Interview de Charlotte Mende et Louise Etienne

Pour apprendre un peu mieux à les connaître, découvre l’interview de Charlotte Mende et Louise Etienne, les deux gagnantes du concours de prise de parole « Une voix pour nos droits ».

« Une voix pour nos droits » : un concours inédit de prise de parole

Pour la première fois, Amnesty International et l’organisation Publiq se sont associées, en 2023, pour offrir aux élèves du troisième degré du secondaire un concours de prise de parole sur les droits humains qui a culminé, fin avril, avec une finale des plus stimulantes.

Proposer à des jeunes de témoigner avec leurs mots de toute la puissance, de l’amplitude et du caractère fondamental des droits humains, par le biais de discours inspirants et engagés, sans se limiter à un style oratoire particulier : tel était l’objectif ambitieux de ce concours, ouvert à tous les établissements scolaires du secondaire disposant d’un groupe-école Amnesty en Wallonie et à Bruxelles.

Deux gagnantes récompensées par le jury et le public

Charlotte Mende s’est vue décerner le Prix du Jury (présidé par le directeur de la section belge francophone d’Amnesty International, Philippe Hensmans et composé du professeur émérite de droit international Éric David, des deux membres du groupe de musique Colt, de la journaliste Salima Belabbas et de la fondatrice des Ambassadeurs d’expression citoyenne, Monia Gandibleux), et Louise Etienne a remporté le Prix du Public.

Qui sont Charlotte et Louise ?

Charlotte, 18 ans, est en rhétorique au Lycée Martin V de Louvain-la-Neuve. Fervente défenseure des droits humains et particulièrement sensible à la question des droits des femmes et des enfants, elle se destine à poursuivre ses études dans le domaine juridique.

Louise Etienne, 17 ans, est en rhétorique à l’Institut d’enseignement des arts techniques sciences et artisanats (IATA) de Namur. Elle est passionnée par le théâtre et les voyages. Elle aime aussi lire et écrire. Sensible à la question des droits humains, elle est très impliquée dans le groupe Amnesty de son école. Dans son quotidien, elle s’engage pour la cause écologique, ce qui l’incite à revoir sa façon de vivre, de consommer, de voyager, pour avoir un impact positif à son échelle.

Les deux jeunes filles ont accepté de répondre à quelques-unes de nos questions.

Qu’est-ce qui vous a motivées à participer au concours « Une voix pour nos droits » ?

Charlotte : Ce qui m’a motivée à participer à ce concours est que j’ai toujours aimé apprendre de nouveaux sujets. J’aime écrire des textes pour défendre des causes qui me tiennent à cœur et en apprendre constamment plus sur ces sujets. Et comme plus tard, je voudrais faire du droit, je pense que travailler mon éloquence est un plus pour moi. De plus, alors que j’étais encore petite, j’ai été très vite sensible aux droits de chacun et chacune et j’ai toujours détesté l’inégalité.

Louise : J’ai participé à ce concours, car j’y ai vu l’opportunité de pouvoir m’exprimer et être entendue pour mes idées sur le monde ainsi que pour mettre des mots sur des choses sur lesquelles je me questionne depuis longtemps. C’était l’occasion pour moi de dire, d’exprimer et puis d’expérimenter aussi parce que c’était la première fois que j’expérimentais ce genre de situation, même si je fais du théâtre. Là je me suis retrouvée à devoir présenter quelque chose qui m’appartenait complètement et sur un sujet qui me tenait énormément à cœur.

Charlotte, qu’est-ce que cela t’a fait d’avoir remporté le Prix du Jury ? Que voudrais-tu que l’on retienne de ton discours ?

Charlotte : Avant tout, cela m’a fait beaucoup de bien, car j’ai travaillé longtemps sur ce texte et comme je ne connaissais pas les textes des autres finalistes, je me demandais sans cesse si le niveau était comme le mien, j’avais peur de ne pas être à la hauteur, c’était assez stressant. Et passer dernière, cela a aussi été difficile pour moi, car en entendant les prestations des autres finalistes, je me suis dit que je n’avais pas mis telle et telle chose qu’ils ont évoquées, mais finalement j’ai pu dire tout ce que je voulais dire, et je me suis dit que je n’avais pas travaillé trois semaines pour rien !

