En tant qu’étudiant, vous n’êtes très certainement pas toujours d’accord avec les décisions prises par les dirigeants de votre pays. Que faites vous souvent dans ce cas-là ? Banderoles à la main et slogans de contestation, vous manifestez votre mécontentement dans les rues. Malheureusement cette liberté d’expression n’est pas toujours admise partout et ceux qui osent prendre la parole en public dans certains pays comme l’Iran, se font souvent taper sur les doigts.
Si tu n’es pas d’accord, alors tais-toi !
Ce qu’on vient de dire plus haut peut être transposé au cas d’un étudiant iranien de 28 ans en sciences politiques, Payam Jahangiry . Mais qu’a-t-il pu bien faire ou dire pour être mis en détention dans le centre d’Artesh Sevvom pendant six semaines consécutives dans la ville de Chiraz ? Pourquoi n’a-t-il pas été inculpé ? Pourquoi n’a-t-il eu pas droit à un avocat ?
Il a tout simplement exposé ouvertement son opposition face à la manière dont le gouvernement dirige le pays lors d’une manifestation estudiantine lors de la journée nationale des étudiants. Cette manifestation qui n’était pas la seule ce jour là, s’est tenue le 7 décembre dernier dans tout le pays et a rassemblé un nombre impressionnant d’étudiants qui avaient décidé de se serrer les coudes afin de faire bouger les choses.
Photo : ville de Chiraz. Source : Wikipédia, l’encyclopédie libre
Retour sur la manifestation
Si on entame une manifestation, c’est souvent avec une bonne raison
Les manifestations qui ont eu lieu un peu partout dans le pays avaient avant tout une signification symbolique. En effet, elles ont été organisées en hommage de l’anniversaire de la mort de trois étudiantstués par des forces de sécurité le 7 décembre 1953 à l’occasion d’une manifestation également.
Quand le gouvernement changera, la société iranienne évoluera
L’autre justification de cette révolte étudiante est bien évidemment celle de l’élection frauduleuse de l’actuel président, Mahmoud Ahmadinejad .
En plus de s’être emparé du pouvoir de manière totalement injuste et non équitable, il a fallu en plus que Mahmoud Ahmadinejad soit un président très conservateur qui rejette toute forme de nouveauté et de modernité.
Payam Jahangiry, un cas qui n’est pas isolé
Une dizaine d’étudiants et d’autres personnes ont été arrêtés avant, pendant et après les manifestations. Cela prouve encore une fois que le gouvernement iranien est très répressif et n’autorise pas le peuple à exprimer ses volontés et ses désirs. Il est donc difficile pour la population de vivre dans un tel climat de restriction des libertés individuelles.
En quoi Payam Jahangiry pouvait-il être une menace ?
Si cet étudiant a été mis à mal pour avoir osé crier tout haut ce que beaucoup pense tout bas, ce n’est pas sans raison. En effet, Payam Jahangiry était un membre sympathisant du mouvement d’opposition iranien « Mouvement Vert » . Celui-ci est apparu peu après les élections présidentielles très controversées de juin 2009.
Cet étudiant participe aussi activement à la maintenance d’un site Internet culturel « Rooznamak » . Il faut savoir qu’en Iran, à part l’art religieux en tant que tel, toute autre forme artistique et culturelle n’est pas autorisée, d’où le danger que peut constituer l’existence d’un tel site.
Toujours pas unique en son genre
Majid Tavakkoli , un étudiant très actif au sein du « Mouvement Vert » a lui aussi été arrêté injustement aux alentours de la journée nationale des étudiants. Il a écopé de 20 ans et 6 mois d’emprisonnement par un tribunal révolutionnaire pour avoir tenu un discours devant une assemblée d’étudiants au sujet du mauvais fonctionnement du gouvernement.
Comment s’est déroulé son arrestation non justifiée ?
Le jour de son anniversaire, Payam Jahangiry a eu droit à une petite surprise à son domicile mais c’était loin d’être le cadeau qu’il attendait à cette occasion. Imaginez-vous tranquillement en train de fêter votre anniversaire en famille et avec des amis et qu’on vienne subitement vous interrompre en plein milieu des festivités. Jusque-là, rien de vraiment embêtant, surtout quand on vous dit que ce sont les ouvriers de votre fournisseur d’électricité qui viennent contrôler l’alimentation électrique de votre appartement. On aurait même tendance à dire, chouette, les fusibles ne risquent pas de sauter même avec la sono qui fait trembler les murs.
Vous ouvrez la porte et là, on vous pousse, on rentre chez vous sans votre autorisation et on fouille tout votre domicile. Vous ne réalisez pas bien ce qui se passe jusqu’à ce que les personnes devant vous finissent par vous dire qu’ils appartiennent aux forces de sécurité du gouvernement. Vous n’avez alors pas vraiment le choix face à eux et vous les laissez vous confisquer certains de vos effets personnels, des documents, votre ordinateur et plusieurs photographies. Bref, vous vous rendez compte que vous vous êtes bien fait avoir…
La liberté d’expression quand on la veut, on ne la pas forcément
Quand Amnesty International a appris la situation de Payam Jahangiry qui constitue une infraction grave à la liberté d’expression et donc aux droits humains, il n’a pas fallu attendre longtemps pour que nous réagissions. Cela dit, comme on a tendance à le rappeler dans toutes les actions que nous lançons et que nous menons, seul, on ne peut pas faire grand chose.
C’est ainsi que nous avons une fois de plus fait appel à l’ensemble de nos personnes ressources, à nos nombreux contacts et à la population en général pour nous aider à faire pression sur le gouvernement islamiste totalitaire du président Mahmoud Ahmadinejad. Cela s’est fait entre autres grâce à de nombreux envois de lettres, pétitions, SMS, mails et autres qui ont inondé le siège central du gouvernement qui a fini par en avoir plus qu’assez d’être bombardé de courriers par la communauté internationale.