie après avoir observé mon enthousiasme pour les ateliers débats qu’elle organisait. Je pense donc que plus tard, j’étudierai le droit.
Que diriez-vous à quelqu’un qui hésiterait à s’inscrire au concours d’éloquence l’année prochaine ?
Félix : Ce concours est une excellente expérience. Je conseille à l’ensemble des jeunes qui veulent participer à ce genre de concours de se lancer, sans hésiter, parce que l’exercice intellectuel de se demander pourquoi je pense de telle façon amène à grandir, à développer notre esprit critique et c’est un message pour la vie. Quelque part, nous devenons, par notre humanité, toutes et tous responsables de la garantie de celle des autres.
Nora : Je leur conseillerais de sortir de leur zone de confort car c’est, selon mon expérience, le meilleur moyen de s’améliorer. En se confrontant à son trac, il diminue progressivement et on gagne en confiance en soi. De plus, peu importe votre performance, vous pourrez être fier·e·s de vous !
Et si tu veux en savoir plus sur la prochaine édition du concours, envoie un mail à jeunes@amnesty.be