Je voudrais que le public retienne que ce que j’ai dit, ce n’est pas seulement des mots, mais aussi une histoire que j’ai vécue et qui m’a marquée. Au départ, je voulais écrire un texte sur des droits qui avaient été violés quelque part loin de moi, mais lors d’un stage d’observation que j’ai effectué, je me suis rendu compte que les droits humains étaient violés pas loin de chez moi, et cela a été une révélation. Je ne m’y attendais pas du tout. J’ai décidé de parler de la vie de ces personnes migrantes que j’ai rencontrées, car il m’a semblé, tout à coup, évident que je devais parler de leurs histoires.

Et toi Louise, qu’est-ce que cela t’a fait d’avoir remporté le Prix du Public ? Quel message principal souhaitais-tu faire passer au travers de ton discours ?

Louise : Recevoir le prix du Public ça m’a fait très très plaisir, je me suis dit que j’avais réussi à toucher les gens. Mes mots, ce que j’avais à dire, mes idées ont touché les gens, et c’est quelque chose qui me tient très très fort à cœur !

Le message que je voulais faire passer, c’était vraiment mettre en lumière les incohérences entre ce que l’Union européenne dit défendre et la réalité du terrain. Je pensais par exemple aux crises migratoires et aux pays européens qui se renvoient la responsabilité pour savoir qui va prendre en charge, qui va aider ses millions de personnes. Moi je trouve ça d’une hypocrisie et d’une cruauté incroyables parce qu’on parle d’êtres humains, et ça c’est quelque chose qui me révolte énormément.

Louise, peux-tu nous parler de ton engagement au sein du groupe Amnesty ?

Louise : Je suis dans le groupe Amnesty de mon école seulement depuis cette année. Nous avons mené plusieurs actions cette année, il y a eu la signature de pétitions, la vente de bougies et la participation à la journée Oxfamnesty. J’ai été surprise, notamment concernant les pétitions, de voir le nombre de personnes qui venaient les signer. Nous faisions cela sur notre temps de midi et notre stand de désemplissait pas.

Je trouvais ça très chouette et ça m’a fait fort chaud au cœur de voir que les gens de mon âge prenaient le temps de s’arrêter au stand pour s’intéresser, voir ce qu’il se passe dans le monde et signer les pétitions. C’est quelque chose dont je n’avais pas forcément conscience et qui me touche particulièrement. Si on m’avait posé la question avant, j’aurais dit spontanément que la plupart des gens s’en fiche et me rendre compte que ce n’est pas vrai, me fait plaisir, je me dis que le monde est plus beau que ce que l’on s’imagine.

Est-ce que tu as le sentiment de pouvoir améliorer des situations, changer des vies grâce à vos actions ?

Louise : Changer les choses je dirais que c’est un grand mot. Je n’ai pas l’impression que ça va radicalement changer le monde. Après, le fait que le groupe Amnesty existe à l’école, je vois cela comme quelque chose qui permet aux jeunes de voir ce que fait Amnesty, d’en entendre parler.

Par exemple, s’il n’y avait pas eu le groupe Amnesty dans mon école, j’aurais connu Amnesty International, mais pas plus que ça et ça ne serait pas rentré dans mon choix de vie future. Alors que maintenant, le fait d’avoir participé à ce concours d’éloquence, à ce groupe Amnesty de l’école, ça me donne d’autres perspectives et je me dis que dans ma vie future j’aimerais que ces droits humains, via l’association Amnesty International ou autre chose, entre dans mon métier, dans ma façon de vivre ou mes passe-temps. J’ai plus l’impression que le groupe Amnesty m’a ouvert une autre possibilité, une autre porte, et j’ai l’impression que ça peut être la même chose pour d’autres personnes.

Charlotte, est-ce qu’il y a un sujet qui te touche particulièrement parmi les sujets liés aux droits humains ?

Charlotte : Les droits des femmes et des enfants sont des sujets qui me tiennent particulièrement à coeur. Depuis longtemps, je me suis engagée à promouvoir l’égalité des sexes et à défendre les droits fondamentaux des femmes et des enfants. En tant que membre d’une société consciente, je crois fermement que chaque individu, indépendamment de son genre ou de son âge, mérite d’être traité avec dignité, respect et équité.

