Elle risquait jusqu’à 20 ans de prison pour avoir manifesté

C’est en octobre 2022 que la vie de Rita Karassartova a basculé. Elle dirigeait alors un institut d’analyse dans son pays, le Kirghizistan, et était membre du Mouvement démocratique uni du
Kirghizistan, qui lutte contre la pauvreté et l’injustice.

Ce mois-là, Rita a été arrêtée après s’être exprimée publiquement et pacifiquement, aux côtés d’autres personnes, pour protester contre un projet de son gouvernement qui consistait à donner l’eau de son pays à un autre pays voisin, l’Ouzbékistan, via l’exploitation d’un réservoir d’eau situé à Kempir-Abad. Comme elle craignait que sa communauté n’ait plus assez d’eau à boire, elle a, avec d’autres, appelé la population à manifester.

Ses protestations n’ont pas plu au gouvernement et elle a été arrêtée avec plus de 20 autres personnes. Elle a passé plusieurs mois en prison sans pouvoir voir ou parler avec sa famille. Elle a finalement été libérée mais a été assignée à résidence dans l’attente de son procès.

Accusée de « tentative de renverser le gouvernement avec violence » alors qu’elle n’avait fait que protester pacifiquement contre un projet qui lui semblait injuste, elle risquait jusqu’à 20 ans de prison.

Aujourd’hui, Rita est acquittée !

Rita Karassartova faisait partie des personnes pour lesquelles des centaines de milliers de personnes à travers le monde, y compris en Belgique, se sont mobilisées, dans le cadre du marathon des lettres « Écrire pour les droits », en écrivant des lettres à son gouvernement pour demander qu’elle soit acquittée.

... Et c’est arrivé ! À l’issue d’un procès qui s’est déroulé en juin 2024 et qui concernait plus de 20 personnes (dont Rita) ayant critiqué l’accord entre le Kirghizistan et l’Ouzbékistan sur l’exploitation du réservoir d’eau de Kempir-Abad, les juges ont estimé que les personnes accusées étaient innocentes. Plus de 22 personnes, dont Rita, ont été acquittées.

Cette décision est une grande victoire pour la justice et les droits humains car les accusations portées contre elles étaient motivées uniquement par des considérations politiques. Leur place n’était pas en prison.

Peu après l’annonce du verdict, Rita a déclaré heureuse : « Nous ne nous y attendions pas du tout. Surpris, nous nous sommes mis à pleurer. »

Espérons à présent que cette décision créera un précédent en faveur de la libération de toutes les personnes faisant actuellement l’objet de poursuites à caractère politique au Kirghizistan.