Des milliers d’anciens enfants soldats ayant combattu dans les rangs maoïstes (parti communiste) lors de la guerre civile, au Népal, ont commencé, jeudi 7 janvier 2010, à quitter les camps supervisés par les Nations Unies où ils passèrent trois années, un premier pas vers le timide processus de paix.
Petit rappel
Cela faisait plus de neuf ans qu’un conflit opposait les forces de sécurité gouvernementales aux combattants du Parti communiste népalais (PCN) maoïste, avec des conséquences dévastatrices pour toute la société népalaise, surtout les enfants. Les droits les plus fondamentaux des enfants sont bafoués très régulièrement, et le phénomène est particulièrement marqué dans les écoles du pays.
Des combattants maoïstes ont enlevé plusieurs dizaines de milliers d’enfants à l’école, afin de les soumettre à des séances d’« éducation politique ». De plus en plus d’éléments indiquent que certains de ces enfants ont en fait été recrutés pour des activités armées.
• Beaucoup d’enfants en âge d’aller à l’école sont retenus à la maison pour éviter tout risque d’enlèvement. Dans certaines zones, les enfants vont en classe moins de 100 jours par an.
• Des centaines d’écoles ont été fermées ou détruites, ou reconverties en casernes. Certains établissements, notamment les écoles privées, ont été attaqués délibérément par les maoïstes.
• Des enseignants sont torturés et tués, soit parce qu’ils ne se plient pas aux exigences des uns, soit parce qu’ils sont soupçonnés d’aider les autres. Beaucoup sont contraints de prélever une partie de leur salaire pour faire des « dons » et soutenir les activités maoïstes.
Les deux parties au conflit ont commis de graves atteintes aux droits humains contre les enfants. Lors de précédents appels, Amnesty International a exhorté le gouvernement népalais à respecter les droits des enfants ; cette fois, l’organisation s’adresse spécifiquement aux maoïstes.
Aujourd’hui, la plupart sont désormais adultes mais certains d’entre eux n’avaient que 13 ans lorsqu’ils rejoignirent les rebelles et leur éducation est aujourd’hui sommaire. « Mes mains ont seulement été entraînées au maniement des armes », confie Bhawana Chaudhary, une jeune femme de 23 ans qui rejoignit les guérilleros à 17 ans et dit craindre le retour à la vie normale après les années dans le camp de Sindhuli, au centre du Népal, un petit pays situé entre l’Inde et la Chine.
Selon des associations des droits de l’homme, les anciens rebelles recrutaient de force les enfants soldats, exigeant parfois un enfant par maison dans les régions sous leur contrôle. Certains s’enrôlaient cependant de leur plein gré.
Un accord de paix signé en novembre 2006 mit fin à dix années de guerre civile qui opposa des rebelles maoïstes voulant renverser la monarchie aux forces de sécurité et qui fit au moins 12.500 morts.
Plus de 200 jeunes filles et garçons ont troqué jeudi leur uniforme bleu de l’Armée de libération du peuple (PLA) pour des habits civils et se sont mis en route vers leurs villages après une cérémonie officielle dans le camp.
Ce sont les premiers anciens combattants sur les 24.000 ex guérilleros vivant dans des camps à être libérés.
Les ex-enfants soldats pourront recevoir des formations pour devenir coiffeur, réparateur de vélos ou peintre en bâtiment.
En décembre 2007, la mission des Nations unies au Népal (Unmin) avait découvert au cours de vérifications que 2.973 personnes parquées dans les camps étaient mineures et que 1.035 autres n’étaient pas de vrais combattants.
Leur libération rapide avait été décidée mais son entrée en vigueur avait été retardée en raison de désaccords entre le parti maoïste, aujourd’hui dans l’opposition, et ses rivaux politiques.
Au cours du mois de janvier, ces 4.008 personnes quitteront définitivement les camps après avoir reçu un habillement civil, des papiers d’identité et 135 dollars pour rentrer chez eux.
Le porte-parole du PLA, Chandra Prasad Khanal, a jugé « triste » de voir partir les anciens membres de l’armée rebelle, tout en estimant que c’est « un message au monde pour montrer notre implication » dans le processus de paix.
Cette libération suscitait aussi des réactions mitigées au sein des anciens enfants soldats. « Je ne veux pas être formée à un autre métier. Je veux être soldat, c’est ce que je sais faire », affirmait Bhawana Chaudhary.
Tulasa Poudel, 24 ans, qui a rejoint les maoïstes à 14 ans, se dit fière d’avoir combattu à leurs côtés. « Je n’aimais pas la façon dont les femmes étaient traitées dans ma communauté. J’ai rejoint le PLA pour changer ça parce que je trouvais que les maoïstes pratiquaient l’égalité ».
Quelques infos
CHEF DE L’ÉTAT : Girija Prasad Koirala, président par intérim, remplacé par Ram Baran Yadav le 23 juillet
CHEF DU GOUVERNEMENT : Girija Prasad Koirala, remplacé par Pushpa Kamal Dahal le 18 août
PEINE DE MORT : abolie
POPULATION : 28,8 millions
ESPÉRANCE DE VIE : 62,6 ans
MORTALITÉ DES MOINS DE CINQ ANS (M/F) : 68 / 72 ‰
TAUX D’ALPHABÉTISATION DES ADULTES : 48,6 %