Ces 68 détenus ont bénéficié d’une libération conditionnelle à la faveur d’une grâce accordée par le président Zine el Abidine Ben Ali le 4 novembre pour marquer le 22e anniversaire de son accession au pouvoir, le 7 novembre 1987.
Il s’agit pour beaucoup de prisonniers d’opinion, détenus uniquement pour avoir exercé sans violence leurs droits à la liberté d’expression et de réunion.
Ceux qui violent les conditions fixées à leur remise en liberté risquent fort d’être de nouveau arrêtés et sommés de purger le restant de leur peine ou placés en résidence surveillée pendant cette même période.
Ont notamment été libérés les dirigeants syndicalistes Adnan Hajji, Bechir Laabidi, Adel Jayar et Tayeb Ben Othman, qui comptaient parmi les 38 personnes condamnées en appel, en février 2009, à des peines d’emprisonnement allant jusqu’à huit ans au terme de procès contraires aux règles d’équité les plus élémentaires.
Ils étaient accusés d’avoir pris la tête du mouvement qui a protesté à Gafsa au premier semestre 2008 contre le chômage, le coût élevé de la vie, le népotisme et les pratiques injustes de recrutement du principal employeur de la région, la Société de phosphate de Gafsa.
Ils étaient inculpés de « formation d’une bande criminelle dans l’intention de détruire des biens publics et privés » et de « rébellion armée et coups et blessures contre des représentants de l’État dans l’exercice de leurs fonctions ».
Tout en se félicitant de ces libérations, Amnesty International a exhorté les autorités tunisiennes à élargir l’application de la grâce présidentielle afin qu’elle englobe tous ceux qui sont inculpés en raison de leur participation pacifique au mouvement de protestation de Gafsa. Elles doivent aussi annuler la condamnation à six ans de prison prononcée contre Fahem Boukadous et lever les restrictions imposées aux détenus libérés.