Les femmes ont longtemps été confrontées à des injustices et des discriminations systémiques, et il est essentiel de travailler ensemble pour créer un monde où leur voix est entendue, leurs choix sont respectés et leurs opportunités sont égales.

De même, les enfants sont les piliers de notre avenir et ils méritent une protection et des soins adéquats. Ils doivent être protégés contre toutes les formes de violence, d’exploitation et de négligence. Leur éducation, leur santé et leur bien-être sont des priorités essentielles pour garantir leur plein épanouissement.

Je suis passionnée par la sensibilisation, l’éducation et l’action en faveur des droits des femmes et des enfants. J’aspire à contribuer à la création d’une société juste et égalitaire, où les femmes et les enfants sont respectés, valorisés et protégés. Ensemble, nous pouvons faire une réelle différence et bâtir un avenir meilleur pour tous.

À ton niveau, comment voudrais-tu t’engager ?

Charlotte : Je pense qu’il faut s’engager dans des actions de bénévolat si on le peut pour défendre les droits humains et même si on n’a pas le temps, on doit au moins en parler autour de nous. Pour que ça marche et faire bouger les choses, on doit s’y mettre ensemble. C’est ce que j’essaye de faire à mon niveau.

Est-ce que le fait de participer à ce concours t’a donné envie de rejoindre un groupe Amnesty ?

Charlotte : Totalement !

Avez vous des projets pour l’avenir ?

Louise : L’année prochaine, j’aimerais partir pendant un an et voyager en axant mes projets sur la solidarité, l’écologie, sur des choses qui me tiennent à cœur. J’ai pas du tout envie de voyager en utilisant l’avion à outrance. Si je n’ai pas le choix, je le ferai, mais j’essayerai de compenser cela en mettant d’autres choses en place.

Autour de la solidarité je ne sais pas encore exactement quelle forme ça va prendre, mais j’aimerais beaucoup pouvoir apporter mon aide à des gens, à des associations, qui en ont besoin, pouvoir sortir un peu de ce que je connais et pouvoir apporter ma petite pierre à l’édifice.

Que diriez-vous à quelqu’un qui hésiterait à s’inscrire au concours d’éloquence l’année prochaine ?

Charlotte : Ce concours est votre tribune, votre opportunité de faire entendre vos voix uniques et puissantes. Ne sous-estimez jamais l’impact que vous pouvez avoir en partageant vos idées, vos rêves et vos préoccupations. Vous êtes les leaders de demain, et ce concours vous offre la chance de vous entraîner, de vous affirmer et de vous inspirer mutuellement.

N’ayez pas peur de vous exprimer avec passion et conviction. Vos paroles ont le pouvoir de sensibiliser, d’influencer et de mobiliser les autres autour des problématiques qui vous touchent. Que ce soit l’égalité des genres, la protection de l’environnement, l’injustice sociale ou tout autre sujet qui vous anime, votre voix compte et mérite d’être entendue.

Lancez-vous dans cette aventure avec confiance et persévérance. Préparez-vous, entraînez-vous, mais surtout, soyez authentiques. Votre voix est unique, et c’est elle qui fera la différence. Partagez vos histoires, vos expériences et vos idées avec passion, et inspirez les autres à agir.

Louise : Je dirais « fais-le », sincèrement, « fais-le » parce que ça apporte beaucoup. Alors oui ça fait peur, c’est difficile de se lancer, mais personnellement ça m’a apporté énormément de choses.

C’est une occasion qui se présente assez peu, de pouvoir s’exprimer sur ce genre de sujet, parce que globalement quand on est jeune, on ne nous laisse pas forcément la parole. On a tellement peu l’occasion de le faire que c’est essentiel de la saisir et quand je vois vraiment toute l’expérience et la confiance que ça m’a apporté par après, je me dis que ça ne peut qu’être bénéfique.

Pour en savoir plus sur la première édition du concours

Et si tu veux en savoir plus sur la prochaine édition du concours, envoie un mail à jeunes@amnesty.be

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