Fomusoh Ivo Feh et ses amis sont libres !

Fomusoh Ivo Feh Boko Haram

Les trois étudiants camerounais, condamnés en 2016 à 10 ans d’emprisonnement pour avoir partagé un SMS sarcastique faisant référence à Boko Haram, ont été libérés.

Une bonne nouvelle !

« La libération de Fomusoh Ivo Feh, Afuh Nivelle Nfor et Azah Levis Gob, qui ont été punis, contre toute logique, simplement pour avoir partagé une blague sur leur téléphone portable est un grand soulagement. Savoir qu’ils ont été libérés et qu’ils ont enfin pu retrouver leur famille après sept longues années derrière les barreaux nous remplit de joie, a déclaré Samira Daoud, directrice pour l’Afrique de l’ouest et l’Afrique centrale à Amnesty International.

Ces trois étudiants, qui n’ont fait qu’exercer pacifiquement leur droit à la liberté d’expression, n’auraient jamais dû être arrêtés. Ils se sont retrouvés en prison en raison d’une simple blague sur Internet. C’est grâce à une forte mobilisation, lancée par Amnesty International, pour exiger leur libération, qu’ils ont finalement été libérés.

Les autorités camerounaises doivent protéger les droits humains et veiller à ce que toute personne puisse s’exprimer librement sans craindre de représailles.

Si tu veux en savoir plus sur la répression menée contre les personnes qui s’opposent au gouvernement au Cameroun, clique-ici.

Le contexte

À la fin de l’été 2014, Fomusoh Ivo Feh, alors âgé de 25 ans, reçoit d’un ami ce texto : « Boko Haram recrute des jeunes à partir de 14 ans. Conditions de recrutement : quatre matières au GCE, y compris la religion ». Traduction de cette petite plaisanterie : il faut être bon élève et réussir ses examens pour trouvé un travail, même auprès d’un groupe terroriste. Ivo a la mauvaise idée d’envoyer le texto à un ami, Azah Levis Gob, qui l’envoie à Afuh Nivelle Nfor, un autre lycéen. Un enseignant en prend connaissance, confisque le portable et alerte la police. La blague se transforme de manière inconsidérée en affaire d’État.

Fomusoh Ivo Feh et ses deux amis sont arrêtés entre septembre et décembre 2014, incarcérés et accusés d’avoir tenté d’organiser « une rébellion contre l’État ».

En novembre 2016, le tribunal militaire de Yaoundé (capitale du Cameroun), condamne Ivo et ses deux amis, à 10 ans de prison pour « non-dénonciation d’informations liées au terrorisme ». Une juridiction militaire confirme la condamnation des trois jeunes en appel en mars 2018.

La seule erreur de Fomusoh Ivo Feh et de ses amis a sans nul doute été d’avoir grandement sous-estimé le niveau de tension régnant dans le pays, en particulier dans l’Extrême-Nord.

Début janvier 2022, Fomusoh Ivo Feh, Afuh Nivelle Nfor et Azah Levis Gob ont finalement quitté la prison de Yaoundé.

Leur libération fait suite à la décision de la Cour suprême prise le 16 décembre 2021, de réduire leur peine de 10 à cinq ans de prison. Étant donné qu’ils avaient déjà passé sept ans en prison, ils ont pu être libérés quelques semaines après cette décision.

D’après leur avocate, l’arrêt de la Cour suprême porte sur la peine, alors que la décision portant sur leur culpabilité a été maintenue. Leur innocence n’a donc pas été reconnue, mais ils ont bénéficié d’une réduction de peine.

Quelques explications pour t’aider à comprendre la situation au Cameroun

Boko Haram est un groupe armé terroriste, originaire du Nigeria et présent au Cameroun, au Niger, au Tchad et au Mali. La dérive meurtrière de ce groupe a déstabilisé la région de Maroua (ville au Cameroun) et les zones riveraines du Nigeria, au point que des troupes tchadiennes ont un temps été appelées en renfort.

Le savais-tu ? Le Cameroun, le Nigéria et et le Tchad sont tous trois des pays frontaliers.

Boko Haram s’est livré à des enlèvements, attentats-suicides et attaques de villages camerounais. Ainsi, plusieurs centaines de personnes civiles ont été massacrées, le 4 février 2015, dans la localité de Fotokol (commune du Cameroun à la frontière avec le Nigéria). À la suite des abus du groupe armé, plus de 170 000 ruraux camerounais, des femmes et des enfants surtout, ont fui leur foyer et sont déplacés dans tout l’Extrême-Nord.

En réponse, dans le but de protéger sa population des violences de Boko Haram, les autorités camerounaises ont multiplié les arrestations. Les dénonciations calomnieuses n’ont pas manqué.

Entre juin 2015 et juillet 2016, plus de 100 personnes ont été condamnées à mort sur la base de « preuves  » invérifiables.

En juillet 2016, Amnesty International a dénoncé le véritable climat de terreur créé par les autorités du pays. En effet, comme l’a souligné Alioune Tine, directeur du bureau régional d’Amnesty International pour l’Afrique centrale et de l’Ouest : le Cameroun vise le bon objectif, à savoir mettre fin aux violence du groupe armé, mais il ne s’y prend pas de la bonne manière en arrêtant des personnes sans preuves et en les torturant.

On se bat ensemble, on gagne ensemble !

Durant plusieurs années, Amnesty International a fait campagne pour réclamer la libération de Fomusoh Ivo Feh et ses deux amis. Plus de 310 000 personnes dans le monde, dont l’ancien footballeur camerounais Patrick Mboma, avaient écrit au Président Paul Biya lors du marathon des lettres Écrire pour les droits de 2016.

Cette mobilisation a eu un impact. Un grand merci pour votre soutien !

Écrire pour les droits, ça marche ! Retrouve ici les personnes défendues cette année.

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