L’histoire d’Ali al-Nimr
Ali al-Nimr a été condamné à mort le 27 mai 2014 par le Tribunal pénal spécial, chargé des affaires liées à la sûreté et au terrorisme en Arabie saoudite. Cette sentence avait été prononcée à l’issue d’un procès inéquitable et fondée sur des « aveux » qui, selon Ali al-Nimr, lui ont été arrachés sous la torture. La chambre d’appel du Tribunal pénal spécial et la Cour suprême ont confirmé sa sentence au cours de l’année, sans que lui-même ni son avocat n’en soient tenus informés. Il ne manquait que la signature du roi d’Arabie saoudite pour qu’il soit exécuté.
En Arabie saoudite, les personnes accusées peuvent faire appel des décisions des tribunaux de première instance, uniquement par écrit et sous 30 jours. Cependant, Ali al Nimr a été privé du droit fondamental de s’entretenir avec son avocat afin de répondre des accusations initialement portées contre lui, puis du droit de faire appel de sa condamnation à mort par le juge de première instance du Tribunal pénal spécial.
Le Tribunal pénal spécial de Djedda l’a condamné après l’avoir déclaré coupable de 12 infractions, notamment de participation à des manifestations contre le gouvernement, d’attaque à l’encontre des forces de sécurité, de possession d’une mitrailleuse et de vol à main armée.
Ali al-Nimr a été arrêté le 14 février 2012, alors qu’il avait 17 ans. Les forces de sécurité n’ont pas présenté de mandat lors de son interpellation. Il a été conduit à la prison de la Direction générale des enquêtes à Dammam, dans la province de l’Est, où il affirme avoir été torturé en vue de lui extorquer des « aveux » et dupé en étant amené à signer des déclarations écrites qu’il n’a pas pu lire et dont on lui a fait croire qu’il s’agissait de son ordre de remise en liberté. Il n’a pas été autorisé à voir son avocat ni sa famille. Il a été transféré dans un centre de réinsertion pour mineurs, à Dar al Mulahaza, puis ramené à la prison de la Direction générale des enquêtes après son 18e anniversaire. Les autorités l’ont donc reconnu et traité comme un mineur délinquant lorsqu’elles l’ont placé en détention.
Ali al-Nimr compte parmi au moins sept activistes chiites saoudiens condamnés à mort en 2014 à la suite des manifestations organisées dans la province de l’Est depuis 2011. D’après les activistes, deux d’entre eux sont également des mineurs délinquants. Au moins 20 personnes soupçonnées d’avoir pris part à ces manifestations ont été tuées par les forces de sécurité depuis 2011 et des centaines ont été emprisonnées, notamment d’éminents dignitaires chiites saoudiens.
2020, annulation de la peine de mort
Le 27 août 2020, le parquet de la Commission saoudienne des droits humains a exigé le réexamen de la condamnation à mort de trois jeunes hommes qui étaient des mineurs au moment de leur arrestation, et qui risquaient d’être exécutés de façon imminente : Ali al-Nimr, Abdullah al Zaher et Dawood al Marhoun. Ils étaient trois jeunes militants chiites, ont tous été arrêtés en 2012 et inculpés d’infractions liées à leur participation à des manifestations antigouvernementales dans la province de l’Est. En 2020, la peine de mort a été abandonnée dans le pays pour certains crimes commis par des mineurs au moment des faits. La peine d’Ali al-Nimr a donc été transformée en une peine de dix ans de prison.
Selon les informations obtenues par Amnesty International, les familles des détenus ont eu connaissance du réexamen de la condamnation à mort de leur proche par les médias : elles n’en ont pas été officiellement informées par les autorités.
Relâché en octobre 2021
Après 10 ans passés en prison, Ali al-Nimr a été libéré fin octobre 2021. Il a pu retrouver sa famille.
Vous étiez des milliers de personnes en Belgique à vous mobiliser pour lui et à signer une pétition pour obtenir sa libération. Un grand merci !